La Pologne commémore ce lundi 27 janvier 2025, les 80 ans de la découverte par les soldats soviétiques de la soixantième armée, les camps d’extermination allemands d’Auschwitz-Birkenau. 7.500 déportés trop faibles pour marcher et laissés sur place quelques jours auparavant par les Allemands, y ont survécu jusqu'à l’arrivée des soldats de l’Armée rouge. Derrière les fils de fer barbelés, les soldats vont découvrir une véritable usine de mise à mort, où plus d'un million de déportés ont été victimes de la "solution finale" entre 1942 et 1945. Retour sur l’histoire de ces camps d’Auschwitz, nom germanisé de la ville polonaise d’Oświęcim, et sur les particularités de cette 80e cérémonie du souvenir en raison du contexte international tendu, entre l’attaque de l’Ukraine par la Russie en 2022 et le mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale contre l’Israélien Benyamin Nétanyahou.
Il y a 80 ans, l'évacuation et la liquidation du camp
À partir d'août 1944, l'Armée rouge est à 200 km d'Auschwitz. Les autorités nazies envisagent alors la liquidation du camp en cas de nouvelles victoires soviétiques, ainsi que cela avait déjà été fait pour les autres centres d'extermination situés plus à l'Est. À partir de la seconde moitié de 1944, les autorités SS entreprennent de détruire les traces des crimes commis. Ils prennent soin d'assassiner la plupart des témoins oculaires du génocide et particulièrement les Juifs sélectionnés pour travaillés dans les fours crématoires. Ils font nettoyer et recouvrir de terre par des déportés les fosses contenant des cendres de victimes. Ils brûlent les listes des Juifs exterminés et une partie des dossiers et de la documentation.
J’ai visité Auschwitz-Birkenau et je n'en suis pas ressorti indemne
Après l'été 1944, le camp se dépeuple progressivement. Les détenus évacués sont d'abord affectés à des travaux dans des usines d'armement du Reich (principalement des Polonais et Soviétiques). Puis, à partir de la mi-janvier 1945, les dirigeants nazis se consacrent à l'évacuation finale et la liquidation d'Auschwitz, par les marches, et les transports de la mort qui conduisent vers d'autres camps de concentration. La marche d'Auschwitz à Loslau - nom allemand de la ville polonaise de Wodzisław Śląski en Haute-Silésie, endurée par des détenus épuisés, sans manger ou si peu, dans un froid glacial, est responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts.
Aussi longtemps que cela a été possible, les nazis ont continué l'extermination dans les chambres à gaz et ce n'est qu'en novembre 1944 que les trois fours crématoires restant en activité sont dynamités (le four crématoire IV était déjà inutilisable depuis octobre à la suite de la révolte du Sonderkommando).
Les camps d'Auschwitz I et Auschwitz II - Birkenau sont découverts par les soldats de la soixantième armée, fin janvier 1945. 7.500 déportés trop faibles pour marcher et laissés sur place quelques jours auparavant par les Allemands, y ont survécu jusqu'à l’arrivée des soldats de l’Armée rouge.
Lors d’un entretien pour le quotidien Le Monde réalisé en 1995, Ivan Matinouchkine, citoyen russe qui avait alors 91 ans lors de la parution de l’interview, était revenu sur ce jour de janvier 1945, où avec la 60e armée soviétique, il avait découvert les camps : « On me demande souvent si nous avions pour but de libérer ce camp : nous ne savions rien de son existence. Même les hauts gradés ne savaient pas ce qui nous attendait. Le 26 janvier, après avoir “éliminé” des Allemands d’un village, nous nous sommes dirigés vers un champ. Nous avons vu des fils barbelés, des gens accrochés dessus, puis des grands poteaux avec des fils électriques. On voyait derrière des bâtiments. De loin, on aurait pu croire que c’était une base. Les combats continuaient encore tout autour. »
Patricia Miralles, ministre française déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants a rappelé dans un long message les circonstances de cette découverte, sur le site de la préfecture de l’Oise.
En Pologne, la loi sur l’Holocauste adoptée en 2018 par les deux chambres (Diète et Sénat), et ratifiée par le président Andrzej Duda, stipule que des peines pouvant aller jusqu'à trois ans de prison peuvent être infligées à quiconque imputerait à l'Etat polonais ou à ses citoyens la responsabilité des crimes nazis ou la complicité avec ceux-ci.
L'Holocauste ou la Shoah était un processus planifié et financé par l’État
L’Holocauste ou la Shoah était un processus planifié et financé par l’État de persécution et de meurtre de six millions de Juifs européens par le régime nazi allemand et ses alliés et collaborateurs. Sous diverses formes, l’holocauste s’est déroulé dans toute l’Europe entre 1933 et 1945.
L’Holocauste est un nom d'origine grec désignant « un sacrifice entièrement consumé par le feu », employé en Pologne, aux USA. Quant au terme Shoah, signifiant en hébreu, « catastrophe », il est préféré en Europe occidentale.
Tribune : Juifs en Pologne, Juifs polonais, Juifs et Polonais
Dans le camp d'Auschwitz-Birkenau, véritable usine de mise à mort, ce sont plus d'un million de déportés qui ont été victimes de la "solution finale" entre 1942 et 1945, parmi lesquels 90% de Juifs, 70.000 Polonais, 21.000 Roms, 15.000 prisonniers de guerre soviétiques, et environ 12.000 prisonniers d’autres nationalités, dont des Tchèques, des Biélorusses, des Yougoslaves, des Français, des Allemands et des Autrichiens, ont également été supprimés.
Qui sera présent lors de la commémoration du 80e anniversaire de la découverte des camps d’extermination allemands ?
Plus de 50 délégations de pays et d’organisations internationales, dont 50 survivants ont confirmé leur participation à la commémoration lundi, à l’occasion du 80e anniversaire de la découverte du camp allemand d’Auschwitz-Birkenau, a rapporté le Musée d’Auschwitz à PAP (Polska Agencja Prasowa), dont le Président Emmanuel Macron et l’Ambassadeur de France en Pologne, Etienne de Poncins.
Depuis l’attaque de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine en février 2022, la Russie n’est plus invitée aux cérémonies, quant à la représentation israélienne, rappelons que Benyamin Netanyahou est visé par un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale.
Néanmoins, le Premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré : « D’un côté, on a le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, et de l’autre il est évident, pour moi depuis le début, que le Premier ministre israélien, ou n’importe quel autre représentant d’Israël, a le droit de visiter le camp de concentration d’Auschwitz en toute sécurité, surtout lors des commémorations ».
C'est finalement Yoav KischI, ministre de l'Education qui représentera Israël.
- La cérémonie principale débutera le 27 janvier à 16 heures, devant le portail historique de l’ancien KL Auschwitz II-Birkenau, où on peut lire l’inscription, « Arbeit macht frei », Le travail rend libre.
- Le musée a déclaré qu’environ 3.000 personnes participeront à la cérémonie sur place, dont des survivants.
- Ces témoins de l’horreur sont encore une poignée à délivrer leur récit, leur vécu, mais leur nombre se réduit d’années en années, posant le problème du témoignage direct.
Ginette Kolinka rescapée des camps : la fureur de vivre et de dire, contre l'oubli !
Pour suivre la commémoration