Avec 702,7 millions d’euros d’exportations entre janvier et novembre de 2024, l’Andalousie conforte sa place de leader mondial de l’olive de table. Mais derrière ce succès, la filière fait face à une crise climatique.


L'or vert à prix d'or
Pendant que l’Andalousie bat des records d’exportation d’olives de table, nous, consommateurs, hésitons pour s’offrir une bouteille d’huile d’olive. Que ce soit pour arroser une tomate-mozza ou préparer une vinaigrette sans avoir l’impression de dilapider un héritage, le constat est le même : l’olive cartonne, mais l’addition pique, même si les prix sont à la baisse en ce début d’année et, bien sur, ils restent beaucoup moins élevés qu’ailleurs en Europe. Derrière cette constatation cependant, une réalité plus amère que douce : une filière soumise à des coûts élevés et un climat en pleine crise.
L'Andalousie, un géant de l’exportation
L’Andalousie domine le marché mondial de l’olive de table, représentant 76 % des exportations espagnoles et 30 % des échanges internationaux. Les États-Unis, suivis de l’Italie, la France et l’Allemagne, figurent parmi ses principaux clients. Cette réussite repose sur une tradition ancrée, mais aussi sur une industrie bien rodée, capable de répondre à la demande croissante pour les produits méditerranéens.
Pourtant, la filière est sous pression. La hausse des coûts de production : engrais, énergie et eau grignotent les marges des producteurs. Les oléiculteurs, premiers maillons de la chaîne, peinent à rentabiliser leur travail malgré des chiffres records à l’exportation.
Le défi climatique et la concurrence mondiale
L’Andalousie affronte des sécheresses de plus en plus sévères. 2024 a été marquée par une pluviométrie désastreuse, compliquant la récolte et l’irrigation. Avec des volumes de production plus fluctuants, l’exportation devient un casse-tête.
À cela s’ajoute une concurrence internationale accrue. Les producteurs du Maghreb et de Turquie cassent les prix, tandis que l’Europe revoit sa politique agricole commune (PAC), menaçant certaines aides aux oléiculteurs. Sans oublier les tensions commerciales : les taxes américaines sur l’olive noire imposées en 2018 n’ont été levées qu’en 2022, montrant la vulnérabilité du secteur aux décisions géopolitiques.
Un modèle à réinventer
Pour maintenir son leadership, la filière andalouse mise sur l’innovation: irrigation optimisée, variétés plus résistantes à la sécheresse et valorisation des appellations d’origine protégée (AOP), comme la Manzanilla et la Gordal de Séville. L’objectif : se différencier face à une concurrence agressive et répondre à une demande croissante pour des produits traçables et durables.
L’Andalousie brille sur le marché mondial, et son succès repose sur une agriculture forte. Cependant, entre crise climatique et tensions économiques, le modèle doit évoluer pour garantir un avenir aux producteurs. L’olive andalouse continuera-t-elle de régner sur les tables du monde entier ? La réponse se joue dès aujourd’hui, dans les champs où le soleil brille de plus en plus.