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Rêves et Réalités : Les Visions Photographiques de Ly Sovanna et Mech Sereyrath

Dans le cadre du Photo Phnom Penh Festival, qui célèbre sa 15e édition, des photographes comme Ly Sovanna et Mech Sereyrath mettent en lumière des récits personnels et des enjeux environnementaux. Le festival, initié pour favoriser les échanges entre artistes cambodgiens et internationaux,avec des expositions dans divers lieux de la capitale.

Les Visions Photographiques de Ly Sovanna et Mech SereyrathLes Visions Photographiques de Ly Sovanna et Mech Sereyrath
@Ly Sovanna
Écrit par Photo Phnom Penh Festival Association
Publié le 5 novembre 2024, mis à jour le 10 novembre 2024

LY SOVANNA, Cambodge au Centre Bophana
 

La photographie peut, parfois, permettre de visualiser des rêves et des faits qui n’ont jamais existé. C’est ce sur quoi Ly Sovanna a travaillé pour cette série, la toute première de ses proposions photographiques, intitulée Ranoch Visited Angkor. « Ranoch » désigne une période​​ où la lumière de la lune devient de plus en plus faible la nuit et Ly Sovanna, né en 1979 dans la province de Kampong Cham, qui a grandi dans la province de Kampong Thom, la met en relation avec la mort de sa mère, qu’il perdit lorsqu’il avait 13 ans avant de devenir orphelin l’année suivante. Ils avaient tous deux rêvé d’aller ensemble visiter Angkor Wat dont elle lui disait la splendeur. La vie n’ayant pas permis d’effectuer cette visite, c’est en photographie que le professionnel de la communication l’a réalisée, offrant une nouvelle facette à sa personnalité déjà multiple. 

 

 @Ly Sovanna
 @Ly Sovanna


   La photographie n’était pourtant pas, jusqu’à il y a peu, le mode d’expression de Ly Sovanna. Après avoir obtenu une licence en technologie de l’information en 2003, il a été responsable, jusqu’en 2009, des médias catholiques pour le Bureau national catholique des communications sociales de l'Église catholique au Cambodge, ainsi que journaliste. De 2005 à 2009, il a été correspondant d'UCANEWS au Cambodge. Depuis 2009, Sovanna est chargé de la diffusion des informations pour le Bureau national catholique des communications sociales  au Cambodge. Bien que s’intéressant beaucoup à la photographie, ce n’est qu’en 2024 qu’il a rejoint Nimith Art Space de Mak Remissa durant lequel il a développé ce projet à Angkor.
 

 @Ly Sovanna
 @Ly Sovanna


   Pour permettre, en images, à sa mère de visiter les temples, il a fait appel à des collègues féminines, qui, seules, posent dans les ruines, se promènent, contemplent des bas-reliefs, s’inscrivent dans la géométrie d’une porte, croisent des touristes, posent avec en toile de fond cette architecture si caractéristique, les trois tours du temple montagne, seul monument au monde à figurer sur un drapeau national. Et, tout naturellement et en parfaite adéquation avec le titre de la série, la pleine lune s’invite au voyage et dessine la silhouette de la visiteuse et celle des ruines majestueuses.  Mais l’image de ces jeunes figurantes est la plupart du temps floue ou bougée pour éviter de les rendre trop présentes. Le choix du noir et blanc participe de cette volonté de ne pas nous mettre face à des images trop réalistes. Ce ne sont pas des fantômes, mais pas vraiment des humains, juste des présences pour rêver aujourd’hui un passé hier impossible.

 

MECH SEREYRATH, Cambodge à F3 (Friends Future Factory)

 

MECH SEREYRATH
                                       @Mech Sereyrath

 

 Pour produire davantage, pour consommer davantage, nous avons toujours besoin de plus d’énergie. C’est, depuis longtemps, un des problèmes qui a freiné le développement économique du Cambodge et c’est la raison pour laquelle la décision a été prise de construire le grand barrage de Lower Se San II, dans la province de Stung Treng, sur cette rivière qui est un affluent important du Tonlé Sap, donc du Mékong. Inauguré en 2018, c’est le barrage le plus puissant du pays, celui qui produit le plus d’électricité. Mais, comme cela s’est déjà passé dans d’autres pays, la création de ces gigantesques équipements a des conséquences, aussi bien sur la nature, la biodiversité, que sur les populations.
   C’est ainsi que les villages de Kbal Romeas et Sre Pok, essentiellement peuplés par des groupes minoritaires autochtones, ont disparu sous les eaux, partiellement ou entièrement. Certains habitants ont accepté de partir, d’autres ont refusé et vivent dans la forêt et boycottent l’électricité produite par le barrage.

 

                                       @Mech Sereyrath
                                       @Mech Sereyrath

 

   La jeune artiste, qui pratique également la vidéo et le cinéma s’intéresse depuis toujours aux sujets environnementaux et aux nouvelles découvertes. Elle a entre autres documenté la pollution de l’air à Phnom Penh, une école modèle de Siem Reap appelée Wat Bo ou la relation entre le Mékong et la forêt par exemple. Depuis ses études, en premier cycle, elle réalise des films documentaires et a participé à de nombreux films dont The expired, qui fut sélectionné pour le festival du film de Busan en 2023.
   Pour traiter des conséquences de la construction du grand barrage, Mech Sereyrath a choisi, dans une installation de photos et de vidéos, d’utiliser la pellicule infrarouge qui donne un aspect irréel aux choses, qui transforme le vert en rouge, évoque à la fois une forme de violence et rend tout fantomatique. 
 

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