Wolfgang Hennen est le directeur général de l'application contre le gaspillage alimentaire « Too Good To Go » en Allemagne. Le 22 mars prochain, ce « franco-allemand » sera l’invité du Networking Berlink #2 sur le thème de la « digitalisation au service du développement durable ».
« Too Good To Go », ou « trop bon pour partir », est une application mobile mettant en relation des restaurants ou commerces partenaires qui souhaitent revendre leur surplus alimentaire, avec des consommateurs prêts à le leur racheter au moindre coût. Présente à travers 17 pays, son impact sur l’environnement est réel : l’entreprise danoise vient de célébrer les 200 millions de repas sauvés en 2023. En Allemagne, c’est Wolfgang Hennen, ou « Wolf » pour les intimes, la cinquantaine, qui est à la tête de l'entreprise depuis juin 2022.
Un boomer, conseiller d’influenceurs
Pour présenter ce personnage au parcours aussi divers qu'atypique, il faut replonger dans son enfance. Wolf est né en Allemagne, mais a passé ses plus jeunes années dans les pays francophones d’Afrique, au Burkina Faso et au Rwanda, où il apprendra notamment le français. En grandissant, il parcourt le monde, en tant qu’officier dans la marine et déménage 19 fois. « Je suis étranger un peu partout. J’ai eu la chance de découvrir d’autres cultures, d’autres langues. » Après 12 ans dans la marine, puis 16 ans chez Lidl, il s’est retrouvé à la tête de Too good too go Allemagne, dans des locaux branchés à Kreuzberg.
La première fois que je suis venu à Berlin, en 2005, j’ai eu un coup de foudre. J’ai toujours su que je voulais habiter ici.
- Wolfgang Hennen, directeur de Too good to go en Allemagne
Et pourtant, ce n’est pas le poste de directeur de l’appli danoise qui l’a fait venir dans la capitale allemande. Cet amoureux du monde a toujours voulu habiter ici : « La première fois que je suis venu à Berlin, en 2005, j’ai eu un coup de foudre. » Il explique : « C’est la ville au monde où la tolérance est la plus grande, où l’ouverture est la plus belle, et où le jugement est si rare. »
Ni une ni deux, il déménage à Berlin pendant la pandémie après avoir quitté son poste chez Lidl ; sans but, simplement par conviction d’être là où il doit être. Dans l’immeuble où il habite, il sera surpris du paradoxe constaté entre les voitures de luxe qui y sont garées et la population jeune qui y habite. En les interrogeant, il réalise que ses voisins sont e-gamers et influenceurs, et gagnent leur vie grâce aux outils numériques. De fil en aiguille, il devient leur conseiller : « Pour eux, c’était une valeur ajoutée d’avoir comme conseiller quelqu’un d’’old school’, un ‘boomer’ d’une autre génération, » explique Wolfgang. Alors épanoui de travailler à son rythme, dans un environnement choisi ; il ne s’imagine plus rejoindre une entreprise.
L’évidence Too Good To Go
C’est un ami qui parle à Wolfgang du poste. « Je ne connaissais pas Too Good To Go, même en ayant travaillé pendant 16 ans dans l’industrie alimentaire » se souvient-il. Il raconte alors une rencontre naturelle lors des entretiens : « J’ai directement eu l’impression de pouvoir rester moi-même. Ca faisait longtemps que je ne m’étais pas autant investi pour un travail. »
Dans les locaux de Too Good Too Go à Berlin, Wolfgang vient au travail accompagné de son chien, Loup, où il se sent en adéquation avec son équipe jeune et dynamique, et en accord avec les valeurs de l’entreprise. « Ici, tout le monde vient à vélo ou en transport en commun. On fait nos voyages professionnels le plus souvent possible en train. On essaye d’adopter un comportement éco-responsable à tous niveaux ».
Too good to go possède la certification d’entreprise « B corp » délivrée aux sociétés commerciales répondant à des exigences sociétales et environnementales très strictes. Ainsi, du chauffage à l’électricité, en passant par la manière de faire ses achats, ou par l’application elle-même, l'entreprise s’inscrit dans une démarche durable à tous les niveaux de son activité.
La digitalisation au service du développement durable
La mission de l’application mobile est de donner au plus grand nombre la possibilité de réduire le gaspillage alimentaire. Et cela a été rendu possible grâce à la digitalisation : « C’est grâce à elle qu’on a réussi à faire le lien entre les gens qui ont un surplus alimentaire et ceux qui souhaitent en bénéficier. » En Allemagne, Too Good To Go permet de sauver chaque jour 50 000 repas. « En sachant qu’un repas équivaut à 2,5Kg de CO2, l’impact sur l’environnement est énorme, » souligne Wolfgang.
En ayant grandi dans une culture où avoir assez de nourriture n’était pas la norme, Wolfgang a toujours été choqué par le gaspillage alimentaire dans nos pays européens : « Le gaspillage alimentaire concerne pourtant tout le monde, peu importe le milieu, peu importe la génération : de la grand-mère de 90 ans qui souhaite conserver de la bonne nourriture à l’adolescent de 14 ans qui s’implique pour le climat ».
Aujourd’hui, la plateforme rencontre une croissance énorme. Chaque année, elle double son nombre de partenaires et d’utilisateurs : « Tout le monde y gagnent : les utilisateurs reçoivent un repas bon marché, les partenaires vendent au lieu de jeter, et l’impact environnemental est moindre ! Chez Too Good To Go, plus on a du succès, plus on est durable. Plus on est durable, plus on a du succès. Et donc, ça change la dynamique de travail », s’enthousiasme l’ancien officier dans la marine.
Celui qui passe son temps libre à restaurer de vieux bateaux se dit vouloir rester dans l’entreprise encore longtemps, jusqu’à atteindre l’âge de la retraite. « Je ne me suis jamais autant senti moi-même, ici. Je n’ai plus envie de déménager, je ne veux travailler que pour des choses pour lesquelles je suis passionné, » ajoute-t-il.
Wolfgang sera présent au networking Berlink #2, organisé par Emploi Allemagne, le podcast Berlin de toi et lepetitjournal.com Berlin, pour parler de « digitalisation au service du développement durable ».
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