Avant de nous tourner vers ce que nous réserve la 75ème édition de la Berlinale qui se tiendra du 13 au 23 février prochain, replongeons-nous dans les archives du festival à travers 5 moments qui ont marqué son histoire.
Le cinéma aussi a sa sainte trinité, et avec le lion d’or de Venise et la palme d’or de Cannes, une autre récompense fait briller les yeux des passionnés et cinéastes du monde entier : l’Ours d’or de Berlin.
1951 - Une première édition qui donne le LA
A l’image du festival de Cannes qui avait été conçu comme une réponse culturelle à la propagande fasciste des années 30, la Berlinale porte dès son origine une teneur hautement politique. A l’heure de la première édition du festival en 1951, l’opposition entre Berlin-Est et Berlin-Ouest est déjà affirmée deux ans après l’épisode du “blocus de Berlin”.
La Berlinale est alors pensée par les institutions de l’ouest comme une “vitrine du monde libre” dans la capitale même où les deux idéologies de la guerre froide se font face.
Aussi bien tourné vers l’ouest que destiné à envoyer un message de l’autre côté du rideau de fer, le festival à l’entrée de la Guerre Froide embrasse un caractère politique en faisant la promotion d'œuvres traitant de thèmes comme la liberté et la démocratie. Mais la politisation du festival se veut implicite, subtile. Les scénarios suffisent à faire passer des messages sans que les cinéastes n’aient à se prononcer.
1970 - Le festival n’est pas ok ?
C’est 20 ans plus tard que les organisateurs de la Berlinale vont mettre à mal la neutralité artistique du festival voulue depuis deux décennies.
Cette année-là, en effet, le réalisateur allemand Michael Verhoeven présente O.K, sélectionné en compétition officielle. L’histoire d’un viol et d’un meurtre dans les forêts bavaroises sous fond de tension dans une Europe divisée par le rideau de fer. Mais en 1970, tout le monde comprend la référence à peine voilée à un évènement se déroulant 4 ans plus tôt. En 1966, au Vietnam, 4 soldats américains enlèvent, violent et tuent une jeune Vietnamienne.
Les spectateurs sont choqués, Verhoeven censuré et le festival interrompu. C’est inédit dans l’histoire de la Berlinale.
1990 - Le cinéma réunifié
Le festival s’est parfois fait rattraper par l’actualité. C’est le cas de la 40ème édition, première à se dérouler au lendemain de la chute du mur le soir du 9 novembre 1989. La Berlinale conçue comme “la vitrine du monde libre” devient le miroir d’une société en mouvement et de la fin d’un monde qu’elle avait contribué à bâtir.
Il est décidé d’ouvrir le festival à l’entièreté de la ville (à l’Est comme à l’Ouest). Les organisateurs prennent des dispositions afin de permettre aux équipes, aux films et aux matériels de traverser les frontières en empruntant le célèbre “couloir des diplomates” situé au poste-frontière de l’Invalidenstraße.
Paradoxalement, les films de la sélection cette année-là ont eu du mal à se montrer à la hauteur des bouleversements historiques qui se déroulaient en dehors des salles obscures. Le 7ème art jusque-là aux avant-gardes des mouvements sociaux avait besoin d’ajustement, confronté à une effervescence qu’il ne pouvait ni prédire, ni montrer.
2011 - La Berlinale face à l’oppression
Ainsi lorsqu’en février 2011, les yeux du monde entier se tournent vers le Proche-Orient, ébranlé par l’avènement des Printemps arabes. Le Festival réagit, comprend que si la célébration du cinéma n’est peut-être pas la chose la plus importante, elle reste nécessaire, témoin des changements qui animent notre siècle.
Cela est particulièrement vrai car cette année-là, à la Berlinale, un siège demeurait vide. Jafar Panahi, alors membre du jury international et condamné à ne plus pratiquer son art pendant 20 ans pour “Propagande contre le régime” par le gouvernement iranien.
Comme un revers à l’histoire et à l'oppression, il gagne en 2015, l’Ours d’Or pour son film “Taxi Téhéran”, réalisé dans la clandestinité.
2019 - Une année 50/50
Lors d’une conférence de presse, Rajendra Roy alors membre du jury s’installe face aux journalistes et décide par la même occasion de marquer l’histoire du festival. Il arbore un t-shirt affirmant “THE FUTURE OF FILM IS FEMALE” (l’avenir du cinéma est féminin). Le ton est donné.
La Berlinale s’engage la même année à faire la place aux femmes aussi bien dans l'organisation que dans la création en atteignant pour la première fois en 2019 la parité dans deux de ses comités. 7 films en compétition officielle sont réalisés par des femmes. Une femme, Juliette Binoche, préside le jury cette année-là. Mais l’évènement le plus marquant restera la signature du “Pacte 50x50” par le directeur du festival Dieter Kosslick.
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