Après l'annonce du décès du "Pape Francisco" ce lundi 21 avril, les argentin·e·s ont exprimé leur deuil à Buenos Aires. Un événement était fortement attendu en fin de journée : la messe de 19 heures à la Basilique San Jose de Flores, dans le quartier natif du défunt.


Reportage et photos de Jade Lucas.
Il est 20 heures et nombreux.ses sont celleux qui ont répondu présent·e·s à la messe en hommage au pape François - ou Francisco - ce lundi pascal. Aux pieds de la Basilique San José de Flores, ancien fief de Jorge Mario Bergoglio, des centaines de fidèles sont venus seul·e·s ou en famille pour pleurer l'un des argentins les plus connus.
L'invitée de la discorde
Cependant, la messe ne s'est pas terminée dans un calme ecclésiastique. Et pour cause, la présence de la vice-présidente argentine d'extrême droite, Victoria Villarruel, n'a pas fait l'unanimité. Celle qui est fille de haut-gradé de l'armée se revendique ultra conservatrice et défend régulièrement une vision révisionniste de la dictature militaire. "Une militaire avec l'Église, ça ne peut pas marcher" affirment deux retraitées argentines venues montrer leur respect à leur pape.
La descente de la femme politique sur le péron de la Basilique a donné lieu à une scène mémorable. Des jeunes militant·e·s scandent des chants antifascistes, alors que la compère de Javier Mileil tente, entourée d'une large sécurité, de rejoindre sa voiture quelques marches plus bas. Dans le chahut provoqué par ce passage tourmenté, deux femmes âgées ont été brusquement poussées.

Le décès papal : entre tensions et espoirs
Si le rassemblement des activistes est massif ce soir, c'est parce que la présence de Villarruel est choquante. "Elle vante la parole du seigneur mais, dans les faits, elle est négationniste et fasciste." informe une militante sur place. Mais les opposants au gouvernement n'étaient pas les seuls à venir exprimer leurs idées. La mort du pape a en effet réuni tous les bords politiques, ce qui a donné lieu à de forte agitations. "On a commencé à chanter et eux nous on dit qu'on avait peur", reprend l'interlocutrice, qui fait référence aux échanges tendus avec les pro-Mileil.

"Ne vous laissez pas voler votre espoir"
Cet événement, éminemment politique, résonne fortement avec l'actualité du pays. En brandissant un tambourin sur lequel est inscrit, sur une photo du pape, "Ne vous laissez pas voler votre espoir", une militante âgée exprime vouloir rendre hommage au pape comme "retraitée et partie de ce peuple humilié par ce gouvernement, pour ceux qui ne sont pas protégé·e·s, pour les jeunes". Alors que la plupart des agentin.e.s présent·e·s saluent le progressisme du "pape du peuple", l'hostilité envers le gouvernement d'extrême droite ne cesse de croître. Ce mardi et mercredi, le Conadu Historica, Fédération nationale des enseignant·e·s, chercheur·e·s et créateur·e·s universitaires, se met en grève pour célébrer le premier anniversaire de la grande marche étudiante fédérale du 23 avril, mais également pour défendre l'augmentation des salaires et les retraité·e·s.
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