Dans un entretien exclusif confié au Petit Journal, Clément Larrue, représentant de l’Agence Française de Développement (AFD) au Pérou, revient sur le rôle déterminant de l’institution dans la politique extérieure française.
Des ambitions globales à travers une vision à long terme
Loin des projecteurs médiatiques, l’Agence française de développement (AFD) est pourtant un pilier de la coopération internationale, incarnant une vision du monde idéale : solidaire, durable et collective. Créée en 1941, cette banque publique a pour objectif d'œuvrer au développement durable de plus de 110 pays dans le monde, principalement des pays dits « du Sud ».
Mais, comme rappelé par Clément Larrue, son rôle dépasse la dimension économique. Derrière les prêts et subventions, l’organisme tente d’ouvrir le dialogue entre la France et le pays concerné.
« Nous, notre mandat, c'est de contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique, à la lutte contre la pauvreté et les inégalités et la protection de l'environnement et de la biodiversité. C'est les trois grands axes de travail de notre mission. » C. Larrue
Somme toute, l’AFD tente de faciliter le passage du pays vers une économie plus durable, en offrant des formes de financements et subventions à des projets novateurs, améliorant également la qualité de vie des citoyens.
Ainsi, l’AFD travaille dans une logique de transformation structurelle. Transports durables, énergies renouvelables, accès à l’eau potable, santé, urbanisme… elle finance des projets qui visent à renforcer les capacités des États et à créer un impact durable sur les populations.
Comment cette contribution se met-en place concrètement ?
Comme l’a souligné le représentant de l’agence au Pérou, l'AFD Clément Larrue, collabore avec quatre types de partenaires principaux : l'État, à travers les ministères, les entreprises publiques, les organisations non gouvernementales, et les entreprises privées.
Les projets prennent des formes variées. Par exemple, lorsqu’il s’agit de l'État, l'AFD accompagne des politiques publiques, telles que celle visant à garantir l’accès à l’eau pour tous les Péruviens. De même, le financement des ONG est ajusté en fonction de leurs domaines d’intervention, allant de l’agriculture au développement social. Cette approche, loin d'être anodine, permet de respecter les spécificités locales tout en évitant l’imposition d’un modèle unique.
Cap sur le Pérou : à la croisée des enjeux écologiques et sociaux
Présente seulement depuis 2015 au Pérou, l’Agence n’est pas l’une des plus anciennes antennes de l’organisme. Pour autant, beaucoup d’enjeux méritent de l’attention au sein du pays andin, particulièrement touché par la crise climatique, mais aussi par des problèmes sociaux ou encore un manque d’infrastructures.
Ainsi, le programme de construction de logements sociaux éco responsables mené en partenariat avec le Fondo MiVivienda est l’un de leurs projets les plus remarquables. Les personnes aux plus faibles revenus étant souvent les premières victimes de la crise climatique, ces logements permettent donc de les faire accéder à un habitat de qualité, tout en respectant les normes environnementales.
Concrètement, l’Agence apporte une assistance technique afin de les aider dans leur politique interne de durabilité, en créant des outils qui leur permettent d'améliorer la gestion des chantiers, la sélection des partenaires, leur système de monitoring interne sur les sujets environnementaux et sociaux. Accompagner plus qu’imposer, c’est ainsi que fonctionne l’AFD.
Coopérer dans un monde en pleine mutation
Mais les ambitions de l’AFD se heurtent à une réalité politique complexe.
Comme précisé par Clément Larrue : « Il y a eu une décision relativement forte de baisse de l'aide publique au développement de la France pour contribuer à réduire le déficit de la France [...] l'aide aux pays de développement eu une baisse de budget de 40% . Donc c'est considérable. »
La décision controversée du président américain Trump de mettre fin aux programmes d’aide internationale des Etats-Unis reflète la fragilité de la coopération internationale. L'individualisme qu’il prône est bien à l’opposé des ambitions de l’AFD, qui se voit impactée par une baisse de financements de la part de l’État français.
En revanche, grâce à son modèle d'activité bancaire privée avec une mission publique, l'institution parvient à s'autofinancer grâce aux taux d'intérêt appliqués aux prêts.
Dans ce contexte, l’AFD reste l’un des rares établissements à porter une vision humaniste de la mondialisation. En multipliant les partenariats avec l’Allemagne, mais aussi l’Union Européenne, qui a délégué 15 millions d’euros à la cause, l’organisme français persiste dans ses actions et continue de porter des projets significatifs.
Malgré certaines difficultés internes au pays, comme les règles strictes d’endettement du Pérou, l’AFD a tout de même permis de financer 15 000 logements sociaux et d’accompagner une vingtaine d’institutions péruviennes dans leur transition climatique.
Et maintenant ?
Considéré comme un véritable outil diplomatique français, l’Agence Française de Développement, que ce soit au Pérou ou dans le reste du monde, prône un dialogue de coopération pour une transition durable. Seulement, dans un monde où les perspectives de collaboration semblent s’affaiblir, la question reste ouverte quant au futur de la solidarité internationale.
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