La traditionnelle veillée du 4 juin à la mémoire des victimes du massacre de Tiananmen vient d’être interdite par la police de Hong Kong. Cette commémoration arrive à un moment de forte tension entre le pouvoir de Pékin et les partisans de la démocratie à Hong Kong.
Covid contre manifs
La raison invoquée par les autorités pour interdire pour la première fois depuis 30 ans la veillée du 4 juin, symbole s'il en est de la relative liberté d'expression du territoire comparé au reste de la Chine, est la même qui avait conduit à rejeter la manifestation des syndicats le 1er mai, à savoir la distanciation sociale en période d’épidémie. Alors qu’il n’y a pratiquement plus aucun cas d'origine locale à Hong Kong depuis deux mois, les restrictions de rassemblement tardent à être levées par le gouvernement qui continue de procéder à des arrestations en masse (360 le seul Mercredi 27 mai) au titre des règles d’hygiène. La mesure qui interdit les rassemblements de plus de huit personnes sur l’espace public a en effet été reconduite pour deux semaines par Carrie Lam, alors que les autres limitations concernant les cafés, restaurants, salons de massages et autres salles de sport étaient allégées.
Loi de sécurité nationale
La décision récente de Pékin de contourner la Basic Law de Hong Kong pour imposer une loi dite de "sécurité nationale" via les annexes de cette constitution, non soumises au vote du parlement, a été approuvée Jeudi par le National People’s Congress (NPC), une assemblée acquise au pouvoir central. Cette loi pourrait entrer en vigueur avant la fin de l’été, le temps d'être finalisée par le National People's Congress Standing Commitee et d'être intégrée à la Basic Law de Hong Kong. Sont visés les actes de "sécession", "subversion", "terrorisme" et "ingérance étrangère", dont les définitions précises à ce stade ne sont pas connues. Cette loi prévoit aussi la mise en place d’agences chinoises sur le territoire de Hong Kong, dont la tâche sera de veiller à son application, bien que la constitution hongkongaise actuelle indique qu’"aucun dispositif ou organisme dépendant de Pékin n’a autorité dans les décisions de Hong Kong".
Attente des sanctions américaines
Alors que les espaces de liberté des Hongkongais semblent se réduire plus rapidement que prévu, les accords de 1984 ne prévoyant la fin du système légal mis en place par les Britanniques qu'en 2047, le président Trump a annoncé vouloir retirer à Hong Kong les avantages commerciaux octroyés au titre du maintien du principe "un pays deux systèmes". "Hong Kong n’est plus autonome" déclarait à ce sujet Mercredi dernier le secrétaire d’état américain Michael Pompeo, Donald Trump renchérissant pour sa part Vendredi: "Pékin a remplacé la formule promise de "un pays, deux systèmes" par celle de "un pays, un système" en étendant l’action intrusive de son appareil d’état dans ce qui était auparavant un bastion de la liberté".
Sans en préciser la nature, le président américain envisage des sanctions contre les officiels impliqués dans la mise en place de la nouvelle loi. Pékin, tout comme le camp pro-démocratie attendent à ce stade les sanctions pour réagir, souhaitant dans le premier cas juger si "la morsure est au niveau de l’aboiement" et voulant éviter les arrestations dans le second cas. "A quoi bon se faire arrêter ou disparaître en Chine?" déclarent en effet une partie des internautes du site d’opposition "Stand News". Au vu de l'escalade actuelle, certains Hongkongais n'excluent pas d’émigrer, espérant en particulier de la Grande Bretagne des mesures facilitant les visas. Dans le cas où les sanctions américaines viseraient les banques et avoirs chinois, beaucoup ont commencé à convertir leurs économies en Euros ou Dollars et l'on signalait la semaine des queues aux distributeurs pour retirer des devises étrangères.
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