Hervé Testard est neuropédiatre au CHU de Grenoble et au centre hospitalier Alpes Léman en Haute-Savoie où il dirige le service de pédiatrie et néonatologie. Il vient d’accomplir une mission bénévole à l’Hôpital Kantha Bopha de Phnom Penh. Il nous livre ses impressions.
Le Petit Journal du Cambodge : Bonjour Docteur. Vous êtes pédiatre et neuropédiatre. Vous êtes ici au Cambodge pour une mission bénévole. Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a amené à intervenir dans cet hôpital ?
Hervé Testard : Bonjour, je suis pédiatre et chef de service depuis 1996. Je me suis spécialisé dans les maladies neuromusculaires et les pathologies neurologiques de l’enfant. Mon intérêt pour le Cambodge a commencé lorsque j'ai rencontré Denis Laurent, un Français qui travaille ici depuis plus de 30 ans. En discutant avec lui, il m’a encouragé à visiter l’hôpital, où j'ai rencontré des médecins locaux désireux d'échanger sur leurs pratiques. J'ai décidé d'y consacrer une partie de mes vacances pour partager mon expertise.
LPJ : Quelles ont été vos impressions lors de votre première visite à l'hôpital ?
HT : J'ai été frappé par la qualité des soins et soucis de fournir les meilleurs soins possibles. Cet hôpital est entièrement gratuit pour les patients, ce qui est remarquable. Les équipes soignantes cherchent à développer des projets complexes, comme la chirurgie cardiaque ou la neurochirurgie pédiatrique. Bien que je ne puisse pas juger de l'ensemble de la pédiatrie au Cambodge, cet établissement m'a laissé une excellente impression.
LPJ : Quelles sont les spécificités de la pédiatrie au Cambodge par rapport à ce que vous connaissez en France ?
HT : Je dirais que l'hôpital où je suis venu est unique. On y trouve des pathologies que nous ne voyons pas souvent en France, notamment des maladies infectieuses sévères. Les maladies comme les maladies inflammatoires probablement d'origine virale sont bien diagnostiquées et traitées ici et les médecins que j’ai rencontrés font preuve d'un grand engagement.
il n’y a pas, à ma connaissance, au Cambodge, d'accès aux outils génétiques, dont l'intérêt reste pour le moment diagnostic et peu thérapeutique, et donc probablement pas une priorité.
LPJ : Quels types de cas avez-vous observés durant votre séjour ?
HT : J'ai vu des enfants souffrant de tuberculoses cérébrales, des pathologies qui nécessitent une approche multidisciplinaire. Il est essentiel que ces enfants bénéficient d'une prise en charge coordonnée entre neurologues, infectiologues et neurochirurgiens. L’hôpital est bien équipé pour gérer ces cas complexes, et je suis impressionné par la détermination de l’équipe médicale.
LPJ : Quel est l'objectif principal de votre visite ?
HT : Mon objectif principal est d'apporter des pistes diagnostiques et des solutions pour des cas difficiles. Je veux partager mes connaissances sur les maladies neurologiques et soutenir les médecins dans leur pratique quotidienne. La collaboration et l'échange de savoirs sont essentiels pour améliorer la qualité des soins.
LPJ : Quel message aimeriez-vous transmettre aux lecteurs de votre expérience ici ?
HT : Je suis profondément admiratif du travail des médecins ici. Ils sont très impliqués et font preuve d’une grande exigence envers eux-mêmes. Malgré les défis que représente le système de santé, il existe une réelle volonté de progresser. Je suis ici pour les aider, mais je repars également enrichi par cette expérience humaine et professionnelle.