Édition internationale

Xavier Nuñez (Epitech): "Nous proposons un modèle d'éducation différenciant"

Pour Xavier Nuñez, "les véritables compétences d'un ingénieur s'acquièrent en entreprise". Sa rencontre avec le groupe Epitech et la découverte de son modèle pédagogique unique est à l'origine d'un véritable coup de cœur pour cette école, qui l'amène à partir de 2016 à prendre en charge son implantation et son développement au sud des Pyrénées.

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Xavier Nuñez, DG d'Epitech Espagne
Écrit par Vincent GARNIER
Publié le 19 février 2025, mis à jour le 20 février 2025

Cet ingénieur télécom barcelonais a débuté sa carrière en plein déploiement des premiers réseaux de téléphonie mobile digitale et accompagné le passage de la 2G à la 3G, synonyme des premiers usages d'Internet sur les portables, mais aussi des premiers services de la data par les opérateurs. Chez Vodafone, puis au sein d'Amena, l'opérateur de France Telecom dans le pays devenu Orange Espagne en 2006, il acquiert une solide expérience de terrain, puis prend notamment la direction innovation, au sein du Orange Labs Spain, qui l'amènera à sourcer des solutions innovantes auprès des startups de l'écosystème pour booster l'innovation au sein de l'opérateur. Nommé Directeur marketing produit au Technocentre d'Orange Groupe à Paris en 2011, il se frotte à l'expatriation, apprend le français à marche forcée, manage des équipes et développe jusqu'à son départ en 2016 de nouvelles plateformes de services orientées aux objets connectés (IoT), en adéquation avec les besoins client. Pour Xavier Nuñez, "les véritables compétences d'un ingénieur s'acquièrent en entreprise". Sa rencontre avec le groupe Epitech et la découverte de son modèle pédagogique unique est à l'origine d'un véritable coup de cœur pour cette école, qui l'amène à partir de 2016 à prendre en charge son implantation et son développement au sud des Pyrénées. Depuis, "l'école de l'excellence informatique" a considérablement grandi dans le pays, avec désormais plus de 700 étudiants qui sont passés par les différents programmes proposés au sein des deux campus que l'école possède en Espagne, à Madrid et à Barcelone.

Quand ils me racontaient que les examens avaient encore lieu avec stylo et papier, je tombais des nues!

"J'ai tout de suite identifié que la proposition d'Epitech correspondait à un vrai besoin au niveau des entreprises", se souvient Xavier Nuñez à propos d'une décision, celle d'abandonner l'univers des télécom pour se lancer dans celui de l'éducation supérieure, qui aura marqué un point d'inflexion dans sa carrière. Il faut dire que ce diplômé de l'université polytechnique de Catalogne (UPC) avait à son actif un parcours lui permettant de porter un regard critique sur l'écart croissant entre les attentes du marché et les compétences des jeunes diplômés. "J'avais pu constater les difficultés à recruter des profils ayant non seulement les compétences techniques, mais aussi le niveau de motivation que requiert une intégration rapide et efficace dans les organisations". Pire, peut-être : "Je croisais des jeunes de 18 ans qui débarquaient sur le marché du travail avec le même background, exclusivement théorique, qui était le mien 30 ans plus tôt". "Quand ils me racontaient que les examens avaient encore lieu avec stylo et papier, je tombais des nues!" Il fallait donc un certain goût pour l'inconformisme -mais aussi l'envie de revenir à son Barcelone natal- pour abandonner une carrière de haut vol au sein d'un des groupes français les plus prestigieux et lancer de zéro un modèle éducatif méconnu en Espagne.


Epitech Espagne : un apprentissage ancré dans la pratique

"A Madrid et Barcelone, Epitech est une école d'origine française, qui porte en soi l'esprit et l'ADN tricolore mais avec une approche très internationale", défend Xavier Nuñez. L'école permet de fait d'obtenir en fin de cursus un diplôme d'Expert(e) en technologie de l'information visé par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche français, et un titre d'Expert en ingénierie logicielle, enregistré au Registre National de la Certification Professionnelle. La possibilité donc d'obtenir, sous le soleil ibère, un diplôme français -valable pour toute l'Europe puisqu'inscrit dans l'accord de Bologne- et le tout avec un caractère fortement international et des cours impartis en anglais.

 

Moins de maths et plus de marketing

Mais Epitech c'est aussi -et surtout- une pédagogie basée sur l'apprentissage par projets. "Moins de maths et plus de marketing", résume le DG d'Epitech en Espagne à propos des spécificités qui distinguent Epitech de l'offre classique. Si les 7 élèves de la première promo, celle de 2017, ont obtenu leur diplôme en 2022, ce sont désormais plus de 100 étudiants qui ont obtenu leur diplômes de Bachelor ou de Bachelor + Master. Tous ont présenté un projet de fin d'étude visant à développer le prototype d'un produit innovant, associé à un business plan pour son lancement commercial, autant de concepts étudiés sur les bancs de l'école et lors des stages obligatoires en entreprise. "Notre apprentissage est ancré dans la pratique", confirme Xavier Nuñez "et les expériences en entreprise constituent un socle essentiel de notre formation".

L'attractivité espagnole

Pour pouvoir proposer des stages (rémunérés) à ses élèves, l'ex cadre dirigeant a dû dès son arrivée à Barcelone, créer des partenariats puissants avec la sphère entrepreneuriale. "Notre premier partenariat s'est monté autour du e-commerce", se souvient-il. "Aujourd'hui, on a plus d'une centaine d'accords qui ont débouché sur la tenue de quelque 240 stages de 4 à 6 mois chacun", se réjouit-il. "Cela permet vraiment d'ancrer l'expérience de nos jeunes dans un écosystème particulièrement dynamique". Ainsi, si on compte plus de 150 hubs digitaux à Barcelone, Madrid n'est pas en reste, avec de surcroît dans la capitale, une forte présence des sièges sociaux de multinationales. "L'attractivité espagnole, avec la qualité de vie que le pays propose, et l'internationalisation du tissu entrepreneurial, constituent sans nul doute un argument supplémentaire pour faire ses études ici", considère Xavier Nuñez. La moitié des étudiants inscrits en première année sont des étrangers -sur l'ensemble des programmes, les Français représentent un tiers environ des effectifs. "L'objectif est de passer la vitesse supérieure", estime le DG, "en accueillant toujours plus d'étudiants et en faisant grandir nos campus".

 

Bootcamps et hackatons

Le développement d'une offre complémentaire, avec des programmes plus courts et plus seniors, pourrait bien constituer une sérieuse piste pour assurer la croissance des effectifs. A l'instar du programme en data science lancé en collaboration avec Schneider Electric. Ce bootcamp, axé sur la data science et l'intelligence artificielle, a permis de former 16 élèves, "dont la moitié est déjà en stage", avec de belles perspectives d'embauche à la clé. "Il faut que l'on multiplie ce type d'initiatives", estime Xavier Nuñez. A l'approche du Mobile World Congress, du 3 au 6 mars prochain à Barcelone, l'école est en tous cas en effervescence. A cette occasion, un hackaton est organisé en collaboration avec Vueling et les organisateurs du MWC, qui verra notamment 130 étudiants d'Epitech Paris débarquer dans la capitale catalane pour participer à l'épreuve. Objectif : développer un traducteur de voix embarqué, effectif en temps réel. Du concret, comme Epitech aime faire valoir, en lien avec le tissu entrepreneurial local. Prochain rdv dans la foulée : le salon de l'éducation Aula à Madrid et le Salon de l'ensenyament à Barcelone, où Xavier Nuñez entend bien recruter un bon nombre d'étudiants. "Le processus d'admission est déjà ouvert", éclaire-t-il, "en France via le système Parcoursup et en Espagne directement sur dossier, avec entretiens et tests d'entrée".

100% d'employabilité

"Je ne connais pas un étudiant chez nous qui finalise le cursus et qui soit au chômage", conclut le DG d'Epitech Espagne, qui se targue d'un taux d'employabilité de 100% en fin d'études -mais aussi d'un taux d'abandon inférieur à 15% et d'une rémunération moyenne de 40.000 € bruts au premier emploi de fin d'études.