Le Premier ministre thaïlandais a assuré lundi que le creusement du déficit public sur le prochain budget n'affecterait pas les efforts de gestion de l’épidémie de Covid-19 et de son impact économique.
"Le déficit du budget 2022 n'affectera pas la discipline budgétaire ni la capacité du pays de sortir de la crise causée par la pandémie COVID", a affirmé le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha dans des remarques télévisées adressées aux fonctionnaires et au public.
Le gouvernement prévoit un déficit de 700 milliards de bahts (18,08 milliards d’euros), contre 609 milliards de bahts cette année.
Le budget de l'année prochaine de 3.100 milliards de bahts (84,58 milliards d’euros), approuvé la semaine dernière, est inférieur de 5,6% à celui de l'exercice en cours.
L'écart provient de la baisse des recettes fiscales, qui devraient se monter à 240 milliards de bahts contre 267 milliards cette année en raison de l'impact économique du coronavirus sur des dizaines de milliers d’entreprises et plusieurs millions de contribuables affectés par la crise, a indiqué Prayuth Chan-O-Cha.
Le budget 2022 démarre le 1er octobre de cette année.
Dans une interview au journal thaïlandais Krungthep Turakij relayée par The Nation, le secrétaire général du Conseil national de développement économique et social (NESDC), Danucha Pichayanan, s'est dit préoccupé par l'impact potentiel de la nouvelle série d'infections à Covid-19, craignant que cet épisode ne frappe l'économie plus durement si des mesures ne sont pas prises à temps.
Selon lui, si l’épidémie peut être contenue d'ici début février, le gouvernement ne devrait pas avoir à modifier ses plans de gestion économique mais il doit en revanche annoncer sans trop tarder des plans d’aide et de relance.
Justement, le Bangkok Post rapporte ce matin que le gouvernement envisage d’étendre les aides en cours et d’ajouter une aide financière supplémentaire aux personnes les plus vulnérables.
Ralentissement de l'épidémie
De son côté, le ministre de la Santé, Anutin Charnvirakul, a fait savoir via sa page Facebook que le comité du centre des opérations d'urgence de santé publique avait discuté de la possibilité d'assouplir les restrictions dans les provinces ou zones n’ayant enregistré aucune infection nouvelle dans les derniers 7 à 14 jours.
La semaine dernière, le directeur du Département de Contrôle des maladies, le Dr Opas Kankawinpong, s’était dit confiant de voir l'épidémie de Covid-19 ralentir d'ici la fin du mois de janvier, évoquant l’absence d’infection nouvelle dans une vingtaine de provinces.
Après n’avoir quasiment pas déclaré de cas d’infection au Sars-Cov-2 entre mai et novembre, la Thaïlande fait face à une nouvelle épidémie de coronavirus survenue en décembre. Plus de la moitié des provinces du royaume ont signalé des cas et 28 provinces ont été déclarées "zones rouges". Mais ces derniers jours, le nombre de cas semble se stabiliser.
Lundi, la Cellule de gestion de la situation du Covid-19 (CCSA) a signalé 245 nouveaux cas, portant le total des infections en Thaïlande depuis janvier 2020 à 10.547 - dont 3.914 toujours hospitalisés ou en observation- et 67 décès.
Dans le même temps, les professionnels du tourisme, secteur de loin le plus touché par la crise du coronavirus, ont demandé au gouvernement de lever la quarantaine obligatoire pour les touristes vaccinés contre le Covid-19 à partir du troisième trimestre, citant une avancée prometteuse des campagnes de vaccination dans plusieurs pays - la Thaïlande prévoit de lancer la première phase de vaccination en février en direction des plus vulnérables dans les cinq provinces les plus touchées : Chonburi, Samut Sakhon, Trat, Rayong et Chanthaburi.
Selon le président de l'Association des agents de voyage thaïlandais (Atta), Vichit Prakobgosol, cité par le Bangkok Post, environ 30% des 10.000 entreprises de tourisme réceptif du royaume ont fermé définitivement leurs portes, tandis que la moitié ont mis leur activité en dormance faute de clients, la Thaïlande autorisant les visiteurs internationaux au compte-goutte.
Quoiqu'il en soit, au-delà de l’épidémie en elle-même, le secrétaire général du NESDC met en garde le gouvernement sur d’autres écueils économiques à affronter cette année, à savoir le taux de chômage qu'il va falloir contenir, le taux record d’endettement des ménages, le niveau record du baht et la politique de la toute nouvelle administration Etats-unienne dirigée par Joe Biden qui devrait sans aucun doute contraster avec celle de son prédécesseur et donc produire des changements notables.