Manoir Benizelos : un rare vestige de l’Athènes ottomane

Un souvenir des époques byzantine et ottomane

Le manoir fut construit par l’archonte byzantin Angelos Benizelos et son épouse Sirigi Paléologue au cours du XVIe. C’est ici que serait née leur fille, Revoúla, en 1522. Celle-ci est passée à la postérité sous le nom de Philothée. Jeune mariée, elle devint nonne après le décès prématuré de son mari. Elle fonda un couvent non loin de là. Elle organisa de nombreuses missions de charité pour aider les plus pauvres et permit la construction d’hospices et d’écoles. Elle racheta aussi des Grecs tombés en esclavage aux mains des Ottomans, afin qu’ils soient libérés. Suscitant l’opposition des autorités, elle fut plusieurs fois arrêtée. Sévèrement violentée en 1589, elle mourut des suites de ses blessures. Considérée comme un martyr par l’Église orthodoxe, elle fut canonisée en 1600 et érigée au rang de sainte patronne de la ville.

Cette belle bâtisse fut donc construite en pierre de taille, dans un esprit byzantin. D’ailleurs, on y trouve toujours le pressoir à vin et à olives, caractéristique des foyers byzantins nobles. Mais, au courant du XVIIIe, le lieu connut d’importantes extensions, réalisées dans un style ottoman. Des arcades, typiques, furent notamment érigées côté cour. Après l’indépendance de la Grèce, le lieu devint une taverne et changea moult fois de propriétaires.

Une visite qui vaut le détour.

Laissé à l’abandon dans les années 1960, le manoir devient propriété du ministère de la culture en 1972. Au début du siècle, cédé au Saint-Archidiocèse d'Athènes, des fouilles permettent de retrouver des vestiges de l’enceinte romaine construite au IIIesiècle. La rénovation commence alors, avec pour objectif de rendre au lieu son aspect ottoman classique et de conserver le maximum d’éléments originels.

Le lieu a été magnifiquement mis en valeur et conserve les éléments traditionnels du konaki, bâtisse prisée des élites ottomanes. Le rez-de-chaussée en pierre compte de nombreux pithos, une grande céramique qui permettait la conservation des denrées. Non loin des colonnes de pierre, un escalier permet de monter à l’étage. Celui-ci est construit en bois et comporte les nombreuses pièces de vie, un grand salon et un sublime balcon en bois qui domine la cour.  

Ouvert au public depuis 2017, le manoir témoigne de siècles déterminants dans l’histoire d’Athènes et de la Grèce. Le lieu, situé Adrianou 96, Plaka,  est ouvert gratuitement, les visiteurs donnant le montant qu’ils souhaitent à l’entrée.