Édition internationale

La fin des échafaudages en bambou à Hong Kong ?

Caractéristique emblématique du paysage hongkongais, les échafaudages en bambou ne seront plus utilisés pour les travaux initiés par le gouvernement.

echaffaudage bambou hong kongechaffaudage bambou hong kong
@Unsplash/Peter Berko
Écrit par Juliette Robieux
Publié le 8 avril 2025, mis à jour le 11 avril 2025

 

Des raisons de sécurité invoquées

D’abord les panneaux en Néon, à présent les échafaudages en bambous : la sécurité a eu raison de l’esthétique de Hong Kong. Le 17 mars, le Bureau du Développement de Hong Kong a annoncé leur interdiction dans les constructions publiques, au profit d’échafaudages métalliques. Selon le porte-parole du bureau, le bambou est un matériau inflammable et sujet à la détérioration, représentant un risque pour la sécurité. Depuis 2018, 23 personnes ont perdu la vie dans des accidents impliquant ces structures, avec des ouvriers tombant d'une hauteur, ainsi que des effondrements, des détachements ou des incendies des structures en bambou. L’Association pour les Droits des Victimes d’Accidents Industriels a d’ailleurs soutenu cette décision et encourage les projets privés à suivre cette transition. De plus, l’industrie fait déjà face à une pénurie de main-d'œuvre et de matériaux, rendant cette transition encore plus complexe.

Un héritage historique menacé

Utilisé depuis la dynastie Sui-Tang dans la Chine Antique, le bambou a longtemps été privilégié pour sa robustesse, sa flexibilité et sa facilité de transport. À Hong Kong, près de 80 % des échafaudages sont encore fabriqués à partir de ce matériau. Toutefois, les autorités ont décidé que désormais, au moins la moitié des nouvelles constructions gouvernementales seront munis  d‘échafaudages métalliques, une norme déjà adoptée en Chine continentale. La majorité du bambou provient de Macao, qui vient lui-même du Guangxi où le bambou se trouve à foison. Le bambou a également été utilisé pour des théâtres temporaires depuis les années 1950, les théâtres temporaires en bambou, qui ont donc joué un rôle essentiel dans la scène des arts du spectacle traditionnels de Hong Kong. Ces théâtres étaient construits chaque année pour de courtes périodes, généralement lors de festivals ou d’événements spéciaux, où diverses formes d’opéra chinois traditionnel étaient jouées devant les spectateurs. Chaque année, leur conception comprenait une scène en plein air, des sièges en bambou pour le public et des structures de toit distinctives, créant une ambiance vivante et animée. L'un des designs les plus célèbres fut celui du théâtre du Nouvel An chinois en 2013, qui pouvait accueillir 800 personnes et était entièrement construit en bambou et en rondins de bois.

Les professionnels inquiets 

L’art du montage des échafaudages en bambou est reconnu comme un élément du patrimoine culturel immatériel de Hong Kong, et il n’existe quasiment nulle part ailleurs, sauf à Macao, où cette technique est encore pratiquée. De nombreux professionnels du secteur s’opposent à cette interdiction. En janvier, le Syndicat des Travailleurs des Échafaudages en Bambou de Hong Kong et Kowloon a affirmé que les accidents étaient principalement dus à une mauvaise gestion des chantiers, et non à l’utilisation des échafaudages en bambou en tant que tels. Avec 80 % des sites encore équipés de structures en bambou, environ 4 000 ouvriers spécialisés pourraient être affectés par cette mesure.

A suivre
 

Flash infos