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Le Français et l’Afrique du Sud : une histoire ancienne !

L’Afrique du Sud, un pays à l’histoire aussi passionnante que tumultueuse et tourmentée. Une nation multiculturelle aux couleurs de l’arc-en-ciel. Aujourd’hui, de nombreux expatriés venus des quatre coins du monde s’y installent pour un temps de vie plus ou moins long ; les Français ne faisant pas exception (environ 8 000 sont installés sur le territoire). Mais l’histoire entre les Français et l’Afrique du Sud n’est-elle pas plus ancienne que cela ?

Le français en Afrique du SudLe français en Afrique du Sud
Écrit par Maeva Dewas
Publié le 13 mars 2024, mis à jour le 18 juillet 2024

Les premiers colons venus d’Europe

La colonie Hollandaise du cap

Ce sont les Néerlandais qui furent à l'origine du premier établissement européen sur les Terres Sud-africaines. En 1651, la Compagnie des Indes orientales chargea Jan van Riebeeck (1619-1677) d'établir au Cap de Bonne-Espérance une station portuaire afin de permettre aux navires de la compagnie de s'approvisionner en eau et en nourriture. Le 6 avril 1652 il atteignit le Cap et y installa un comptoir commercial destiné à assurer un relais sur la route des Indes orientales. Des fermiers hollandais appelés Boers rejoignirent les employés de la Compagnie hollandaise des Indes orientales et la colonie hollandaise se développa rapidement.
 

croquis de la colonie d'époque


L’arrivée des Huguenots en Afrique du Sud

Au XVIIème siècle, les Huguenots français, persécutés pour leur foi protestante en France après la révocation de l’édit de Nantes de 1685, choisissent d'émigrer en Afrique du Sud avec les Hollandais. Ils cherchaient notamment un refuge pour pratiquer leur foi librement, ce que les Néerlandais, également protestants, leur ont offert en leur permettant de s’installer au sein de leur colonie. Un peu moins de 200 familles s’installèrent donc en Afrique du Sud, aux cotés des Boers. Les Huguenots reçurent des terres à cultiver ainsi que les outils et les semences nécessaires. Ils s’installèrent donc à une soixantaine de kilomètres au nord-est du Cap, entre Paarl et ce qui devait devenir le Franschhoek (le « coin des Français »).

 

Une assimilation des Huguenots dans la population

Malgré leurs efforts initiaux pour conserver leur identité linguistique et culturelle, les Huguenots furent très vite absorbés par la population locale et devinrent des Sud-africains à part entière. En effet, la Compagnie des Indes orientales interdit l'arrivée de pasteurs et d'instituteurs français pour obliger cette minorité à parler, prier et communiquer avec les autorités en néerlandais. Les dispositions prises furent si radicales qu’en moins de deux générations, vers 1730, l’usage du français avait disparu et les descendants des Huguenots avaient perdu leur identité française.  

 

Deux joueurs de Rugby Sud africains aux noms français

 

Pourtant, en dépit de leur assimilation à la population locale, l’héritage des Huguenots reste présent à travers des noms de familles et de domaines viticoles français. Leurs valeurs continuent également d’influencer les générations actuelles.  De plus dans la langue spécifique des afrikaners : l’afrikaans, subsistent des traces de la langue française, notamment à travers des emprunts lexicaux. Des mots français ont été assimilés et transformés pour s’intégrer naturellement dans cette langue dérivée du néerlandais, tout en conservant leur origine.

 

L’immigration française en Afrique du Sud, ce n’est pas fini !

Une industrie minière qui recrute dans les années 1960/1970

L'immigration française en Afrique du Sud ne se limite pas aux Huguenots du XVIIe siècle. La période de l'apartheid a également vu des vagues d'immigration française, notamment pendant les années 1960 et 1970, lorsque des Français étaient recrutés pour travailler dans l'industrie minière alors en pleine expansion. Les recruteurs cherchaient à attirer une main-d’œuvre qualifiée et blanche pour réduire la demande en main-d'œuvre noire et permettre le déplacement progressif des Africains vers des zones leur étant réservées.

 

campement de mineurs

 

Les Français ont donc été attirés par les opportunités de travail et la possibilité de s'installer dans un pays en pleine croissance économique. Il n’y a cependant pas de chiffres précis sur le nombre de Français qui ont migré en Afrique du Sud pendant cette période.

 

 

Post apartheid

Plus récemment, des vagues d'immigration francophone ont contribué à la diversité linguistique et culturelle du pays. Au cours des trente dernières années, l'enseignement du français s'est étendu dans les écoles sud-africaines, même s'il ne fait toujours pas partie des langues officielles du pays. L'ouverture de l'Afrique du Sud au reste du continent et du monde a favorisé une évolution des attitudes envers le français. L'arrivée croissante d'immigrés francophones africains, notamment originaires de la République démocratique du Congo (RDC), a renforcé cette tendance. Les profils des enseignants et des étudiants dans les universités ont évolué, reflétant une diversité accrue. L'enseignement du français s'est ouvert à une perspective plus globale et inclusive, loin de l'élitisme eurocentrique qui caractérisait son enseignement pendant l'apartheid. Cette évolution témoigne d'un changement progressif dans la perception et la pratique de la langue française en Afrique du Sud.

Ainsi, au-delà de l'héritage des Huguenots, l'immigration francophone plus récente a enrichi le paysage linguistique et culturel de l'Afrique du Sud, contribuant à maintenir la présence et la pertinence du français dans un contexte multilingue et diversifié.

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