Flores, quartier natal du pape François, en deuil

 

Reportage réalisé par Chloé Roulet et photos prises par Zoé Decros.

 

 

Buenos Aires, 21 avril 2025. Au pied de la statue du Christ, dans la basilique San José du quartier de Flores, une femme en larmes pleure la disparition de celui que l’on appelait

 

"El Papa de Flores y de los pobres"

 

Né en 1936 dans ce quartier populaire de Buenos Aires, de son vrai nom : Jorge Mario Bergoglio, premier pape latino-américain, s’est éteint cette nuit selon un communiqué officiel du Vatican publié à 7h35.

 

 

Rue Membrilla, numéro 531, Flores. Buenos Aires. En ce jour de deuil, les fidèles déposent fleurs et bougies devant l’ancienne maison du pape argentin. Certain·e·s prient, d’autres pleurent – un silence de plomb entoure la maison aux briques rouges de style colonial.

 

 

Rue Membrilla, numéro 531, Flores. Buenos Aires. Jasmine, catholique pratiquante d’origine colombienne, se recueille devant la maison d’enfance du pape François dans le quartier de Flores.  Elle nous confie

 

"Venir devant sa maison, c’est très fort. Là où ses parents ont lutté en arrivant d’Italie jusqu’ici. "

 

Émue, elle se souvient d’un pape simple et généreux : "François, c’était le seul qui s’est dépouillé. Il a tout donné."

 

 

Place Herminia Brumana, Flores, Buenos Aires. A quelques mètres, la place Herminia Brumana, où il avait l’habitude d’échanger avec les jeunes et les habitant·e·s du quartier. Marcela, 65 ans, résidente de Flores depuis 2016, se souvient : "Il jouait au foot ici, au coin de la rue. C’était une personne très humble, il prenait le métro". Pour elle, croyante, le pape "représentait tout (...) il venait de là, du catholicisme populaire, celui des quartiers pauvres."

 

 

À trois rues de sa maison d’enfance, l’école primaire Pedro Antonio Cerviño, aux couleurs vertes et rouges, a accueilli Jorge Mario Bergoglio dès 1943.

 

 

Une plaque rend hommage à l’élève devenu pape. Tomas, étudiant de 24 ans, petit enfant du quartier s’y rend pour la première fois.  "J’ai appris la nouvelle par message, puis je suis allé en parler avec ma grand-mère — elle a un grand portrait du Pape chez elle." Comme, beaucoup, Tomas voyait en Francisco "un pape différent, qui propageait un message de justice sociale et de paix."

 

 

Plus bas, au 2398 de l’avenue Directorio, se trouve La Farmacia, bar emblématique du quartier. Son propriétaire, Fernando Vidal, raconte que son beau-père, ancien pharmacien des lieux, était l’ami de Jorge Mario Bergoglio : "Ils parlaient de tout, ils avaient un lien très fort." Pour Fernando, le pape était "différent, spécial", un homme hors norme :

 

"C’est le premier religieux qui a clarifié les comptes au Vatican."

 

 

Photo du beau-père de Fernando Vidal, pharmacien et grand ami du pape François alors encore archevêque Jorge Mario Bergoglio, affichée sur l’un des comptoirs du bar de la Farmacia, Flores, Buenos Aires.

 

 

En face de la Plaza Flores, la Basílica San José surplombe le quartier. Cet édifice néo-classique haut de 62 mètres est connu de toustes ici. Alors âgé de 17 ans, le pape aurait, ici, reçu l’appel de Dieu dans un confessionnal de la Basilique. Depuis ce jour, l’argentin n’a cessé de consacrer sa vie à la religion catholique.

 

 

Basilique San José, Flores, Buenos Aires. C’est dans ce lieu empreint de ferveur que les Argentins et Argentines se sont rassemblé·e·s en début de soirée pour assister à la messe d’adieu à leur pape, à leur père. Dès les premiers mots du prêtre, les larmes coulent sur les joues des fidèles. L’émotion est palpable, l’amour pour cette figure emblématique emplit l’air.

 

 

Basilique San José, Flores, Buenos Aires. Dans un pays où 92 % de la population se déclare catholique, et dans un contexte social et politique marqué par des taux records de pauvreté et d’indigence, la disparition du pape François frappe durement le peuple argentin. 

 

 

Basilique San José, Flores Buenos Aires. Malgré les divergences politiques entre le président argentin Javier Milei et l’autorité pontificale, ce dernier a décrété, dans la matinée, une semaine de deuil national. Au-delà de l’arrêt des activités officielles suspendues à travers le pays, cette semaine sera marquée par de nombreux événements cérémoniaux, dans la capitale comme dans tout le pays, pour célébrer une fois encore le Père des pauvres.

 

Retrouvez le travail complet de Zoé Decros sur Instagram.