Les principales discothèques et salles de concert barcelonaises sont au bord du gouffre après des mois de fermeture forcée à cause la crise sanitaire.
Les professionnels du secteur des divertissements nocturnes tirent la sonnette d'alarme et cherchent des solutions pour ne pas mettre la clé sous la porte. La Catalogne compte actuellement 3.750 entreprises dans le monde de la nuit qui font travailler près de 35.000 personnes, selon les données du groupement de professionnels de discothèques de Barcelone et sa province. Avec 3,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires, le secteur représente 1,7% du PIB catalan.
Les conséquences des fermetures
Les salles de concerts et les discothèques restent fermées par obligation afin d'éviter le contact entre les personnes et freiner ainsi la propagation du virus. Mais leur fermeture a provoqué la multiplication des "botellones" dans la rue. En effet, si les discothèques restent fermées, les jeunes se retrouvent dans des parcs ou dans la rue pour boire ensemble lors de rassemblements non contrôlés, où les mesures de prévention et de distancement sont loin d'être respectées. Pour lutter contre ces regroupements, la Generalitat de Catalunya avait annoncé la semaine dernière la réouverture des locaux de nuit sous certaines conditions. Une décision annulée dans la foulée comte tenu du "haut risque de contagion". Le conseiller général de la Santé Josep Maria Argimon a du demander pardon "aux plus de 30.000 familles qui vivent de l'activité économique du monde de la nuit pour l'erreur dans l'annonce de la réouverture", et a expliqué que la mesure restait gelée pour le moment.
Plus de la moitié des discothèques menacées
Il semblerait que la situation que nous vivons se prolonge et que les restrictions sanitaires liées à l'épidémie de coronavirus restent encore en place pour un bon moment. Pourtant, de nombreuses discothèques de Barcelone ne tiendront pas jusque là. Selon Ramon Mas du syndicat des boîtes de nuit de Barcelone, bien des salles n'auront pas la capacité de supporter la situation plus longtemps et devront rapidement mettre la clé sous la porte. "Nous sommes très en colères ! Nous exigeons des solutions viables ou des solutions économiques concrètes !" a-t-il déclaré lors d'une protestation devant le Palau de la Generalitat. Même les lieux les plus symboliques de Barcelone sont menacés de fermeture : Alberto Guijarro, directeur de la mythique Sala Apolo, a expliqué au micro de la radio RAC1 qu'il se donnait jusqu'au mois de janvier ou février avant de devoir prendre une décision quant à une éventuellement fermeture définitive. Le directeur du Razzmatazz, une autre salle de concert incontournable à Barcelone, se donnerait lui jusqu'au printemps 2021. Fede Sardá, directeur de la salle Luz de Gas, avertit des risques pour le secteur : en cas de fermeture, les lieux emblématiques de la nuit barcelonaise seront rachetées par des prédateurs financiers qui les rempliront de "d'Anglais et d'alcool de mauvaise qualité".
Un concert pilote
Les syndicats proposent des solutions intermédiaires pour pouvoir réactiver le secteur dans ce contexte sanitaire. Les professionnels proposent notamment la création d'une "licence Covid" temporaire, qui régulerait les normes et les autorisations pour réaliser de la musique en direct sous certaines conditions le temps de la crise.
D'autre part, un concert pilote va être réalisé comme test à la Sala Apolo. Les 1.000 spectateurs seront soumis à un test rapide de détection du Covid avant d'entrer, à la charge des équipes médicales de l'hôpital Germans Trias i Pujol (Can Ruti) qui se déplaceront sur place. À l'intérieur, les participants devront toujours porter leur masque qu'ils ne quitteront que pour boire dans des espaces précis. Huit jours après le concert, un second test sera effectué aux spectateurs. L'objectif du concert pilote est de démontrer "la non-transmission du virus dans un espace fermé où les personnes qui ne présentent pas de symptômes et ont donné un résultat négatif au test du Covid peuvent danser et profiter de la musique en sécurité".