Pianiste française installée à Francfort depuis 2011, Myriam Barbaux-Cohen, récemment nominée au prestigieux prix « Opus Klassik » 2020 s’est livrée à Lepetitjournal.com/francfort. Rencontre.
Lepetitjournal.com/francfort : d’où est née votre passion pour la musique en général et notamment pour le piano ?
Myriam Barbaux-Cohen : c’est venu de manière assez inattendue puisque je ne viens pas d’une famille de musiciens, contrairement à beaucoup de mes collègues. Cependant, je suis convaincue que l’on peut y arriver, même si on ne vient pas d’une famille déjà plongée dans le milieu. Un jour, alors que j’avais 11 ans, je suis allée à une fête de famille où se trouvait un piano. J’ai tout de suite adoré le son et j’ai passé la journée à y jouer. Mes parents qui, au premier abord, n’avaient pas relevé mon intérêt pour le piano, ont fini par m’inscrire à un cours, et encore une fois, ça a été le coup de foudre ! C’est à ce moment-là que j’ai su que je voulais devenir pianiste professionnelle, même si, bien évidemment, je n’avais pas réalisé l’intensité, l’investissement et l’impact émotionnel de ce métier. En ce moment, je fais 8 heures de piano par jour !
En fait, j’ai commencé le piano à La Rochelle et en 1999 et 2000, j’ai obtenu les 1er prix de musique de chambre et de piano du conservatoire de Gennevilliers. Par la suite, j’ai eu le plaisir de poursuivre mes études auprès de Muza Rubackyte au Conservatoire Russe Serge Rachmaninov de Paris qui n’est pas un établissement national. Il s’agissait d’un choix assumé. Cela a certes rendu mon chemin plus difficile mais je ne le regrette absolument pas ! J’y ai également enseigné pendant plusieurs années, avant de déménager à Francfort.
Justement, vous habitez à Francfort depuis 2011. Qu’est-ce qui vous a amenée en Allemagne et à Francfort en particulier ?
L’amour (Rires) ! J’ai rencontré mon mari en France fin 2010, mais lui vivait déjà à Francfort. On a eu une relation à distance pendant 6 mois, avant que je ne le rejoigne.
Vous avez enregistré il y a quelques mois, un CD intitulé « Enrique Granados ». Est-ce votre premier CD ? Comment avez-vous vécu cette expérience ?
En effet c’est mon premier CD et j’ai adoré cette expérience ! Pour moi, pouvoir enregistrer ce CD a été une grande chance, notamment parce que j’ai une carrière un peu différente de celle des autres pianistes. Par ailleurs, ce CD est tombé à un moment très opportun de ma carrière car c’était à un moment où j’avais moins de projets musicaux. Pour l’enregistrement, j’ai été sponsorisée par la marque de piano, « Bechstein », ce qui s’est fait assez spontanément. Je suis passée devant la boutique « Bechstein » avec mon mari car nous savions qu’il y avait des concerts organisés dans la boutique. Quand j’ai commencé à jouer, ça a tout de suite plu à l’auditoire et le manager m’a dit qu’il voulait prendre un rendez-vous avec moi pour discuter de futurs projets. Quelques temps plus tard, j’ai donné un concert au Consulat général de France à Francfort auquel les pianos « Bechstein » ont assisté. C’est là qu’ils m’ont dit qu’enregistrer un CD me permettrait de me faire connaitre et qu’ils étaient d’accord pour me sponsoriser.
Suite à cela, j’ai écrit à beaucoup de maisons de disques, et j’ai été retenue par le label « Ars Produktion », avec lequel j’ai produit mon disque. Je l’ai enregistré fin mai 2019 et il est sorti en octobre de la même année. Avant l’enregistrement, j’ai répété de manière intense pendant 9 mois. Après la sortie du CD, il a eu de très bonnes critiques, venant du monde entier, d’Allemagne, de Belgique, d’Autriche, du Canada même ! J’ai été très heureuse, pour moi cet accueil très positif était une réelle motivation pour continuer !
Notez-vous une différence entre le public français et le public allemand en ce qui concerne la musique classique ?
En toute honnêteté, je n’ai pas vraiment noté de différences entre le public français et le public allemand. Je pense qu’il y a, par contre, une plus grande différence entre le public européen et le public asiatique. Les Asiatiques ne manifestent pas vraiment leurs émotions et applaudissent très peu lors des concerts.
Vous venez d’être nominée pour l'« OPUS KLASSIK » 2020, un prix très prestigieux et très international qui récompense des musiciens du monde entier. Est-ce que cela marque un tournant dans votre carrière et quels sont vos projets dorénavant ?
Quand j’ai appris que j’étais nominée pour l’« OPUS KLASSIK », je ne pouvais presque pas y croire ! J’ai été très surprise, très émue et très honorée à la fois d’être nominée à côte des meilleurs pianistes du monde, notamment Nelson Freire, mon pianiste préféré que j’admire depuis mon plus jeune âge ! C’est une grande reconnaissance, surtout pour quelqu’un comme moi, qui a un parcours peu académique et peu conventionnel ! Quand on a eu énormément de hauts et de bas dans sa carrière et qu’il nous arrive une telle chose, c’est vraiment magique ! D'ailleurs, la cérémonie aura lieu le 18 octobre à Berlin.
Comme c’est très récent, je ne peux pas encore dire si cela va constituer un tournant dans ma carrière, mais pour moi, c’est comme si maintenant, j’étais légitime et officielle, même si mon mari me dirait que c’est n’importe quoi (Rires). Dans un milieu où la concurrence et la pression sont omniprésentes, cela donne beaucoup de force, de motivation et de confiance en soi. Par ailleurs, c’est très utile pour le CV !
En termes de projets futurs, j’aimerais beaucoup donner plus de concerts et enregistrer plus de disques car ce sont les choses que je préfère : transmettre une histoire et des émotions aux autres !
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