Le 15 avril prochain débutera la nouvelle saison de championnat de football en Indonésie, au total 18 équipes s'affronteront pendant 7 mois. L'occasion pour lepetitjournal.com/jakarta de rencontrer Simon Toselli, ancien conseiller technique pour la confédéraétion Océanie auprès de la Fifa, et aujourd'hui installé à Jakarta. En dehors de son activité professionnelle au sein de la société Sele Energi dirigée par Eddy Tampi, il est consultant auprès de l'équipe 1 du club PS TNI (formation qui dépend de l'armée) et en charge de l'équipe des moins de 19 ans de ce même club. Même s'il n'en vit plus aujourd'hui, sa passion reste le foot et il nous apporte un éclairage sur le monde du ballon rond indonésien.
Lepetitjournal.com/jakarta : Que savez-vous sur les différends qui ont opposé la FIFA et la PSSI, la Fédération de football indonésienne ?
Simon Roselli : D'avril 2015 à mai 2016, l'Indonésie est exclue par la FIFA des qualifications pour la coupe du monde 2018 et pour la Coupe d'Asie 2019 à la suite d'un conflit entre le gouvernement et la Fédération, l'intervention du ministre des sports indonésien dans le fonctionnement de la Fédération nationale de football ayant été jugée contraire au règlement de la FIFA. Ceci a pour conséquence de priver le pays non seulement de compétitions internationales mais également de son championnat. En mai 2016, suite à la démission de l'ancien bureau de la Fédération, de nouvelles élections portent à la présidence de la PSSI le général Edi Ramayadi qui engage des négociations avec la FIFA. Cette dernière accepte alors de réintégrer l'Indonésie. La suspension n'aura en tout duré que 8 mois, il faut dire que l'Indonésie est un pays important pour le football international car les Indonésiens représentent un nombre considérable de supporters très actifs sur les réseaux sociaux. Ils sont fans des clubs européens et tout particulièrement de la ?Premier League? anglaise. La société indonésienne Garuda a même été sponsor de l'équipe de Liverpool pendant 2 ans.
En janvier dernier Luis Milla, ancien meneur de jeu du Barça, a été nommé sélectionneur de l'Indonésie. Il a deux objectifs ambitieux : gagner les SEA Games qui se tiendront à Kuala Lumpur en août 2017 et arriver en 1/2 finale des Asian Games prévus en Indonésie en 2018.
Lpjj : Outre l'équipe nationale, quelle est la politique du nouveau bureau à la tête de la Fédération indonésienne concernant les équipes locales et le championnat indonésien ?
S.R. : Sous la direction de Edi Ramayadi, le bureau de la PSSI a mis en place de nouvelles règles de recrutement des joueurs pour les équipes indonésiennes. Chaque club a le droit de recruter 2 joueurs étrangers hors Asie ainsi qu'un joueur de la zone Asie et un ?marquee player?. Ce dernier doit être un joueur de top niveau européen ou ayant à son actif une coupe du monde jouée à partir de 2006. Cette politique vise clairement à susciter de l'engouement auprès du public et à attirer les supporters. Elle a permis à ce jour de voir arriver dans l'archipel des noms prestigieux du football international tel que Michael Essien recruté par le Persib Bandung ou encore Carlton Cole qui vient de le rejoindre récemment dans le même club. Le PS TNI, auprès de laquelle je suis consultant, a quant à elle recruté 2 jeunes guinéens très prometteurs. Ils sont arrivés à la suite du français Laurent Hatton, nommé entraineur du PS TNI et qui était auparavant assistant de Luis Fernandez, sélectionneur de l'équipe de Guinée à Conakry. Le club est actuellement en recherche d'un profil "marque player" pour donner un peu d'expérience à l'équipe.
Lpjj : Est-ce suffisant d'attirer des stars du ballon rond pour développer le foot en Indonésie ?
S.R. : Cette politique est à double tranchant car si elle relance l'engouement pour les supporters, elle ne permet pas pour autant de développer le foot de façon durable. Il faudrait une stratégie sur le long terme qui donne les moyens aux clubs de former les plus jeunes. L'Indonésie doit se doter d'un plan de développement et commencer par entrainer les enfants de 8/10 ans au niveau "grassroots" avec la mise en place de compétitions au niveau local et la formation d'entraineurs. Beaucoup de clubs professionnels n'ont à ce jour qu'une équipe 1 Senior. Il faut voir plus loin et ne pas chercher uniquement les résultats rapides. Le nombre de followers sur Instagram ne doit pas être le seul signe de réussite.
Lucie Pech (www.lepetitjournal.com/jakarta) Jeudi 13 avril 2017
Crédit Photos : L.Pech