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Audiovisuel public : France 24 est-il en danger ?

160 bureaux de correspondants, 64 nationalités différentes au sein de ses rédactions, cinq continents couverts et 500 millions de foyers touchés… France 24 est un média unique dans l’audiovisuel public. Si différent de ce que représente la majorité des médias - privés - français qu’il suscite l’envie d’être réformé par le gouvernement. Le député de la majorité présidentielle Quentin Bataillon n’est pas contre, alors que les syndicats du média sont déjà prêts au combat.

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Écrit par Teddy Perez
Publié le 14 mai 2024, mis à jour le 15 mai 2024

Lancée en 2006 et intégrée au sein de la société France Médias Monde dès 2012, la chaîne de télévision française France 24 est spécialisée dans l’information internationale en continu avec l’avantage de diffuser ses programmes en quatre langues : le français, l’anglais, l’espagnol et l’arabe.

Sa création a été un choix politique - venant du président de la République Jacques Chirac en 2002 - tout comme son rattachement au groupe France Médias Monde - voulu par Nicolas Sarkozy dès 2008. France 24 est née pour donner à la France une voix à l’étranger et face aux chaînes concurrentes britannique (BBC World News), américaine (CNN International) et qatarie (Al Jazeera). Aujourd’hui, son existence dans le paysage médiatique est remise en cause par le pouvoir en place.

 

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Une holding nommée “France Médias” proposée à l’Assemblée nationale

Réformer l’audiovisuel public est un sujet récurrent depuis la prise de fonction d’Emmanuel Macron à l’Elysée. Ce bouleversement annoncé n’a pourtant pas encore eu lieu depuis 2017 et semblait même passer à la trappe. Mais c’était avant l’arrivée Rachida Dati au ministère de la Culture en janvier dernier. Dès sa prise de fonction, elle avait fait part de sa volonté de “rassembler les forces” de l'audiovisuel public et aller ainsi plus loin que les rapprochements déjà en cours entre France Télévisions et Radio France.

La proposition d’une holding pour chapeauter France Télévisions et Radio France dès 2025, - puis leur fusion en 2026 -  est remise sur les rails. Son parcours législatif démarre ce mardi 14 mai à l’Assemblée nationale. Rachida Dati compte aller plus loin et viendra défendre en commission à l’Assemblée la fusion dès 2026 de Radio France, France Télévisions, France Médias Monde (RFI, France 24) et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel). Cette exigence ne sera pas mise au vote avant mardi 14 mai au soir tard ou mercredi 15 mai après-midi. En attendant, elle provoque un grand bruit chez les syndicats, fervents contestataires de cette entreprise unique.

 

 

“France Médias Monde… formez vos bataillons” : les syndicats montent au créneau

Avant que Rachida Dati ne s’exprime sur ses changements souhaités concernant l’audiovisuel public, les syndicats ont réagi aux propos du président de la commission d’enquêtes sur la TNT Quentin Bataillon (Renaissance), invité de la matinale de franceinfo le lundi 13 mai. Travaillant conjointement avec Rachida Dati depuis son arrivée à la Culture, il a été questionné sur la réforme de l’audiovisuel public. Au micro, le député a milité pour renforcer la marque franceinfo, en lui faisant “rejoindre le canal 14” au lieu d’un lointain canal 27 de la TNT et en poussant la chaîne “au niveau international pour remplacer éventuellement France 24”.

Une déclaration qui a provoqué la riposte des principaux syndicats de France 24 et du groupe France Médias Monde. En commençant par la Société des Journalistes de France 24 qui a adressé un communiqué à la suite des propos de Quentin Bataillon : “Comment peut-on nourrir une ambition de transformer une chaîne nationale en chaîne internationale alors que France 24 existe déjà [...] la logique serait de lui donner plus de moyens plutôt que d’envisager de l’affaiblir.

 

 

Même constat pour le syndicat CFTC France Médias Monde qui scandait sur le réseau social X un “formez vos bataillons” tout en réaffirmant dans un communiqué “l’expertise de France 24, RFI et MCD (autres médias du groupe, ndlr), renforcée par son vaste réseau de correspondants présents dans le monde entier”. France 24 émet 24h/24 et 7j/7 dans plus de 500 millions de foyers et couvre la quasi-totalité du globe. Il dispose même d’une correspondance à Beyrouth (Liban), une donnée que ne possédait pas encore Quentin Bataillon au micro de franceinfo, offrant sur son compte X une fausse information que l’élu de la République n’a pas encore démenti.

 

 

24h plus tard, rétropédalage sur le service public

À en croire la dernière intervention médiatique du député macroniste, les vives critiques des syndicats ont - semble-t-il - été reçues à son antenne. Quentin Bataillon a fait marche arrière dès lendemain de son entretien sur franceinfo. Sur le plateau de Télématin, il a déclaré qu’“’à aucun moment il remettait en question la marque et les fréquence de France 24, qui sont connus et reconnus pour leur expertise internationale et leur réseaux”. Le député a alors présenté le projet comme une “news room, news factory” avec “une mise en commun des rédactions” et non d’“une fusion”.

Car, pour reprendre les mots du communiqué de la CFTC de FMM “dans un monde bouleversé par les crises géopolitiques, les ingérences étrangères, le chaos informationnels des réseaux sociaux et la concentration des médias entre les mains des grandes fortunes”, bénéficier d’un acteur médiatique et de tous les terrains tel que France 24 semble inestimable. 

 

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