Très nombreux sont les ouvrages qui subliment les splendeurs d’Istanbul et notre propos n’est pas d’ajouter à la déjà longue liste, des textes supplémentaires qui ne pourraient être que redondants. Alors pourquoi ces articles, puisque tout semble avoir été dit, écrit et montré ?
En fait, ce que nous avons choisi de réaliser dans ce travail est la mise en parallèle des écrits de différents auteurs ayant séjourné ou visité Istanbul avec les photographies des lieux décrits par ces derniers.
Pour ce, nous avons puisé dans les nombreux ouvrages dont nous ont gratifié les "écrivains-voyageurs" du XIXème siècle, en nous efforçant d’en extraire les lignes répondant à notre objectif de mise en correspondance la plus précise entre texte et image.
Certes, nous aurions pu nous contenter d’un seul auteur par description, tout comme nous aurions pu ne sélectionner qu’un seul artiste par photographie, mais il nous a semblé plus honnête et surtout plus objectif de laisser le plus grand nombre s’exprimer afin de montrer l’éventail le plus vaste possible des différentes sensibilités tant littéraires qu’iconographiques. Et même si certains auteurs ne sont pas des maîtres de l’écriture, leur vision et la manière dont elle est exprimée n’en n’est pas moins intéressante, voire attendrissante.
Tous les textes et toutes les images n’y sont pas, loin de là, mais la sélection drastique à laquelle nous nous sommes attachés a été réalisée avec la volonté de retranscrire ce que chaque auteur ou photographe a voulu exprimer au plus près de sa sensibilité.
Chacune d’elles forme comme le centre d’une petite ville de collèges, d’hôpitaux, d’écoles, de bibliothèques, de magasins, de bains, qu’on ne voit presque pas, tant ils sont écrasés par la coupole énorme qu’ils entourent.
L’architecture, qui semblait très simple, présente, au contraire, une variété de détails qui attire les regards de toutes parts. Ce sont de petites coupoles revêtues de plomb, des toits de formes bizarres qui s’élèvent l’un sur l’autre, des galeries aériennes, de grands portiques, des fenêtres à colonnades, des arcs à festons, des minarets cannelés, ceints de petites terrasses travaillées à jour, avec des chapiteaux à stalactites; des fontaines monumentales, qui semblent revêtues de dentelles; des murs mouchetés d’or et de mille couleurs; le tout, brodé, ciselé, léger, hardi, ombragé de chênes, de cyprès et de saules; d’où sortent des nuées d’oiseaux qui errent autour des coupoles et remplissent d’harmonie tous les coins de l’immense édifice. Edmondo De Amicis
Ces mosquées se ressemblent toutes, à la grandeur et à la couleur près ; elles sont précédées de grandes cours entourées de cloîtres, où sont les écoles et les logements des imans. Des arbres superbes ombragent des cours, et de nombreuses fontaines y répandent le bruit et la voluptueuse fraicheur de leurs eaux. Alphonse de Lamartine
Des minarets d’un travail admirable s’élèvent, comme quatre bornes aériennes, aux quatre coins de la mosquée ; ils s’élancent au-dessus de leurs dômes ; de petites galeries circulaires, avec un parapet de pierre sculptée à jour comme de la dentelle, environnent à diverses hauteurs le fût léger du minaret. Alphonse de Lamartine
Rüstem Paşa Camii
Elle n’est pas bien grande, mais elle est bien belle, la mosquée de Rustem-Pacha ! Elle est un jardin sans hiver, un jardin aux mille fleurs d’émail. Les piliers, jusqu’à la coupole, sont couverts de faïences persanes, où s’enroulent des liserons géométriques, où s’entremêlent des œillets, les tulipes, les palmes et les plumes de paon, de tous les verts, de tous les bleus, émeraude, saphir, jade et turquoise. Marcelle Tinayre
Hamidiye Camii
Elle est toute fraîche et toute blanche, très dentelée d’arabesques, en style d’Alhambra. Illuminée par en dedans et en dehors, elle semble transparente autant qu’une fine découpe d’albâtre... Pierre Loti
Alentour de son dôme étrangement lumineux apparaissent, avec leurs myriades de globes blancs, les avenues, les jardins... Pierre Loti
Directement au-dessous de moi, la superbe armée, toujours immobile et recueillie, suit en esprit les prières qui se chantent dans la lumineuse mosquée d’en face. Pierre Loti
Örtaköy Camii
Une jolie mosquée, bien carrée, bien ornée, en sucre candi, avec des arabesques en sucre cristallisé. S’il pleuvait souvent dans ce pays, il y a longtemps qu’elle serait fondue. Henri Adolph Opper de Blowitz
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