Dans la ville portuaire de Hải Phòng dans le nord Vietnam, le football est bien plus qu’un simple sport : c’est une passion ancrée dans les cœurs depuis des générations. Malgré une défaite lors du match contre Quảng Nam, les supporters des "rouges et blancs" continuent de vibrer pour leur équipe. Entre traditions locales et nouvelles réglementations, plonger dans l’univers du FC Hải Phòng, c’est découvrir une facette unique de la culture vietnamienne.
La ville portuaire d’Hải Phòng, s’ouvrant sur la baie d’Ha Long au Vietnam, prend des airs de cité du sud-ouest de la France en ce 19 janvier. En fin de journée, devant le stade de Lạch Tray, les supporters vêtus de blanc et de rouge se rassemblent dans une ambiance festive. Sourires aux lèvres, ils discutent football tout en brandissant fièrement les drapeaux à l’effigie du FC Hải Phòng, l’équipe emblématique de la ville.
Fondé dans les années 1950, Hải Phòng FC incarne une longue tradition de football dans le nord du Vietnam. Ses racines et son héritage en font un pilier du football vietnamien.
En face du stade, de jeunes générations s’entraînent en tapant dans le ballon. Certains d’entre eux rêvent de porter un jour "le maillot régional". Ce soir, le match contre Quảng Nam, club originaire du centre du Vietnam, est crucial pour Hải Phòng. "Je suis confiant, on va gagner, j’en suis sûr, on est bien plus expérimentés qu’eux", confie un supporter devant le stade. L’entraîneur du club, Chu Đình Nghiêm, souligne également l’importance de ce match pour l’équipe rouge et blanche, qui aspire à remonter dans le classement national.
« Nous tenons bon face à la mer, face aux navires »
Lorsque l’hymne résonne, les supporters, la main sur le cœur, entonnent leur chant régional. Guidés par le fracas rythmé des tambours des ultras, les paroles résonnent dans les gradins. Traduites en français, elles disent :
« Quand le printemps éclot sur le port,
Les mouettes déploient leurs ailes, couvrant le ciel.
Notre port accueille avec joie d’innombrables cargaisons,
Des cargaisons venues de contrées lointaines,
Des cargaisons du Vietnam envoyées aux quatre coins du monde.
Dans la fleur de la jeunesse, dévoués au port,
Nous avons combattu ici, jour et nuit.
En écoutant le murmure infini des vagues au crépuscule,
Nous tenons bon face à la mer, face aux navires,
Pour que ces bateaux quittent rapidement les nouveaux quais,
Pour que ces cargaisons contribuent à bâtir la nation. »
"Je supporte le club depuis mes 12 ans, c’est mon grand frère qui m’a transmis cette passion", confie un jeune supporter d’une vingtaine d’années. Ce soir, l’un de ses amis porte l’écusson de Hải Phòng sur le terrain. Selon lui, les fans du FC Hải Phòng sont parmi les plus fervents du pays. Il se remémore l’atmosphère électrique des matchs avant la pandémie de Covid-19, une époque où les débordements étaient fréquents, nécessitant parfois l’intervention des autorités. Aujourd’hui, le stade, qui peut accueillir presque 20 000 personnes, est aux trois quart vide.
Une ambiance sportive bienveillante
Fumigènes, jets de bouteilles sur le terrain… Désormais, l’entrée au stade est strictement encadrée. Les objets pouvant être utilisés comme projectiles sont interdits, et les réglementations gouvernementales sur la consommation d’alcool ont réduit les débordements liés à l’ivresse. Désormais, devant le stade, de petites buvettes proposent des thés glacés et des Coca-Cola à la place des traditionnels verres d’alcool. Quelques irréductibles continuent cependant de vendre de la bière locale, la "Bia Hải Phòng". Au bord de la route, des vieilles dames proposent des feuilles de papier journal en vrac. Non pas pour lire les nouvelles, mais pour éviter de salir son pantalon en s’asseyant dans les gradins.
La première mi-temps ne permettra pas à Hải Phòng de percer la défense adverse. L’équipe de Quảng Nam, plus coriace que prévu, parvient à marquer à la moitié de la seconde période, scellant ainsi la défaite des locaux. Mais la ferveur des supporters ne faiblit pas : ils entonnent un dernier chant pour remercier les joueurs. Bien que déçus de voir leur équipe se classer 12ᵉ au classement national, aucune parole de haine n’est scandée.
"Je suis surpris : lors des matchs auxquels j’ai assisté en France, l’ambiance était beaucoup plus négative qu’aujourd’hui. Cela témoigne du respect qu’ont les habitants de la région envers leur équipe, et de leur amour pour le football", explique Jules, un expatrié originaire du sud-ouest de la France venu assister au match.
Le 24 janvier prochain, l’équipe rouge et blanche affrontera Hồng Lĩnh Hà Tĩnh, une occasion à saisir pour plonger dans l’univers du football vietnamien et son ambiance unique.