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C’est la Pologne ! Les dernières heures des “Kioski Ruchu” 

Adieu « Kioski Ruchu » ! Les traditionnels kiosques à journaux connus en Pologne sous la marque « Kioski Ruchu », vivent leurs dernières heures ; dépêchez-vous, si vous souhaitez une dernière fois profiter de cette expérience unique d’achat, car Orlen, l’actuel propriétaire, a annoncé leur fermeture définitive d’ici la fin de l’année 2024. Il ne vous reste que quelques jours pour en profiter… L’occasion de nous replonger dans la culture de ce lieu étriqué si bien achalandé.

KiosqueKiosque
Légende : Grzegorz W. Tężycki - Biała Podlaska Wikimedia Commons
Écrit par Wiktor Zamojski
Publié le 10 décembre 2024, mis à jour le 12 décembre 2024

Un pan de l’histoire polonaise, sur le point de mourir…  

Ces cabanes vert et jaune, aux dimensions modestes (2 mètres de large, 3 mètres de long et de haut) étaient présentes à chaque coin de rue (il y en avait 30.000 en Pologne dans les années 1990), il y a encore quelques années. On fréquentait principalement celle qui était la plus proche de notre domicile. C’était l’ancêtre de Żabka, mais en plus condensé et peut-être mieux achalandé.

Mais même si on s’y rendait quotidiennement, il était tout à fait possible de ne pas connaître le visage du commerçant, mais uniquement sa main. Tout le haut du kiosque était vitré, ce qui nous empêchait de voir ce qui se passait à l’intérieur. 

Pour cause, ces vitrines étaient complètement remplies d’objets à la vente. Devant : cigarettes, tabac à priser et autres accessoires pour fumeur, des unes de journaux et de magazines. Sur les côtés : boissons, sucreries, bidons de lessive, savons, assouplissants, spécial laine, brosses à dents, cure-dents ou liquides vaisselle, collants en mousse, en voile, culottes XXL ou affriolantes toutes tailles, slips, chaussettes, imperméables pliés dans de petites housses minuscules, médicaments, jouets, pochettes, bonbons, gâteaux… Et au milieu de cette caverne d’Ali Baba, sur la façade, se trouvait une petite fenêtre. 

 

Une fenêtre… ou plutôt une lucarne  

Cette fameuse petite fenêtre, qui permettait d’accéder à l’ensemble du stock, était située à 1 mètre, peut-être 1 mètre 10, au-dessus du niveau du sol. Une vingtaine de centimètres de haut, une quarantaine de large, voici l’espace dédié aux échanges commerciaux. Frugaux ! Lorsqu’on baissait la tête pour que notre voix parvienne aux oreilles du vendeur, on ne pouvait apercevoir que quelques quotidiens, le petit plateau en plastique ou en verre pour déposer la monnaie et la fameuse main du vendeur. 

 

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Ce type de kiosque, parfois à l’abandon, pouvait être aperçu, il y a encore quelques années à Varsovie. Un vent de renouveau a pourtant soufflé et une nouvelle génération de pavillons pour journaux a vu le jour. Plus hauts, plus larges, noirs, aux lignes courbes, avec une grande fenêtre où on découvrait le buste du vendeur. Ces kiosques proposaient parfois des services supplémentaires comme le café par exemple.

 

Le déclin d’un mode de consommation

Les fins observateurs des rues de la capitale n’ont pas eu besoin de lire les « pages saumon » des quotidiens pour sentir le déclin de ces points de vente. En effet, certains ont été transformés, assez rapidement, en mini-boutiques (de chaussettes par exemple) ou en débit de cafés à emporter.

Les gens n’achètent plus de journaux papier, les tickets de transport en commun sont vendus dans les machines automatiques et dans les applications mobiles, contrairement à la France, on peut acheter les cigarettes absolument partout, sauf, peut-être, en pharmacie.

Orlen attribue la perte de bénéfices à cela et argumente ainsi sa décision de fermeture définitive des Kioski Ruchu.

 

Dąbrówka Mała, cimetière des Kiosques

Je tiens, cependant, à rassurer les nostalgiques des anciens kiosques. À une centaine de kilomètres de Varsovie, le village de Dąbrówka Mała (entre Łódź et Varsovie), et son unique rue a un « cimetière » dédié aux cabanes jaune et vert. Plusieurs dizaines de pavillons de presse sont entreposés dans un terrain à l’entrée de ce village. Vous y retrouverez certainement votre modèle préféré, mais je crains qu’on ne retrouve pas cette odeur caractéristique, mélange, de journaux, de cigarettes, de produits ménagés et du vendeur, qui rentrait dans nos narines lorsqu’on baissait la tête vers la petite lucarne.


 

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