Depuis juillet dernier, Vincent Caure représente les Français résidant en Europe du Nord. Nous avons eu le plaisir de le rencontrer lors de son second déplacement au Danemark ces 3 et 4 février. Comment s’articule sa prise de mandat ? Quels sont ses principaux objectifs au cours de celui-ci ? Rencontre avec Vincent Caure, un député moderne qui souhaite plus que jamais être proche des Français d’Europe du Nord.


Lepetitjournal Copenhague : Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaîtraient pas ?
Vincent Caure : Je suis député des Français d’Europe du Nord depuis juillet dernier. Aujourd’hui âgé de 32 ans, je suis membre du parti d’Emmanuel Macron aux côtés duquel je me suis engagé en politique en 2016. À l’Assemblée nationale, je suis membre de la commission des Lois, une commission où on ne chôme pas puisqu’environ 60% des textes votés passent par cette celle-ci. Je suis aussi vice-président du groupe d’amitié France-Danemark, une instance visant à entretenir et renforcer les liens entre les deux pays.
Comment envisagez-vous votre rôle de député des Français de l'étranger ?
V.C : Je décrirais mon rôle comme celui d’un « passeur » entre la France et les Français d’Europe du Nord. Il est, bien entendu, important pour les Français de maintenir le lien avec leur pays et d’être tenus informés des lois qui les concernent (fiscalité, droit, obligations…) : ce rôle de pédagogie pour leur expliquer ce qu’il se passe à Paris et la manière dont une loi votée à l’Assemblée nationale peut les impacter est une part importante de mon travail.
C’est aussi un rôle de défense de leurs intérêts à l’Assemblée nationale, lorsque des mesures discutées les concernent directement. Et la France, quant à elle, peut s’inspirer de ce qui est mis en pratique dans les différents pays d’Europe du Nord (numérisation du service publique, éducation, …).
Quels sont les objectifs de votre déplacement de 2 jours à Copenhague ?
V.C : C’est pour moi la seconde occasion de me rendre au Danemark depuis mon élection en juillet. En septembre dernier, j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer nos élus, de visiter le consulat, le lycée français et d’échanger avec de nombreux Français et les équipes de l’armateur danois DFDS autour des opportunités économiques en France et au Danemark.
Comme pour chacune de mes visites, je consacre le maximum de temps pour aller à la rencontre de la communauté française (lycée français, association des séniors, échanges avec des Français engagés) et des temps institutionnels, associatifs ou informels qui la rythment.
Au regard de l’actualité, j’ai également voulu rappeler le soutien de la France au Danemark face aux récentes déclarations du Président Trump sur l’avenir du Groenland. C’est dans cette perspective que j’ai échangé avec une députée danoise, ancienne ministre, et avec un chercheur danois spécialiste de l’Arctique. J’ai également pu porter ce message à la candidate au poste de consul honoraire à Nuuk. Les échanges que nous avons eus avec les différents acteurs danois nous rappellent l’importance de construire une véritable autonomie stratégique européenne.
A la suite de son déplacement, le Député a déposé une proposition de résolution européenne.
Quelle perception avez-vous de la communauté française du Danemark ?
V.C : Il s’agit d’une communauté engagée et soudée, qui aime échanger, remonter des idées notamment pour ceux qui y résident depuis un certain temps. Cette aussi une communauté parmi les plus jeunes d’Europe et celle qui grandit le plus, ce qui montre l’attractivité du Danemark en matière d’opportunités professionnelles et de cadre de vie. Mon rôle est donc aussi d’accompagner ces nouveaux arrivants dans leur expatriation.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez pour représenter cette communauté ?
V.C : Je pense que la première difficulté pour un député des Français de l’étranger c’est d’expliquer à Paris, à l’Assemblée nationale, la réalité de l’expatriation au-delà de tous les clichés qui peuvent exister. Expliquer que tout n’est pas rose ni facile dans l’expatriation et qu’il y a bien des parcours pour s’expatrier et réussir son installation à l’étranger. Déconstruire les préjugés à Paris, c’est parfois ça qui prend le plus de temps.
Comment maintenez-vous le contact avec les Français de l'étranger ? Quels sont les outils et les canaux de communication que vous utilisez pour les informer et recueillir leurs préoccupations ?
V.C : La première et meilleure manière de maintenir le lien avec les Français d’Europe du Nord, c’est d’abord de se rendre aussi régulièrement que possible en Europe du Nord.
Ensuite, j’ai 32 ans et je vis comme chacun d’entre nous les changements de société, notamment le fait que le numérique nous permet de communiquer bien plus facilement et bien plus régulièrement au-delà des frontières et des fuseaux horaires. C’est pour cela que je parle de mes activités et des Français d’Europe du Nord sur l’ensemble des réseaux sociaux mais aussi sur WhatsApp au travers d’une chaîne info. Je propose à chaque personne qui le souhaite d’échanger avec moi par un Zoom ou un Google Meet pour parler d’une idée, d’un problème ou de tout autre sujet.
Retrouvez toutes les informations pour échanger avec le député en fin d’article.
Sur quels dossiers comptez-vous vous concentrer en particulier pour ce mandat ?
V.C : En premier lieu, je vous l’ai dit, je me bats pour que le quotidien des Français de l’étranger soit mieux compris à Paris. Ensuite, je me bats pour que tout ce qui a été fait pour faciliter la vie des Français installés hors de France ces huit dernières années en matière de services publics numériques, de vote en ligne ou de fiscalité ne soit pas battu en brèche. Je pense notamment à l’exonération de la CSG-CRDS sur les revenus du capital que nous avons votée dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019, ou à l’impôt universel de la France Insoumise que nous avons massivement rejeté.
Par ailleurs, en Europe du Nord, il y a des sociétés avec des services publics de très grande qualité et très numériques. J’aimerais qu’en France, nous puissions nous aussi tendre vers cela. Nous avons beaucoup à apprendre de l’étranger.
Un point rapide sur les sujets éducation, retraite, fiscalité : quels sont les éventuels défis en cours et les actions prévues ?
V.C : Ce sont là des sujets fondamentaux pour nous tous. Beaucoup a été fait ces dernières années et comme je vous le disais, je veux d’abord que nous puissions conserver ce qui a été accompli. L’adoption d’un budget était, à ce titre, une priorité vitale et je me réjouis que l’Assemblée nationale et le Sénat aient définitivement adopté le budget proposé par le Premier ministre François Bayrou cette semaine. C’est un budget qui ne satisfait personne complètement, mais qui permet à notre pays de fonctionner, et c’est bien là l’essentiel. Je souhaite également saluer les annonces faites par le ministre des Affaires étrangères concernant la dématérialisation des démarches administratives et le développement du vote électronique pour les Français de l’étranger. Il faut désormais les mettre en œuvre.
Un mot sur la situation politique à Paris, comment analysez-vous les équilibres à l’Assemblée nationale ?
V.C : Notre pays doit retrouver le chemin de la stabilité car chaque jour, des défis immenses se posent à nous en tant que Français et en tant qu'Européens. La France a commencé 2025 sans budget. Celui présenté début février 2025 à l’Assemblée nationale était imparfait et perfectible mais il est le produit d’un travail parlementaire et de très longues discussions. Inspirons-nous aussi du pragmatisme de nos amis danois et de leur capacité à bâtir des coalitions et des compromis, cela est aujourd’hui plus nécessaire que jamais. Je ne vois pas pourquoi cet objectif de coalition parlementaire ne serait pas à la portée des Français.
Quelle est votre vision pour l'avenir de la communauté française à l'étranger ? Quels sont les défis et les opportunités qui se présentent ?
V.C : Les défis sont nombreux pour les Français qui font le choix de l’expatriation au Danemark, mais les opportunités et les accomplissements sont je pense encore plus grands. C’est ainsi que je comprends l’attrait du modèle danois de société et l’envie de si nombreux Français de venir s’installer ici, souvent de plus en plus jeunes.
Merci au député pour cet échange. Vous souhaitez vous aussi lui poser une question, remonter une idée ?
Comme vous avez pu le lire, vous pouvez échanger avec le député Vincent Caure par ZOOM ou Google Meet en réservant un créneau.
Vous pouvez également vous abonner à sa chaine WhatsApp pour rester informés.
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