Répondant à l’invitation du Premier ministre britannique, seize pays parmi lesquels l’Ukraine, la France, la Pologne, le Canada, la Turquie et l’Italie, ainsi que les représentants de l’UE et de l’OTAN, se sont réunis à Londres. L’objet était d’affirmer l’unité européenne derrière l’Ukraine, après l’échange tendu du Bureau ovale entre les présidents Trump et Zelensky. Or, ce rassemblement s’est aussi illustré par ses absents dont la Grèce est un des principaux.
Après le coup de tonnerre...
Zelensky s’était rendu à Washington ce 28 février pour espérer voir continuer le soutien militaire des États-Unis. Or, la discussion a rapidement tourné à la passe d’armes verbale après que Zelensky a interrogé le vice-président Vance sur la diplomatie étatsunienne. Il a alors été accusé de nier les problèmes et d’attaquer la position de Washington. Trump d’ajouter que l’Ukraine n’aurait pas tenu « deux jours » sans les « 350 milliards » des États-Unis. Après avoir dénoncé le manque de reconnaissance de Zelensky, Trump a affirmé vouloir un « cessez-le-feu », avec ou sans l’Ukraine à la table des négociations. Le président Trump a conclu l’échange ainsi : « bon moment de télévision », l’altercation se déroulant en effet devant les caméras du monde entier.
De nombreux dirigeants européens ont immédiatement réagi et exprimé leur soutien à l’Ukraine et la nécessité d’une « paix juste », respectueuse des « intérêts ukrainiens ».
... affirmer l'unité des alliés de Kiev
Pour préparer une réponse commune, le Premier ministre britannique a invité les principaux soutiens de l’Ukraine, à Londres, ce 2 mars. Parmi eux, les présidents Macron et Zelensky, les chefs des gouvernements italien, canadien, allemand, polonais, mais aussi suédois, tchèque et espagnol, ainsi que les représentants de l’UE et de l’OTAN.
Le Britannique Keir Starmer et le président Macron ont plaidé pour une « coalition de volontaires ». Les participants ont convergé sur le nécessaire soutien à l’Ukraine pour qu’elle puisse négocier en position de force et assurer sa future défense. Des garanties de sécurité solides doivent être mises en œuvre, notamment dans le cadre de l’OTAN et en association avec les États-Unis. Malgré l’altercation du Bureau ovale, l’espoir est que Washington se rapproche de cette position pour permettre une paix durable. D’autant que l’Italienne Meloni et le Polonais Tusk ont affirmé la nécessité de l’unité entre États-Unis et nations européennes.
Des absences remarquées
Le sommet pour l’unité n’a cependant pas rassemblé toute la famille européenne. En effet, plusieurs pays n’ont pas été invités, dont la Grèce au premier chef. Le Premier ministre Mitsotakis n’avait, déjà, pas été convié à la rencontre organisée à l’Élysée le 20 février, ni à celle de Munich le 14 février. C’est donc seul que Mitsotakis a passé cette Saint-Valentin alors qu’au contraire, avaient été conviés les représentants de l’Islande et de la Croatie. Malgré sa proximité avec la France, le président Macron n’avait lui invité que les principaux soutiens.
Des observateurs ont souligné l’isolement du Premier ministre Mitsotakis sur la scène européenne. Athènes paierait le fait d’être un acteur de second plan quant à l’aide à l’Ukraine, ce qui contribuerait à l’éloigner des cercles de décision. D’autres soulignent aussi des relations qui n’ont jamais vraiment prospéré avec le Royaume-Uni alors que Londres s’apprête à vendre des armes à la Turquie.
L’opposition grecque en a profité pour dénoncer un échec de la diplomatie gouvernementale qui, selon le PASOK, « suscite des inquiétudes quant au rôle international de la Grèce et à la protection de ses intérêts ». SYRIZA dénonce « une politique étrangère d’alignement aveugle sur l’Occident ». Selon l’opposition, Athènes subirait une position de subordonné vis-à-vis de ses partenaires, ce qui la relèguerait au second plan et lui empêcherait de faire entendre sa voix. Surtout, la présence de la Turquie fait craindre la perte du poids stratégique de la Grèce dans la région.
Le gouvernement Mitsotakis se défend
Le gouvernement a minimisé l’impact de son absence en affirmant que « la réunion ne s'inscrit pas dans le cadre d'une organisation internationale, mais constitue une initiative isolée du Royaume-Uni » qui a invité « ceux qui apportent la plus grande contribution et sont immédiatement disponibles ».
Le gouvernement a réitéré son soutien à une « paix juste et durable pour le peuple ukrainien ». Membre du Conseil de sécurité des Nations unies depuis janvier et jusqu’à décembre 2026, Athènes entend user ce levier pour consolider sa position.
Le gouvernement a enfin affirmé qu’il sera pleinement présent lors du Conseil européen du 6 mars où les 27 prendront les décisions contraignantes. Un sommet extraordinaire où le Premier ministre Mitsotakis réitèrera sa position et défendra une « plus grande responsabilité » de l’Europe pour sa sécurité, avec notamment la « flexibilité budgétaire » en matière de défense ainsi que des investissements communs.
Ce sommet est particulièrement attendu alors que les États-Unis ont annoncé, ce mardi 4 mars, la suspension de leur aide à l’Ukraine.
