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Macron en Chine, une visite symbolique (Le Vent de la Chine)

Emmanuel Macron - visite en ChineEmmanuel Macron - visite en Chine
Écrit par Le Vent de la Chine
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 18 février 2021

Chargée en symboles, la première visite d’Etat en Chine d’Emmanuel Macron (8-10 janvier 2018, à Xi’an puis Pékin) se sera soldée par un bilan positif, presque chaleureux. Le jeune chef d’Etat fit également la promesse de revenir chaque année. La vidéo d’un Macron répétant en coulisses la version mandarine de son propre slogan "Make our planet great again" (让地球再次伟大), fit le tour de l’internet. Ces efforts du jeune et "romantique" Président étranger pour s’adresser au public chinois en sa langue, furent très appréciés.

 

 

Sur la scène diplomatique, il innova en offrant à Xi Jinping un cheval de la Garde Républicaine, corps d’élite de l’armée française. C’était un prêté pour un rendu: Xi Jinping avait deux ans plus tôt confié à la France un couple de pandas, installé au zoo de Beauval,  et qui entretemps a conçu un rejeton dont Brigitte Macron est la marraine. Avec ce destrier offert, Macron voulait « voir dans ce bestiaire croisé, notre volonté patiente d’œuvrer dans l’intérêt de nos pays ». Mais par ailleurs, cette belle monture faisait aussi allusion directe au nom chinois du Président – 马克龙 (mǎkèlóng),  "le cheval contient le dragon". Cette translittération, sans doute due au hasard, n’en est pas moins porteuse d’un sens symbolique aussi bien que politique.

Macron (comme toute l’Union Européenne, les Etats-Unis et le reste de la communauté internationale) réclame du partenaire chinois un effort de réciprocité (de « coopération équilibrée »). Macron, et son ministre Bruno Le Maire préviennent Xi d’un effort en cours pour empêcher en France les « investissements prédateurs » chinois. Macron martèle et répète aussi que toute route de la soie vers l’Europe (dans le cadre du grand projet chinois "une ceinture, une route", ou BRI) doit circuler dans les deux sens, en partageant marchés et profits : "un train de fret qui arrive à plein, doit repartir à plein », s’exclamait-il, en allusion à la ligne Wuhan-Lyon."

Autre référence symbolique, Macron remarqua que Xi, comme lui-même, entamait un mandat quinquennal aux mêmes dates de 2017-2022. Il en inféra que les deux équipes gouvernementales pouvaient exploiter ces cinq ans pour œuvrer ensemble à régler ou déminer les grandes crises du monde : renforcer les actions contre le dérèglement climatique, prévenir le terrorisme international, encourager le règlement des crises syrienne et nord-coréenne.

Macron proposa le renforcement de la coopération franco-chinoise, au nom des trois atouts de l’hexagone, qui constituent des priorités de son quinquennat : le numérique, la décarbonisation industrielle et des villes, et la place financière mondiale de Paris— en voie de renforcement, en récupérant les services de tutelle financière européenne que Londres se voit forcée d’abandonner pour cause de Brexit. De fait, la France se présente au monde avec une force d’attraction nouvelle et sans égale, face à un Royaume-Uni affaibli par sa sortie de l’Union Européenne, une Allemagne qui a mis presque quatre mois pour se doter d’un gouvernement, et des Etats-Unis humiliés et empêtrés sous leur Président Trump. D’un point de vue chinois, la France de Macron apparaît le seul espoir de relance pour l’Union Européenne et de soutien au multilatéralisme – c’est un bon départ !

Heureusement, car les autres fruits de la visite sont mitigés. Pas un mot sur les droits de l’Homme - Macron rejette la "diplomatie à l’hygiaphone" ; sur la Corée du Nord, très peu de choses ; sur la demande de réciprocité, pas de retour… Car une telle exigence ne peut être satisfaite que si elle est posée par une UE unie et forte ; et sur la récolte de contrats, le nombre est là (40 contrats), mais le chiffre reste modeste. Arrivant à Pékin, l’équipe de Macron savait qu’il en serait ainsi. Et cela explique tout l’habillage symbolique et esthétique de la visite : il permet de plaire aux deux parties, et en attendant, de faire oublier l’écart de taille entre partenaires !

Titre original - "Macron en Chine, une visite symbolique"

 

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