Mi février 2025, le Premier ministre grec Mitsotakis s’est exprimé sur la situation en Ukraine auprès de la célèbre chaîne Bloomberg. Il a affirmé la nécessité d’associer l’Ukraine aux négociations. Il a également tenu à ne froisser ni son allié étatsunien ni ses partenaires européens.


Un accord pour l’Ukraine avec l’Ukraine
Mitsotakis défend l’ouverture de négociations, considérant que « nous avons besoin de paix. » Répondant sans le critiquer au président Trump qui voulait négocier directement avec les Russes, Mitsotakis a assuré que tout accord devait inclure l’Ukraine : « il ne peut y avoir de solution pour l’Ukraine sans la participation de l'Ukraine. »
Concernant la qualification du président Zelensky de dictateur par Trump, Mitsotakis a estimé que le président Trump était « homme intelligent ayant sa propre manière de s'exprimer ».
La Grèce, allié historique des États-Unis
La Grèce est étroitement liée aux États-Unis depuis 1945. D’abord, pendant la guerre civile de 1946, les États-Unis ont soutenu le gouvernement royaliste contre les mouvements communistes. En 1952, la Grèce s’est placée sous la protection des États-Unis en rejoignant l’OTAN.
Depuis, la Grèce et les États-Unis n’ont cessé de se rapprocher en nouant de multiples accords. À la victoire de Trump, en novembre dernier, Mitsotakis espérait « approfondir davantage le partenariat stratégique et travailler ensemble sur les questions régionales et mondiales importantes. » Cette coopération spécifique concerne notamment l’épineuse question de la sécurité en mer Égée en cas de tensions avec la Turquie.
C’est en raison de ce lien historique privilégié que Mitsotakis n’a pas voulu s’opposer à la position de ceux qu’il a qualifiés de « nos amis américains. » En effet, il n’entend s’aliéner ni le pays de l’Oncle Sam ni ses partenaires européens.
Renforcer l’alliance européenne dans le cadre de l’Alliance atlantique.
La Grèce, comme les autres pays européens, cherche donc à la fois à rassurer Kiev sur le soutien de l’Europe tout en essayant d’apaiser Washington.
Mitsotakis a soutenu que les pays d’Europe devaient « passer des mots à l'action » en matière d’investissements militaires communs. Cet effort collectif devrait permettre à l’Europe de « définir ses propres priorités en matière de défense » et de défendre ses propres intérêts géopolitiques. Pour cela, les pays européens doivent nécessairement augmenter leurs dépenses et donc « bénéficier d’une plus grande flexibilité budgétaire ». Outre un accord sur une hausse des dépenses de chacun, Mitsotakis défend l’addition des ressources européennes et nationales.
À ce sujet, Mitsotakis n’oppose pas États-Unis et Europe, considérant que « Trump avait raison quand il disait que nous ne dépensions pas assez pour la défense ou que nous devions faire plus pour la sécurité européenne. »
Mitsotakis s’inscrit donc dans la position traditionnelle de la Grèce en étant partisan d’une Alliance atlantique renforcée. Il considère toutefois que l’Europe doit faire ce qui est nécessaire pour assurer sa propre sécurité et renforcer son poids géopolitique et militaire. La Grèce est d’ailleurs un bon élève en Europe, consacrant près de 3% de son PIB à la défense et nouant de nombreux accords.
