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À la découverte du 9ème art avec Ersin Karabulut, bédéiste turc

Ersin Karabulut à l'Institut français IstanbulErsin Karabulut à l'Institut français Istanbul
Exposition "À la découverte du 9ème art" à l'Institut français de Turquie à Istanbul

En 2020, le réseau international des Instituts français a lancé "l’année de la bande dessinée", un programme mettant à l’honneur ce qu’on appelle le 9ème art. De passage à l’Institut français de Turquie à Istanbul, rue Istiklal, les planches de bande dessinée de l’artiste turc Ersin Karabulut viennent clôturer ce parcours artistique. Ce dernier a bien voulu nous accorder un entretien pour Lepetitjournal.com Istanbul.

À la découverte du 9ème art francophone

Le programme artistique "L’année de la bande dessinée" est né du constat que le milieu de la BD était extrêmement florissant en France : l’hexagone est l’un des trois premiers marchés du monde dans le secteur et c’est un genre littéraire qui s’exporte bien à l’étranger, étant donné que le français est la deuxième langue la plus traduite au monde après l’anglais. D’où la volonté de mettre à l’honneur une pratique culturelle extrêmement importante en France, qui est parvenue à obtenir ses lettres de noblesse après avoir été parfois simplement considérée comme un sous-genre de la littérature ou un art destiné uniquement aux enfants.

À ce sujet, Ersin Karabulut, l’artiste derrière les planches exposées à l’Institut français de Turquie à Istanbul, dit "envier cette culture française qui fait de la bande dessinée un art plutôt respecté". Il tient toutefois à préciser que la Turquie n’est pas non plus en reste, avec un nombre assez important de petites maisons de publication indépendantes. Comme en France, "le dessin humoristique est quelque chose d’important au cœur de la population turque, et ce depuis des siècles", d’où la richesse des productions de BD qui tient selon lui également à la diversité géographique de la Turquie, qui permet une création dense et plurielle.

 

Ersin Karabulut IFT
Des planches d’Ersin Karabulut à l’Institut français de Turquie (Istanbul)

 

C’est à ce paysage artistique qu’Ersin Karabulut souhaite contribuer. Diplômé du département de design graphique de la prestigieuse faculté d’art stambouliote Mimar Sinan, il s’est tourné vers le domaine de la bande dessinée afin d’obtenir le même respect que lui-même observait à l’égard des maitres de la BD lorsqu’il tenait entre ses mains leurs publications. Il dit aimer "la puissance visuelle de cet art, qui est difficile à réaliser en littérature et très cher à réaliser au cinéma. Et ce qui est bien, c'est que vous êtes tout seul, à votre table, en train de prendre votre café. Mais vous êtes le réalisateur, le caméraman, et même les acteurs". C’est ce qui le pousse à se diriger dans cette voie, malgré un avis plutôt défavorable de la part de son père.

Un pari réussi puisque ses premières caricatures ont été publiées à l’âge de 16 ans dans des magazines hebdomadaires ; il est aujourd’hui l’un des principaux visages de la scène comics turque, et le cofondateur de Uykusuz, le magazine humoristique le plus vendu en Turquie. Il travaille également pour les maisons d’édition françaises Fluide Glacial et Dargaud depuis 2016.

           

La passion d’Ersin Karabulut pour l’univers de la bande dessinée date donc de son enfance. Il nous livre une anecdote sur cette époque : "Étant petit, je n'avais pas les moyens d'acheter beaucoup de BD mais j'ai trouvé une solution : il y avait un jeu avec les enfants de mon quartier qui s'appelait le 'jeu de la pièce', qui consistait à mettre en jeu une bande dessinée contre une pièce de monnaie. Cela se jouait à deux. L’un des deux enfants posait sa bande dessinée par terre, puis nous nous mettions chacun d’un côté, à une certaine distance, disons 2 mètres. De cette distance, vous lancez une pièce de monnaie vers le livre. Si la pièce tombe directement sur la couverture du livre, vous obtenez le livre. Mais si la pièce glisse ou rebondit, le propriétaire du livre reçoit votre pièce. C'était une sorte de pari entre les enfants".

Une exposition à voir jusqu’au 26 septembre 2021

L’exposition à voir dans la galerie de l’Institut français de Turquie à Istanbul propose des planches, en turc et en français, des œuvres d’Ersin Karabulut. Parmi celles-ci, on peut reconnaître des extraits de son ouvrage “Contes ordinaires d’une société résignée” publié en 2018, ainsi que “Jusqu’ici tout allait bien”, publié en 2020, tous deux auprès de l’éditeur français Fluide Glacial. On accède alors à un imaginaire noir et poétique, qui dépeint le futur d’une société désillusionnée en proie aux nouvelles technologies et au déclin des croyances. Cela donne tout simplement envie d’en lire plus et de se plonger dans le travail d’Ersin Karabulut, un artiste multi-tâches qui incarne le dynamisme et le succès de la bande dessinée turque.

 

 

Ersin Karabulut à l’Institut français de Turquie

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