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Faut-il encore parler des Khmers rouges au cinéma…

Inspiré du livre de la journaliste américaine Elizabeth Becker, Les larmes du Cambodge : l'histoire d'un auto-génocide (When the War Was Over: Cambodia and the Khmer Rouge Revolution), Rendez-vous avec Pol Pot, le nouveau film de Rithy Panh fait de partie de la sélection Cannes Première de la 77ème édition du prestigieux festival international, qui aura lieu en mai prochain.

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Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 12 mai 2024, mis à jour le 13 mai 2024

Il raconte le voyage au Cambodge en 1978 de trois journalistes français invités par les Khmers rouges à réaliser une interview exclusive de Pol Pot. « Le pays semble idéal. Mais derrière le village Potemkine, le régime des Khmers rouges décline et la guerre avec le Vietnam menace d'envahir le pays. Le régime cherche des coupables, menant en secret un génocide à grande échelle. Sous les yeux des journalistes, la belle image se fissure, révélant l'horreur. Leur voyage se transforme progressivement en cauchemar », indique le synopsis du film.

Nombreux, sur les réseaux sociaux, applaudissent la sélection du dernier opus du réalisateur cambodgien honoré à de multiples reprises sur la scène internationale.

Mais quelques-uns grincent.

Ainsi ai-je pu lire que ce film le sujet de ce film, la période khmère rouge, contribuait à donner une image négative du pays et à en détourner les touristes. Pour ceux-là, le choix de sélectionner ce film relèverait même d’une stratégie visant à nuire au Cambodge, dont, finalement, se rendrait complice Rithy Panh.

 

 

On peut comprendre l’agacement ressenti par certains ici que le Cambodge soit souvent, dans les médias internationaux, réduit au génocide, faisant peu de cas du Cambodge d’aujourd’hui, à des années lumières des « années zéro » 1975-1979.

Mais si l’œuvre cinématographique de Rithy Panh – laquelle, au passage ne se limite pas à ses films sur les Khmers rouges – est saluée dans le monde entier, c’est pour sa portée universelle.

Le cinéaste n’a cessé d’interroger bourreaux, victimes, témoins, historiens pour comprendre les mécanismes de la « machine de mort khmère rouge », ses ressorts humains, administratifs, policiers avec l’ambition humaniste de prévenir le retour de pareille entreprise génocidaire, où que ce soit dans le monde.

Chacun, ici, devrait être fier de cette voix cambodgienne laquelle, par cette œuvre, jamais effleurée par l’idée de vengeance même si la colère, nourrie d’une douleur infinie, y gronde, fait figure non seulement de maitre en cinéma mais aussi d’autorité morale. Comment, dès lors, celui-ci pourrait-il nuire de quelque manière que ce soit, au Cambodge et à son image.

Oui, sur la scène internationale, d’autres voix et d’autres récits doivent être entendus pour que le Cambodge d’aujourd’hui soit raconté sous toutes ses facettes. Mais laissons les créateurs nourrir l’âme du monde à leur manière. Le travail d’un cinéaste ne consiste en rien à faire de la promotion touristique. Que ceux qui en ont la charge fasse correctement le leur.

À ce propos, trop parler des Khmers rouges nuirait au tourisme? Ce point de vue peut s’entendre. Remarquons cependant que la visite de Tuol Sleng, de Choeung Ek et de la tombe de Pol Pot font partie de l’offre touristique diffusée dans tous les guides du monde. C’est ce qu’on appelle le tourisme mémoriel, promu par les autorités, lequel offre au voyageur la possibilité de mieux comprendre le pays.

 

 

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis de traduire cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.

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