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Comment l'Allemagne et Berlin se préparent à un futur embargo sur le gaz russe ?

manifestation Allemagne contre Russie après invasion Ukrainemanifestation Allemagne contre Russie après invasion Ukraine
© Noah Eleazar - Unsplash
Écrit par Gabrielle Gatelier
Publié le 21 avril 2022

Depuis le 12 avril, le Sénat de Berlin est en pleine discussion sur un nouveau projet traitant des conséquences économiques et sociales qu'impliquerait un embargo sur le gaz russe. 

 

Alors que la guerre en Ukraine bat son plein, l'Allemagne s'affaire à s'émanciper de la Russie. Et bien que les 16 Länder soient régis par le Bundestag, le Länder de Berlin a démarré un nouveau projet alliant le département de l’Économie et celui des Transports, afin d'évaluer les conséquences d'un embargo sur les énergies russes et de mettre en place de nouvelles mesures pour l'accueil des réfugiés ukrainiens suite aux décisions prises par le pouvoir fédéral.

 

En effet, il a été décidé ce jeudi 7 avril de changer le statut des ukrainiens dans une optique d'alléger la charge de travail des bureaux pour la protection sociale, dont celui de Berlin qui a été surchargé. Les réfugiés seront alors redirigés vers les centres d'aide à l'emploi afin qu'ils puissent participer à l'économie allemande. Par la même occasion, l'État fédéral a également prévu de distribuer environ 2 milliards d'euros de subventions aux différents États afin de couvrir les frais dédiés aux ukrainiens. Ces coûts s'additionnent au budget que l'Allemagne a décidé d'allouer afin d'armer l'Ukraine et contrer les forces russes. Et bien que l'offensive a son importance, l'Allemagne continue de financer son adversaire par la même occasion.

 

Les énergies fossiles

 

Après de nombreux coups de pression de la part de l’Union européenne et du gouvernement ukrainien, le Chancelier Olaf Scholz avait annoncé il y a environ deux mois son Zeitenwende ("changement d'époque"), restant cependant réticent à l'idée d'un embargo immédiat. Il faut se rappeler que l’Allemagne dépend du gaz russe depuis une cinquantaine d’années et qu’une telle mesure ralentirait la croissance économique de 1.9%, et le chômage passerait de 5.2% à 6%. Robert Habeck, Ministre des Relations Économiques, le confirme “l’Allemagne essaie de rapidement gagner son indépendance vis-à-vis du gaz allemand. Mais nous devons tout de même agir prudemment”. Les importations de gaz russe représentent 40% des importations de l'Allemagne au premier trimestre 2022. Le gouvernement allemand espère abaisser sa consommation à 24% cet été, mais une indépendance complète ne serait apparemment pas atteignable avant 2024.

 

Tout de même, l'indépendance vis-à-vis du charbon et du pétrole pourrait se réaliser cette année, avec les bonnes infrastructures, selon le Chancelier. Cette nouvelle arrive avec un timing parfait alors que l’Union européenne a voté un nouveau lot de sanctions pour l’auteur de “l’intervention militaire spéciale”, dont l’interdiction de leur acheter du charbon d’ici août 2022, représentant à terme, une perte de 8 milliards d’euros par an pour la Russie. 

 

 

 

Une amitié de longue date

 

Bien que le plan commence à se mettre en place, diverses entraves ralentissent le processus. L’Allemagne dépend majoritairement de la Russie pour toutes les énergies fossiles (voir le graphique). Mais l’approvisionnement de celles-ci est également facilité par leur infrastructures actuelles. O. Scholz explique qu’il faudrait en construire d’autres comme “des gazoducs vers la côte nord de l'Allemagne, des ports de regazéification qui permettent, par exemple, aux navires de GNL d'alimenter le réseau de gaz en Allemagne.” 

 

statistiques énergies fossiles russes importées en Allemagne avant et après invasion ukraine

 

Martin Brudermüller, PDG de BASF, explique que “l’énergie russe bon marché a été à la base de la compétitivité de [leur] industrie”, et que par conséquent l’Allemagne doit désormais tirer leçon de sa dépendance énergétique avec la Russie pour ses accords futurs, notamment avec la Chine, important acteur de leur modèle d’exportation, selon Norbert Röttgen pour le New York Times.

 

Un grain de sable pour la Russie

 

Alors que l’Allemagne s’affaire à conclure son indépendance pour redorer son image, la Russie ne frissonne même pas à l’idée. Éric Albert écrit dans un de ses papiers que “depuis 2014, la Russie opère sous différentes sanctions imposées par les Etats-Unis et l'UE, et elle s'est adaptée à ces contraintes” selon les économistes d’Axa. Plus important encore, le journaliste souligne que l’exportation de leurs énergies fossiles ne représente que 15% du PIB russe, soit 240 milliards de dollars par an. Aussi, le gèle de leur dépôts dans des institutions étrangères, s’élevant à 95 milliards de dollars, ce n’est rien comparé au 630 milliards présents au sein de leur banque centrale.

 

Cette urgence du côté allemand montre le pouvoir économique de la Russie. Die Welt résume bien cette situation comme la “plus grande et dangereuse erreur de calcul de la République Fédérale”.

 

 

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