Les mémoires se souviennent encore des pluies diluviennes ou ‘black rain’ qui s’étaient abattues sur Hong Kong le 8 septembre 2023. Alors que démarre le prochain EcoExpo au AsiaWorld-Expo ce 30 octobre jusqu'au 2 novembre 2024, nous avons voulu faire un point sur le dispositif mis en place à Hong Kong pour traiter les phénomènes de pluie.
Hong Kong et le drainage des eaux, une longue histoire
La croissance rapide de la population de Hong Kong à partir de 1950 et jusqu’aux années 1970 et l’urbanisation ont conduit à la nécessité de moderniser les systèmes de drainage. Les premières infrastructures étaient principalement conçues pour gérer les eaux usées domestiques et industrielles. Il a fallu néanmoins moderniser les infrastructures de drainage pour gérer l’augmentation des surfaces imperméabilisées, et ainsi limiter les risques d’inondation. Hong Kong est l'une des villes les plus pluvieuses de la région Asie-Pacifique, avec des précipitations annuelles moyennes d'environ 2 400 millimètres.
Les premiers systèmes de drainages étaient principalement constitués de canaux ouverts et de fosses permettant de diriger l’eau de pluie loin des zones habitées. Ainsi, les premiers réseaux de catchwater à Hong Kong, toujours utilisés de nos jours, avaient été construits durant la période coloniale britannique entre les années 1930 et 1960. Ses infrastructures en béton, traité avec des résines, comme le Tai Tam Catchwater ou bien Aberdeen Catchwater, sont des canaux ou des conduites situés sur les pentes des montagnes. Elles permettent de capter les eaux de pluies qui ruissellent, afin de les diriger vers des réservoirs ou des stations de traitement. Ils restent essentiels aujourd’hui encore et font d’ailleurs partie du paysage d’un certains nombres de randonnées.
Des projets pharaoniques à Hong Kong
A partir des années 1980, le gouvernement a lancé plusieurs projets majeurs pour améliorer le drainage des eaux pluviales, notamment la construction de tunnels de drainage et de bassins de rétention pour prévenir davantage les inondations. Ainsi, l’initiative majeure West Kowloon Drainage Improvement a inclus la construction de près de 3 kilomètres de tunnels souterrains visant à détourner les eaux de pluie de zones urbaines densement peuplées. Les eaux sont ainsi transférées du réservoir de Kowloon Byewash vers celui de Lower Shing Mun, situé dans le district de Sha Tin.
Le projet innovant appelé Happy Valley Underground Stormwater storage scheme a été conçu pour réduire les risques d’inondation dans le district de Wan Chai, notamment dans le quartier de Happy Valley, une zone urbaine basse entourée de terrains vallonnés. Un réservoir souterrain d’une capacité de 60 000 mètres cubes situé sous les terrains de sport de l’hippodrome. L’eau stockée est ensuite pompée puis libérée de manière contrôlée dans le système de drainage principal. Le système permet également de récolter l’eau souterraine et l’eau d’irrigation des terrains de sport, contribuant à la conservation des ressources en eau.
Le nouveau concept de "ville-éponge"
Des services du gouvernement hongkongais sont dédiés à ces sujets. Il s’agit du Département des services du drainage, fondé en 1989. Au-delà d’un rôle de planification, de construction et d’entretien des infrastructures de drainage, ces équipes travaillent également sur des initiatives visant à promouvoir la durabilité et l’adaptation au changement climatique. Les systèmes de drainage sont dorénavant équipés de capteurs et de technologies de surveillance afin de suivre les niveaux d’eau et prévoir plus finement encore les inondations.
Le concept de ‘Sponge City‘ est une approche globale, mise en avant notamment à Hong Kong, intégrant à la fois les dispositifs historiques, et toujours indispensables, mais également des nouvelles techniques. Les toits verts et les pavés poreux permettent à l’eau de pluie de s’infiltrer dans le sol plutôt que de ruisseler sur les surfaces urbaines imperméables. Hong Kong cherche depuis les années 1990 - 2010 à intégrer ces nouveaux éléments dans le développement urbain afin de renforcer sa résilience face à des évènements météorologiques parfois extrêmes. Cela a permis de réduire le nombre de points noirs d'inondation dans la ville de 90 en 1995 à 7 en 2017.
Le département des services de drainage présentera à la fin du mois d'octobre, lors du Forum EcoExpo 2024, trois applications intégrant de l'IA (Intelligence Artificielle) : un Assistant virtuel de sécurité de construction, le robot « roly-poly » qui combine une technologie d'IA pour dépasser les limites de l'inspection dans des espaces confinés tels que les canalisations souterraines et les tunnels, et un grappin mécanique à intelligence artificielle « Haohaojia ».