Le saviez-vous : Samuel Beckett enjambe la Liffey depuis 2010 ?! C'est en effet en 2006 que la decision fut prise par le Dublin City Council, et afin de rendre hommage au centenaire de l'écrivain, de donner son nom à un nouveau pont. Après le pont James Joyce, l'architecte et ingénieur espagnol Santiago Calatrava dotait ainsi Dublin d'une deuxième oeuvre.
Un pont tourné vers l'avenir et la modernité
Pour celui ou celle qui découvre Dublin, ce pont du centre ville de la capitale irlandaise dont la forme rappelle celle d'une harpe, ne manquera pas d'interroger. Tourné vers l'avenir et la modernité, il enrichit l'expansion des Docklands de Dublin dès lors de son inauguration en 2010. Long de 120 mètres et haut de 48 mètres, il posséde quatre voies de circulation tout en accueillant pistes cyclables et chemins piétons. Le projet s'élèvait à 59,95 millions d'euros. Pour Eibhlin Byrne, maire de Dublin en 2009, l'objectif était clair. Elle déclarait à l'époque : « L'ouverture du pont réduira le nombre de voitures dans le centre-ville pour faciliter la circulation des transports publics, des cyclistes et des piétons. Le pont élargit ainsi l'ensemble des mesures prises ces dernières années par le Dublin City Council (DCC) pour offrir aux habitants un plus grand choix de possibilités pour leurs déplacements quotidiens».
Un pont esthétique pour le plaisir des yeux
Depuis le Ha'Penny Bridge, première passerelle construite en 1816, une multitude de ponts traversent aujourd'hui la Liffey à Dublin, notamment ceux de l'architecte et ingénieur espagnol Santiago Calatrava. Après avoir dessiné le pont James Joyce, ouvert en 2003 près de la gare de Heuston, l'architecte marquait une seconde fois de son empreinte le paysage de Dublin.
Mondialement reconnu, Santiago Calatrava, aujourd'hui âgée de 70 ans, se déclare avant tout artiste : « J'essaie d'abattre les frontières entre architecture et sculpture, et d'entrevoir l'architecture comme un art. »
Des conceptions de gares (la gare Saint-Exupéry de Lyon par exemple) aux centres culturels (La Cité des Arts et des Sciences à Valence), ses oeuvres sont diverses et nombre d'entre elles ont été récompensées. Il reçut par exemple en 2007 le Spanish National Architecture Award. Habitué à dessiner des ponts pour l'Europe, comme le Cittern Bridge aux Pays-Bas, Santiago Calatrava renouvelait sa collection avec le pont Samuel Beckett, dont Michael Phillips, ingénieur au DCC, décrivait l'originalité peu avant l'inauguaration : « Ce pont est une étourdissante pièce conciliant ingénierie et design. Il est maintenu par des câbles, concept avec lequel les usagers du Luas (ndlr: Tramway de Dublin) se sont familiarisés avec le pont de Dundrum. Cela lui confère une apparence gracieuse, un peu comme s'il était en apesanteur. Sa situation à l'embouchure de la Liffey est porteuse d'un message d'espoir et de confiance tourné vers l'avenir.»
Un pont innovant tournant à 90 degrés
Visible entre les ponts de Sean O'Casey et de East Link, la construction du Samuel Beckett constitue un projet innovant mené par deux constructeurs, irlandais et hollandais. Graham Construction avait déjà accompli plusieurs projets comme le pont Taney à Dundrum. Quant à Hollandia, elle possède à son actif le London Eye. Cette collaboration irlandaise et hollandaise avait à l'époque permis d'achever la superstructure du pont à Rotterdam pour ensuite poursuivre le travail sur place à Dublin.
Mais le coeur de l'innovation du pont est sa capacité pivoter sur un angle de 90 degrés pour faciliter la circulation maritime entre la Liffey et la mer d'Irlande (voir vidéo ci-dessous). L'impressionnant Samuel Beckett allie ainsi ingéniosité, utilité et élégance, à l'image de l'écrivain irlandais, fierté du pays.
Audrey Vucher
Renseignements :
http://www.dublincity.ie
http://www.dublindocklands.ie
Crédit Photo Principale: Tobias von der Haar Follow