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L'OIT et le Canada s’engagent pour les droits des travailleuses domestiques au Pérou

L'OIT et le Canada s’engagent pour les droits des travailleuses domestiques au PérouL'OIT et le Canada s’engagent pour les droits des travailleuses domestiques au Pérou
Écrit par Le Petit Journal LIMA
Publié le 25 novembre 2022, mis à jour le 28 novembre 2022

Professionnaliser et formaliser le travail des employées de maison, tel est l’objectif, afin d’améliorer leurs conditions de travail grâce à la création d'un système national de soins.

 

Parvenir à l'autonomie économique des femmes est une manière de réduire les taux de violence à l'égard des femmes au Pérou. En vue de la célébration du 25 novembre, « Journée internationale pour la lutte contre les violences à l'égard des femmes », l'Organisation Internationale du Travail des pays andins (OIT) et l’Ambassade du Canada au Pérou ont lancé le 22 novembre, conjointement avec les ministères péruviens du « Travail et de la Promotion de l'Emploi » et des « Femmes et des Populations Vulnérables », le projet « Abriendo Puertas » : « Ouvrir les portes : davantage et de meilleures opportunités de travail décent pour les travailleuses domestiques au Pérou ».

Les principaux objectifs du projet sont de soutenir la création et la mise en œuvre du Système national de Soins et ainsi de contribuer à l'amélioration des conditions de travail des travailleuses domestiques rémunérées.

« Trois ans après l'entrée en vigueur de la convention 189 de l'OIT sur les travailleurs domestiques, le Pérou a fait beaucoup de progrès sur les aspects réglementaires mais il reste encore beaucoup à faire pour garantir leurs droits à un salaire équitable, une durée quotidienne maximum de travail, la sécurité sociale, les avantages sociaux, entre autres », a souligné Italo Cardona, directeur du Bureau de l'OIT pour les pays andins.

Au Pérou, 82 % des travailleuses domestiques travaillent de manière informelle, près de 15 % travaillent plus de 60 heures par semaine et, en général, elles perçoivent près de 30 % de revenus mensuels en moins que le reste des travailleurs salariés.

« Quand un travailleur voit que ses droits sont reconnus, il est plus productif. Notre engagement en tant que gouvernement est de faire respecter la convention 189 et de fournir une assistance adéquate aux travailleurs domestiques, dans le but qu’ils soient formalisés », a déclaré Alejandro Salas, ministre du Travail et de la Promotion de l'Emploi.

 

L'OIT et le Canada s’engagent pour les droits des travailleuses domestiques au Pérou

 

Un système national de soins pour améliorer les conditions de travail des travailleuses domestiques

Le projet « Abriendo Puertas », qui travaillera en coordination avec le Ministère du Travail et de la Promotion de l'Emploi (MTPE) et le Ministère de la Femme et des Populations Vulnérables (MIMP), favorisera les processus de professionnalisation et d'accréditation des travailleuses domestiques pour améliorer leur employabilité et faciliter leur insertion sur le marché du travail formel. De plus, il renforcera les capacités des organisations syndicales afin qu'elles puissent continuer à avancer dans la défense de leurs droits.

Leddy Mozombite et Adelinda Díaz, respectivement secrétaires générales de FENTTRAHOP et FENTRAHOGARP, ont salué la possibilité de continuer à promouvoir la reconnaissance et la protection de leurs droits, avec le soutien de l'OIT, du Canada et du MTPE. Elles ont demandé à être plus visibles et intégrées efficacement dans le système national de soins proposé par le MIMP.

Pour sa part, l'Ambassadeur du Canada, Louis Marcotte, a rappelé que son pays soutient le Pérou pour « améliorer les conditions socio-économiques et promouvoir l'autonomie des travailleuses domestiques - dont un nombre important de femmes autochtones, d'adolescentes et de migrantes vénézuéliennes - dans le cadre des mesures visant à renforcer les systèmes de protection sociale et lutter contre les inégalités dans le travail domestique rémunéré et non rémunéré ».

Claudia Dávila, ministre des Femmes et des Populations Vulnérables, a quant à elle insisté sur le fait que « pour parler des travailleuses du système de soins, il faut d'abord commencer par reconnaître l'importance des employées de maison dans celui-ci. Elles font partie de l'organisation sociale des soins, en tant que personnes qui appliquent directement des soins directs aux personnes ».

En effet, les travailleuses domestiques sont les plus vulnérables de la main-d'œuvre de l'économie du soin. L'OIT a rappelé que dans 82% des ménages péruviens, ce sont les femmes qui assument la plupart des tâches domestiques et des soins non rémunérés, selon la dernière étude du MIMP et de l’ONG Flora Tristán, institutions partenaires du projet. De plus, les femmes ont consacré en moyenne 27 heures de plus que les hommes à des activités de soins non rémunérées pendant la pandémie.

« Cette situation impacte la vie professionnelle et personnelle de nombreuses femmes, leur laissant peu de temps pour participer à la vie publique, poursuivre leurs études ou chercher de nouvelles opportunités d'emploi », a conclu l'Ambassadeur Louis Marcotte.

Au Pérou, selon les données du programme Aurora sur les cas traités dans les centres d'urgence pour femmes du pays entre janvier et septembre 2022 : plus de 75 % des victimes ne travaillait pas contre rémunération, elles ne généraient donc pas leurs propres ressources.

Un système national de soins libérerait les femmes du fardeau disproportionné du travail domestiques non rémunéré et leur permettrait d'entrer sur le marché du travail dans d'autres secteurs productifs ou en tant que travailleuses rémunérées dans l'économie des soins.

Selon la dernière étude de l'OIT (novembre 2022), une simulation mondiale réalisée dans 82 pays du monde, dont l'Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Mexique et le Pérou, a estimé qu'investir dans les systèmes de soins de ces sept pays latino-américains générerait 25,8 millions d'emplois directs et indirects. Environ 9 de ces emplois sur 10 seraient formels et environ 8 sur 10 seraient occupés par des femmes.

 

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