Entrepreneur dans l’âme, Simon Vacher voit à Lima un secteur à exploiter : la gastronomie. Mais la boulangerie La p’tite France reste un point de départ au pays où tout est possible, il nous raconte.
Simon Vacher a quitté la France par amour il y a bientôt 10 ans. Après des années d’exercice dans les grandes entreprises et sociétés de conseil, il voit dans ce départ la possibilité de faire tout autre chose. L’envie de monter une boîte se manifeste et c’est vers l’une de ses passions et origines familiales qu’il se dirige : la gastronomie.
Le défi de concilier les produits péruviens au savoir-faire français
Dès le départ, Simon mise sur la qualité du produit. Face à la concurrence, il offre un pain bien meilleur que ce qui était nécessaire, mais faire briller la France à l’étranger est une fierté personnelle. « Je préfère ne pas gagner d’argent avec un produit dont je suis fier, plutôt que gagner plein d’argent en vendant de la merde ». Les deux premières années, l’équipe était française avec un seul objectif : transmettre le savoir-faire français aux Péruviens. Cette qualité est donc issue de la technique française, mais il n’en serait rien sans la diversité des produits locaux. Ce concept d’intégration présente également un côté environnemental auquel il porte une grande importance, comme le 0 km.
Au vu des 87 000 abonnés sur sa page Facebook, Simon a relevé ce défi haut la main. Après son premier local à Surquillo, il a ouvert sa première franchise à San Isidro. Il est actuellement en négociation pour une quatrième franchise et souhaite étendre « La p’tite France » en Colombie et au Chili avec le même concept, travailler des farines locales.
Il faut tenter l’aventure. Je suis parti sans parler l’espagnol et ça ne m’a pas empêché de réussir. J’encourage à aller voir ailleurs et notamment en Amérique latine.
Le Pérou est un pays propice à l’entrepreneuriat
Il est tout à fait possible d’entreprendre au Pérou, car c’est dans la mentalité locale de créer des sociétés. Beaucoup de personnes montent leur entreprise en ayant un travail fixe à côté. Même si la gestion et les formalités administratives restent contraignantes, on observe une facilité de création et d’imposition. « Développer son entreprise et pouvoir en vivre est une opportunité qui se présente à la fois aux locaux et aux étrangers ». Toutefois, en tant que « gringo », il faut être attentif à ne pas se faire arnaquer ou acheter plus cher. L’étape la plus difficile est de remplir son carnet d’adresses et gagner la confiance des Péruviens. Le chemin de l’entrepreneuriat reste évidemment difficile. « Je me suis planté, j’ai fait des erreurs et ça m’a coûté de l’argent mais comme partout dans le monde. Il y a plein de choses à faire en Amérique latine, donc il faut en profiter ». Et ce conseil, Simon se l’applique à lui-même. La boulangerie était en définitive un projet de cœur, un premier pas dans les affaires péruviennes. À présent, son activité principale tourne autour d’« Universiones.Io », une plateforme collaborative dont il s’occupe entièrement.
Rester positif malgré l’instabilité politique, économique et sanitaire du Pérou
La situation actuelle du pays doit être prise en compte. Les élections présidentielles ont divisé le pays, et le gouvernement en place inquiète les investisseurs et entrepreneurs. Au Vénézuela par exemple, la population a beaucoup souffert et a encore du mal à se relever. Mais cette instabilité est la définition type du principe « risque pays ». La crise sanitaire et le mauvais système de santé n’a rien arrangé à l’économie péruvienne. À la différence de la France qui a octroyé de nombreuses aides et a assuré un chômage partiel, l'État péruvien a accordé un prêt à taux préférentiel à des conditions d’éligibilité strictes. À l’heure actuelle, sur une trentaine de commerces français, la moitié a fermé. Mais Simon garde espoir et continue d’entreprendre, au Pérou et au-delà des frontières.