La crise économique liée à l’épidémie du coronavirus met à mal nombre d’entreprises et micro-entreprises. Pour aider à passer ce cap, le tissu associatif en Thaïlande peut s’avérer une aide précieuse.
Plus d’un an après le début de l’épidémie de coronavirus, l’économie thaïlandaise est sérieusement malmenée. Et le royaume se trouve englué dans une troisième poussée épidémique débutée au mois d’avril.
Depuis le début de la crise, de nombreux entrepreneurs et micro-entrepreneurs français établis en Thaïlande ont été contraints de fermer leur activité ou de la mettre en veille en attendant des jours meilleurs, tandis que d’autres tentent vaille que vaille de se maintenir à flot. Mais les risques de précarité sont là et les aides sont peu nombreuses.
Accéder aux prêts à taux réduits
Car même si un entrepreneur en Thaïlande est de nationalité française, son entreprise, elle, est de droit thaïlandais, ce qui rend cette dernière inéligible aux aides de l’état français.
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Le gouvernement thaïlandais a de son côté mis en place des aides pour que les entreprises puissent accéder à des prêts sans intérêts ou à taux réduits. Mais cette mesure, dans les faits, n’est pas accessible à tous comme l’explique Thomas Sanchez, directeur de la Chambre de Commerce Franco-Thai (FTCC) : “L’accessibilité de ces prêts est a priori la même pour les Thaïlandais et les Français, mais en fait cela dépend surtout des relations que chacun entretient avec sa banque. Les banques n’accordent pas de prêts à tout le monde, surtout si vous ne pouvez pas présenter suffisamment de garanties".
Pour tenter d’aider les entrepreneurs en ce sens, la FTCC, comme d'autres chambres de commerce, peuvent fournir des lettres de recommandation à leur membre ou des conseils pour remplir leur dossier.
“Nous aidons nos membres, Thaïlandais ou étrangers, à avoir accès à des prêts en fournissant des lettres de recommandation pour les banques ou en les accompagnant pour discuter avec les banques”, détaillait en mai le président de la Chambre de commerce de Chiang Mai, Warodom Pitakanon dans une interview à Lepetitjournal.com.
Subventions françaises via les associations francophones
Depuis le début de la crise, les associations françaises et l’ambassade de France en Thaïlande se mobilisent afin d’apporter une aide financière aux Français en difficulté et l’ambassadeur Thierry Mathou a récemment annoncé le prolongement du dispositif d’aides sociales SOS jusqu’à la fin de l’année 2021.
Il a aussi indiqué qu’une subvention globale de l'État français de 50.000 euros avait été allouée à cinq associations en Thaïlande pour aider les entrepreneurs français.
Cette subvention qui s’inscrit dans le cadre des Organismes Locaux d'Entraide et de Solidarité (OLES) est répartie entre les associations Français du Monde-ADFE, la Bienfaisance en Thaïlande (AFBT), La France en Isan, Bonjour Phuket et la Fédération des anciens combattants (FACS), mais toutes n’ont pas la même mission.
C’est ainsi que l’association Français du Monde, qui vient de recevoir 12.000 euros, concentre ses aides auprès des micro-entrepreneurs. “En 2020, nous avions reçu près de 27.000 euros et nous avions pu aider 26 entrepreneurs en leur versant une aide entre 20.000 et 40.000 bahts (500 à 1000 euros). Cette fois-ci, nous n’avons reçu que 12.000 euros et nous avons lancé en parallèle une campagne de financement participatif, nous espérons atteindre 500.000 bahts (12.000 euros)”, explique Thatsanavanh “Kai” Banchong, présidente de Français du Monde-Adfe Thaïlande.
Budgets réduits
De son côté, l’association Bonjour Phuket devrait recevoir 5.000 euros, une somme qui sera surtout utilisée pour aider les Français en grande difficulté à remplir leur frigo suite à l’arrêt de leur activité. “Nous ne donnons pas l’argent directement, mais nous les accompagnons pour faire des courses et nous payons la note. C’est une aide minime”, relate Claude de Crissey, président de Bonjour Phuket.
L’AFBT prévoit d’apporter une aide autant pour les petits entrepreneurs que pour les personnes qui se retrouvent face à des difficultés financières suite à des problèmes de santé ou d’hospitalisation. “On nous a dit que nous allions recevoir 15.000 euros. L’année dernière, nous avions déjà aidé quelques entrepreneurs. En même temps, nous avons assez peu d’entrepreneurs qui nous contactent. J’ignore si c’est parce qu’ils ne nous connaissent pas ou s’ils ignorent qu’il existe des aides ou alors ils mettent la clé sous la porte et repartent discrètement en France”, explique le président de l’AFBT Pascal Humbert.
Français du Monde-ADFE et l’AFBT sont toutes deux dans une démarche similaire lorsqu’il s’agit d’accorder des subsides, d’autant que les budgets sont réduits. “Nous sommes sur des aides modestes qui vont de 20.000 bahts à un maximum 100.000 bahts, donc quand nous avons des demandes, nous évaluons aussi l’impact de ses aides : est-ce que cela va vraiment permettre à l’entrepreneur de se maintenir à flot pour plusieurs mois ou est-ce juste une aide pour survivre un mois de plus?”, précise Pascal Humbert.
Pour la France en Isan, dont les membres sont majoritairement des retraités, les fonds sont principalement destinés aux personnes en difficulté suite à des soins de santé imprévus. Des aides qui seraient accordées plutôt sous forme de prêt sans intérêt. Néanmoins, une partie des subventions de la France en Isan servira pour les entrepreneurs.
Information et mise en lien
Face à ses aides dont les montants restent assez faibles en comparaison à ce que certaines entreprises ont pu recevoir en France, les associations et la Chambre de Commerce Franco-Thai mettent également en avant leur rôle de mise en relation et d’information.
Thomas Sanchez rappelle ainsi les missions de la FTCC avec d’une part la traduction des mesures gouvernementales et la diffusion d’information sur la vaccination, etc., et d’autre part une plus grande visibilité pour les membres sur le site Internet et les réseaux sociaux de la chambre. “En plus de cela, grâce à notre réseau de Chambre de commerce, nous avons réussi à ce que les contrats VIE (Volontariat international en entreprise) soient accordés également aux entreprises qui n’ont pas de siège social en France”, précise celui qui est aussi directeur de la société The Commercial Company of Siam.
L’association Français du Monde-ADFE prévoit de lancer prochainement une plateforme pour mettre en lien les micro-entrepreneurs avec d’autres entreprises ou sociétés thaïlandaises que ce soit pour trouver des fonds, échanger des compétences et savoir-faire ou créer de nouveaux partenariats. “Les Chambres de Commerce sont plutôt à destination des grandes entreprises, il manque un outil spécifique pour les petites entreprises, nous espérons pouvoir lancer notre plateforme bientôt”, conclut Thatsanavanh Banchong.