A l'occasion de la journée de la femme, trois cliniques, Mitera et Lyto et Ygeia s'unissent à la mairie d'Athènes pour une campagne de prévention contre les deux cancers gynécologiques les plus fréquents : le cancer du sein et le cancer du col de l'utérus. Le Docteur Aristide Solidakis a répondu à nos questions concernant le dépistage des cancers féminins
Le Petit Journal : Quelle est la cause du cancer du col de l'utérus ?
Dr Solidakis : Il s'agit d'un cancer transmis par un virus, appelé HPV. Il est sexuellement transmissible, et infecte les cellules du col en faisant apparaître des lésions précancéreuses, qui peuvent se transformer à long terme en cancer. Dans l'Europe des 27, 30.000 femmes meurent chaque année du cancer du col. (photo LPJ)
LPJ : Qui peut être atteint par ce HPV ?
Dr Solidakis : Toutes les femmes ayant des rapports sexuels sont susceptibles d'être atteintes par ce virus.
LPJ : Une fois dans l'organisme, que devient le HPV ?
Dr Solidakis : Dans plus de la moitié des cas, le virus est éliminé spontanément. Mais il peut également se multiplier et infester les cellules du col de l'utérus. A partir de là, on observe deux possibilités : soit il reste silencieux pendant de nombreuses années, voire à vie, soit, sous l'effet d'une chute du système immunitaire, il se multiplie brusquement et provoque des lésions appelées dysplasies (le HPV a le pouvoir de modifier le DNA de nos cellules). Les dysplasies peuvent soit disparaître spontanément, soit évoluer vers un cancer. Le tabagisme est un facteur de risque aggravant.
LPJ : Tous les virus HPV sont-ils nocifs ?
Dr Solidakis : Non. Il existe plusieurs dizaines de souches différentes. Seuls certains sous-types comme les 16, 18, 31 et 33 sont cancérigènes. Les autres peuvent provoquer des condylomes, petites tumeurs bénignes localisées, mais très contagieuses.
LPJ : comment faire pour dépister le HPV ?
Dr Solidakis : Toute femme ayant des rapports sexuels devrait faire un frottis de dépistage. Le test de Papanicolaou a été inventé par un américain d'origine grecque et il consiste à prélever quelques cellules du col de l'utérus (examen tout à fait indolore pratiqué lors d'une consultation gynécologique) et à les analyser sous microscope pour rechercher des cellules infestées par le HPV. Il existe deux types de test : le classique, appelé encore frottis vaginal, d'une efficacité de 65%, et le "thin prep", dont l'efficacité avoisine 90%.
LPJ : A quel rythme est-il conseillé de faire un frottis ?
Dr Solidakis : On fait un premier frottis un an après le premier rapport sexuel, puis tous les ans jusqu'à 30 ans. En cas de résultats négatifs, on espace les frottis à un tous les deux ans jusqu'à 65 ans. On estime qu'en France 60% seulement des femmes font des frottis. Elles sont moins de 20% en Grèce, et plus de 90% en Suède !
LPJ : Que faire si un frottis est positif ?
Dr Solidakis : Le gynécologue qualifié effectuera alors une colposcopie : il s'agit d'un examen direct du col à l'aide d'une loupe grossissante. Il effectuera une biopsie de la région lésée. Cette biopsie confirmera la dysplasie.
LPJ : un nouveau vaccin contre le HPV, le Gardasil, vient d'être mis sur le marché. Qu'en pensez-vous ?
Dr Solidakis : Ce vaccin ne protège que contre les HPV 16 et 18, ce qui représente une efficacité de 70%, donc incomplète. Il est cher (550 euros). Enfin, nous n'avons un recul que de cinq ans, ce qui est faible. En France, ce vaccin n'est pas obligatoire. En Grèce, il est pris en charge par la sécurité sociale. On conseille de vacciner toutes les jeunes filles dès l'âge de douze ans, impérativement au moins un an avant l'âge du premier rapport sexuel.
LPJ : La vaccination contre le HPV dispense-t-elle du dépistage du cancer du col par frottis annuel ?
Dr Solidakis : Non, bien sûr, puisqu'il ne protège que de 70% contre les virus "méchants". Le frottis annuel est le seul moyen de lutter efficacement contre le cancer du col de l'utérus.
Propos recueillis par Fabienne BURGUIERE (www.lepetitjournal.com - Athènes) jeudi 8 mars 2007
Le Docteur Aristide Solidakis est membre du comité scientifique de la clinique Mitera.
Diplômé des facultés de médecine de Lausanne (Suisse) et de Paris VI, il est spécialiste des pathologies du col.