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Emilie et Gulam, fondateurs de l’ONG Doh Aein, l'embellisseur urbain

ONG Doh Aein en BirmanieONG Doh Aein en Birmanie
Écrit par Julie Das
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 22 janvier 2018

Emilie et Gulam se sont rencontrés par hasard  il y a moins de deux ans à Yangon. Ils sont aujourd'hui  partenaires et fondateurs de l’ONG Doh Aein, en français "Notre Maison". Ensemble, ils ont construit un petit empire en Birmanie à partir d’un intérêt commun : l’entraide. Récit d’une belle aventure solidaire entre Emilie, 23 ans, hollandaise et Gulam, un père de famille birman et ancien chauffeur de taxi. 

C’est avec un diplôme d’anthropologie et de philosophie en poche, qu’Emilie Röell, originaire de la campagne de Maastricht, accepte en 2013 un poste méritant au Programme de Développement de l’ONU (UNDP) à Yangon, dans lequel elle ne parvient pas à s’épanouir entièrement.  Mais Emilie se met alors à la recherche d’une mission plus valorisante sur le terrain. Dans cette institution de renom mais plutôt lourde au niveau administratif, elle se voit déjà suivre une carrière confortable, toute tracée qui ne correspond ni à sa personnalité ni à ses envies profondes. Jeune, énergique et très confiante, elle finit par quitter son poste en 2015 pour se ressourcer et réfléchir sur la prochaine étape de sa vie.  Elle habite alors en centre ville et vit au rythme birman, entourée de voisins adorables. Un beau matin, elle fait une rencontre inattendue avec un chauffeur de taxi birman de son quartier, un certain Gulam, marié avec deux jeunes enfants et en difficultés financières. Emilie se prend d’amitié pour cet homme et décide spontanément de lui venir en aide. Gulam lui explique qu’il possède un deuxième appartement dans un vieil immeuble colonial qu’il loue pour une bouchée de pain. Emilie a alors l’idée de lui prêter, sur ses fonds propres, l’argent nécessaire pour le rénover afin de le louer à un prix honorable.

C'est un pari gagné puisqu’une fois l’appartement refait à neuf, il est loué quatre fois plus cher! Gulam et Emilie sont satisfaits de cette première expérience réussie et décident de la renouveler avec le neveu de Gulam qui habite lui aussi dans un appartement vétuste d’un sublime immeuble colonial. C’est à nouveau un succès puisque l’appartement est aussitôt loué au-delà des espérances de tous!  Leur "petite" aventure se poursuit et les voilà en un rien de temps à la tête de cinq chantiers de rénovation. Les deux partenaires réalisent vite que ce projet peut embellir la vie des birmans et ils décident d’aller plus loin en institutionnalisant leur projet par la création de l’ONG Doh Aein. Dans la foulée, une entité commerciale est mise sur pied pour assurer la gestion des locations d’appartements. Avec un enthousiasme débordant, ils parviennent à s’entourer d’une équipe internationale de jeunes semi-bénévole dotée d’une expertise dans les domaines de l’architecture, du design et de la construction. Ils sont, à l’heure actuelle, 27 bénévoles actifs sur le terrain et 8 à travailler dans le marketing et la gestion. Mais Emilie ne se satisfait pas de restaurer des appartements. Elle a une vision plus large et plus communautaire. Ce qui lui importe, c’est la pérennité du projet et pour cela, elle comprend que la clé est de faire valider le projet par les résidents du quartier en leur donnant des responsabilités. Elle organise à cet effet une réunion dans une de ces contre-allées habitées par les rats et demande à chacun de mettre la main à la patte en nettoyant, ensemble, les lieux. A son grand étonnement, 50 résidents se joignent aux festivités et même les enfants s’adonnent au coloriage des murs. Une vraie entraide se crée et le concept "d’allées de jardin" née! Un espace commun propre et serein pour accueillir la communauté du quartier au quotidien et se réunir pour les festivités… 

Emilie profite du momentum pour peaufiner le concept en invitant des artistes birmans émergeant à peindre les murs et en cherchant des sponsors pour obtenir des dons comme des balançoires, des parasols ou encore des grandes poubelles pour le recyclage. Un coin bibliothèque et "fitness" est créé pour les jeunes, des résidents donnent des jouets de deuxième main... En somme, tout le monde se mobilise pour donner vie à cet espace communautaire d’échange et de vie. Petit à petit, une deuxième, une troisième puis une quatrième allée se crée. Les résidents prennent conscience de leur patrimoine et se mobilisent pour le protéger tout en en bénéficiant. En moins de deux ans, Doh Aein connaît une croissance exponentielle et les activités sont divisées. D’une part, l’ONG dont l’objectif est la mise en place de modèles éducatifs pour former la jeunesse à la conservation du patrimoine et à l’économie durable. Et d’autre part, une entité commerciale pour superviser la gestion des projets liés à la conservation du patrimoine. Doh Aein agit aussi en tant que consultant et travaille en collaboration avec l’hôtel Kempinski qui est en train de se construire. L’idée est de créer une zone pédestre autour de l’hôtel dans laquelle les petits marchands auront un vrai espace de vente afin de préserver le patrimoine culturel de rue. La face de Yangon est en train de changer grâce à ces initiatives et le plus grand défi pour Emilie est la prise de conscience des locaux. "Cette ville leur appartient et c’est notre devoir de les éduquer pour qu’ils conservent leur trésor patrimoniale et qu’ils puissent profiter à terme d'une qualité de vie plus saine, plus verte et plus communautaire." 

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Publié le 21 janvier 2018, mis à jour le 22 janvier 2018

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