Violette Spillebout, députée de la 9e circonscription du Nord, et Vice-présidente du cercle d’amitié France-Pologne à l’Assemblée nationale, s’est rendue en Pologne pour s’entretenir sur les relations bilatérales entre la France et la Pologne, avec notamment M. Etienne de Poncins, ambassadeur de France, Joanna Jaroch-Pszeniczna, directrice de la CCIFP et assister au Gala French Touch dont c’était la 10e édition. Au cours de cette interview, la députée fait le point sur ces échanges, revient sur l’importance de la communauté polonaise dans les Hauts-de-France, et l’attractivité économique de la région pour les entreprises polonaises.
Lepetitjournal.com : Vous êtes Vice-présidente du cercle d’amitié France-Pologne à l’Assemblée nationale, pouvez-vous expliquer à nos lecteurs en quoi consiste ce groupe ? Quelles sont ses missions ?
Violette Spillebout : Les groupes d'amitié à l'Assemblée nationale ont pour mission de renforcer les relations entre la France et d'autres pays en promouvant des échanges diplomatiques, culturels, économiques et parlementaires. En plus des rencontres officielles, les groupes d’amitié permettent souvent des discussions informelles et des visites bilatérales, renforçant ainsi les liens d’amitié entre les peuples.
Lors de votre récent séjour en Pologne, vous vous êtes rendue au Parlement pour une visite de la Diète, où vous avez pu évoquer les relations parlementaires entre la France et la Pologne. Qu’est-il des relations avec vos homologues polonais, qu’est-il ressorti de cet échange ?
Honnêtement, le groupe d’amitié France-Pologne a été assez peu actif depuis 2022, alors que nos deux pays partagent pourtant de nombreux liens forts. La récente visite à la Diète m’a particulièrement marquée, car les processus législatifs présentent finalement beaucoup de similarités d’un pays à l’autre.
Légende : Michał Deskur - Sekretarz Stanu - Zastępca Szefa Kancelarii Sejmu (Secrétaire général adjoint de la chancellerie du Sejm), Violette Spillebout - députée de la 9e circonscription du Nord et Sophie Briante Guillemont - sénatrice des Français établis hors de France, Beata Jansen.
Avec mon collègue Frédéric Petit, député des Français de l’étranger, notre objectif est de raviver les échanges entre les députés français et polonais et de planifier des rencontres régulières dans les mois à venir. Frédéric, très investi en Pologne, entretient déjà des liens solides avec les députés polonais, membres du groupe d’amitié Pologne-France de la Diète.
Vous êtes députée de la 9e circonscription du Nord qui a accueilli de nombreux Polonais depuis plus de 100 ans, fuyant un pays qu’on a voulu de nombreuses fois rayer de la carte ; que pouvez-vous nous dire sur cette communauté et ses descendants ? Au-delà du cercle d’amitié France-Pologne, avez-vous un lien particulier avec ce pays ?
La communauté polonaise reste très présente dans le Nord et dans toute la région des Hauts-de-France. De nombreux noms de famille d'origine polonaise témoignent encore aujourd’hui de cet héritage. Pourtant, malgré ces racines profondes, la langue polonaise est peu parlée dans la région.
À Lille, je souhaite donc offrir aux habitants la possibilité d’apprendre le polonais et de renouer avec cette culture riche, en proposant des cours de langue adaptés.
Apprendre le polonais pour communiquer, faire des affaires,comprendre la géopolitique
À titre personnel, je ressens un lien profond avec la Pologne, un pays que je fréquente depuis plus de 20 ans et dont j’ai suivi les transformations avec beaucoup d’émotion. Chaque retour en Pologne, que ce soit avec ma famille ou mes amis, est toujours un moment touchant, car ce pays fait partie de mon histoire personnelle. Je vois la Pologne se développer, innover et rayonner, c’est une transformation très positive !
Le nord de la France est-il un pôle d’attractivité pour les entreprises polonaises souhaitant s’ouvrir au marché français ? Dans quels domaines en particulier ?
Oui, le Nord de la France est attractif pour les entreprises polonaises souhaitant s’implanter en France, en raison de sa proximité géographique avec la Belgique et les Pays-Bas, de ses infrastructures de transport développées (ports, aéroports, accès ferroviaires), et de son réseau industriel dynamique. Les secteurs les plus porteurs pour ces entreprises incluent : l’industrie manufacturière et automobile, l’agroalimentaire, la logistique et le transport, les énergies renouvelables ainsi que les nouvelles technologies et services numériques.
De plus en plus d’entreprises polonaises s’installent dans le Nord de la France. C’était d’ailleurs l’un de nos thèmes d’échanges avec l’ambassadeur de Pologne en France à l’occasion d’un petit-déjeuner il y a quelques mois à Paris, autour duquel nous avions réuni de nombreuses entreprises.
Est-ce l’un des thèmes que vous avez abordés lors de votre rencontre avec Joanna Jaroch-Pszeniczna, directrice de la Chambre de Commerce et d’Industrie France-Pologne, Alexandre Saussard, Bertrand Jannet, ainsi que François Colombié lors de votre visite à Varsovie, les 3 et 4 octobre dernier ?
Bien sûr. Venir à la CCI franco-polonaise, c'est avant tout l'occasion d'évoquer la dynamique des relations économiques entre la France et la Pologne.
Nous constatons que les entreprises polonaises sont de plus en plus nombreuses à choisir la France pour se développer, mais notre objectif est de renforcer encore cette attractivité et d’encourager davantage d’investissements. La France est un marché prometteur pour les entreprises polonaises, et nous nous mobilisons pour faciliter leur implantation et leur croissance sur notre territoire.
Lors de notre rencontre, nous avons également mis en avant le succès des entreprises françaises en Pologne, qui montre à quel point le regard des entrepreneurs a évolué au fil des années.
La Pologne s’impose désormais comme un véritable eldorado au cœur de l’Europe, offrant de nombreuses opportunités pour les entreprises françaises qui y trouvent un environnement stable et porteur d’avenir.
Vous vous êtes également entretenue avec M. Etienne de Poncins, ambassadeur de France en Pologne sur le futur traité de coopération France-Pologne, les relations économiques et éducatives, sans oublier le droit des femmes. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces différentes thématiques, chacune au cœur de l’actualité ?
Mon échange avec M. Etienne de Poncins, ambassadeur de France en Pologne, a été l’occasion d’aborder des sujets essentiels pour nos deux pays, particulièrement dans le cadre du futur traité de coopération bilatéral France-Pologne. Ce traité donnera, j’en suis sûre, un nouvel élan à nos relations, en offrant une structure plus solide aux échanges bilatéraux et à nos actions communes.
Légende : Beata Jansen, Violette Spillebout - députée de la 9e circonscription du Nord, M. Etienne de Poncins - Ambassadeur de France en Pologne, Sophie Briante Guillemont - sénatrice des Français établis hors de France et Marc Boudin - French Touch Polska.
Sur le plan économique, nous avons discuté des opportunités pour renforcer les partenariats, notamment dans les secteurs industriels et technologiques. La Pologne est en pleine expansion, et nos entreprises françaises y trouvent des perspectives très intéressantes.
Parallèlement, encourager les entreprises polonaises à s’implanter en France demeure une priorité, en particulier dans le nord du pays, qui représente une porte d’entrée stratégique pour l’Europe.
En matière éducative, nous partageons l’objectif de favoriser les échanges entre étudiants et chercheurs, ainsi que d’encourager l’apprentissage du français en Pologne et du polonais en France. Ces initiatives rapprochent nos deux cultures et préparent les jeunes générations aux défis internationaux.
Enfin, le sujet des droits des femmes, qui me tient particulièrement à cœur, est absolument essentiel dans nos échanges. En tant que députée française, je souhaite aborder ces questions de manière constructive avec les parlementaires polonais. Les enjeux liés aux droits des femmes, qu’il s’agisse d’égalité professionnelle, d’accès à la santé ou de protections juridiques, méritent un dialogue ouvert et des actions concrètes.
Travail : les Polonaises plus diplômées que les Polonais mais plus discriminées
Vous avez également assisté au Gala French Touch, qui a réuni le 3 octobre, sur la scène du Teatr Wielki, entre autres, Carla Bruni et Florent Pagny. Lors de la conférence de presse, Eric Salvat avait décrit la French Touch, qui vient juste de fêter ses dix ans, comme un nouveau business model : celui du soft power. Comment avez-vous vécu cet événement ? Quel regard portez-vous sur ces succès français à l’étranger ?
Assister au Gala French Touch a été une expérience exceptionnelle, où la culture et le talent français ont réellement brillé sur la scène du Teatr Wielki. Voir des artistes comme Carla Bruni, Florent Pagny ou Jain être acclamés et si connus dans un pays où le français n’est pas la langue principale est très émouvant.
La French Touch, en créant un pont culturel entre la France et la Pologne, va bien au-delà du divertissement. À travers ce soft power, la France est capable de partager non seulement son savoir-faire, mais aussi ses valeurs et sa créativité, renforçant ainsi son rayonnement international.
Cette approche, qui marie culture et économie, est une réussite, et je suis particulièrement fière de voir cette image positive de la France rayonner ici, en Pologne, grâce à Eric Salvat et à toute l’équipe de la French Touch.
Pour suivre l'actualité la députée de la 9e circonscription du Nord, et Vice-présidente du cercle d’amitié France-Pologne à l’Assemblée nationale
Violette Spillebout (@VSpillebout) / X
Violette Spillebout, Députée du Nord