Unorthodox et Sense8 sont deux séries Netflix dont certaines scènes se déroulent à Berlin. Quels lieux de la capitale sont-ils mis en valeur ? L’ambiance de la ville y est-elle bien représentée ?
Unorthodox, entre Williamsburg et Berlin : le choc des mentalités
Créée par Anna Winger et Alexa Karolinski, Unorthodox est l’adaptation du livre « Unorthodox: The Scandalous Rejection of My Hasidic Roots » (« Peu orthodoxe : Le rejet scandaleux de mes racines hassidiques » en français) de Déborah Feldman, autrice germano-américaine qui vit aujourd’hui à Berlin. La série raconte l’histoire de Esty, une jeune fille issue d’une famille juive ultra-orthodoxe vivant à Williamsburg dans le quartier de Brooklyn. Après s’être mariée à 19 ans et après avoir eu des difficultés au sein de la communauté, elle décide de s’enfuir à Berlin car sa mère y vit depuis quelques années.
A peine arrivée dans la capitale allemande, Esty découvre un monde diversifié et empli de possibilité. « Robert est le seul d'entre nous qui soit réellement originaire de Berlin ». Cette phrase prononcée par une étudiante en musique dans le premier épisode reflète l’ensemble de la série et comment Berlin est perçu par les créatrices.
Le lac Wannsee, un vent de liberté
En effet, peu de temps après son arrivée Esty fait la rencontre d’un groupe d’étudiants en musique très accueillants et issus de nationalités différentes. Ils lui proposent d’aller au lac de Wannsee et une scène très émouvante s’y déroule. Esty se baigne pour la première fois de sa vie et se débarrasse de sa perruque qu’elle avait l’obligation de porter. Le lien entre l’abandon de la perruque et le départ d’une nouvelle vie est très fort. Le lac de Wannsee où l’on trouve un espace autorisant la nudité, illustre alors la liberté d’expression fortement revendiquée à Berlin.
La Philharmonie de Berlin, l’art et la créativité berlinoise
Les jeunes adultes que rencontre Esty étudient la musique. Plusieurs scènes sont filmées devant et à l’intérieur de ce bâtiment jaune, couleur vivre et lumineuse, qui représente l’accueil chaleureux qu’offre Berlin. C’est à la Philharmonie de Berlin qu’Esty résidera en cachette et débutera sa nouvelle vie. L’art et la créativité font partie de la capitale allemande qui met à l’honneur ses artistes comme à la « East Side Gallery » sur les restes du mur. Pendant toute son enfance et adolescence, Esty était contrainte d’étouffer son amour pour la musique. A Berlin, elle a enfin la possibilité d’exprimer son art librement.
Les clubs technos, reflet d’une sexualité libre
Berlin est célèbre dans le monde entier pour ses clubs et boites de nuit qui diffusent entre autre de la musique techno. Esty y expérimente un monde qu’elle n’a jamais connu et qui est totalement opposé à l’éducation qu’elle a reçue. Ce que la série met également en exergue est la présence de la communauté LGBT à Berlin. D’ailleurs, la capitale allemande organise chaque année une Gay Pride connue comme étant une des meilleurs au monde : le CSD Berlin (Christopher Street Day) !
Ce que la série ne montre pas
Mais Berlin est également une ville chargée d’histoire. Au lac Wannsee par exemple, on retrouve la maison de la conférence de Wannsee où les nazis ont mis en œuvre la « solution finale » qui tuera des millions de Juifs.
Par ailleurs, ces derniers ne vivent pas dans des conditions idéales au moment où la série prend place. Une augmentation des actes antisémites est en effet observée depuis quelques années et plus récemment, plusieurs symboles et drapeaux néonazis ont été brandis durant la manifestation « anti-masque » du 29 août.
Enfin, Deborah Feldman, dont la série raconte l’histoire, affirme que son installation à Berlin a été bien plus complexe que ce que la série montre.
Trailer (vostfr) :
Sense8, la science-fiction prend Berlin pour décor
La série Netflix Sense8 met en scène 8 personnages principaux issus de 7 nationalités différentes. L’un des membres du cercle des « sensitives » (« sensitifs » en français) se nomme Wolfgang et vient de Berlin. Les « sensitives » possèdent des pouvoirs similaires : ils ont la capacité de partager des expériences sensorielles et de se téléporter dans la réalité des autres membres. Wolfgang est un cambrioleur professionnel, natif de Berlin-Est. Certaines scènes de la série nous transportent donc dans la capitale allemande.
Le mémorial de l’holocauste, un lieu de recueillement
« Lorsque j’ai une décision difficile à prendre, je viens ici. Cet endroit m’apporte une grande clarté d’esprit ». Cette phrase prononcée par un ami de Wolfgang illustre l’aspect profond et solennel du mémorial de l’holocauste de Berlin. Dans une scène très intense de la série, les sensitives s’y retrouvent tous afin de comprendre le sens de la question « Qu’est-ce qui est humain ? » Cette question existentielle s’accompagne d’une réflexion autour de l’holocauste, du passé et du devoir de mémoire.
Le mémorial a en effet été construit dans le but de susciter l’inconfort et la confusion. Cela représenterait l’absurdité du système nazi qui supprime toute part d’humanité et d’empathie qu’il y a en l’Homme. Le gris, couleur triste et froide, représente également la conformité et l’absence d’esprit critique du régime nazi. Dans la série, cette même conformité est présente chez les « traqueurs » de « sensitives ».
Le mur de Berlin, division du peuple allemand
Bien qu’il n’y ait pas de scènes en face des restes du mur de Berlin, celui-ci tient un léger rôle dans la série. Un ami de Wolfgang parle de division entre les humains. Le peuple berlinois a connu une énorme scission lors de la Guerre froide avec la construction du mur de Berlin. La série fait un rapprochement entre la division des hommes dans la série entre les sensitives et l’organisation qui les traque, et celle entre Berlin-Est et Berlin-Ouest imposée par la Guerre froide.
Trailer (vostfr) :
D’autres séries se déroulent également à Berlin comme Dogs of Berlin (Netflix) ou Babylon Berlin. La capitale allemande est fortement mise à l’honneur, pour le meilleur ou pour le pire !