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Patrick Mille : portrait du rival du Comte de Monte-Cristo

Le film "Le Comte de Monte Cristo" des réalisateurs Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patelière sort dans les salles de cinéma au Portugal le 31 octobre. Il a été projeté en avant première lors de l´ouverture de la Festa do cinema francês le 3 octobre à Lisbonne. La Festa se poursuit dans 9 villes au Portugal (Porto, Coimbra, Lagos, Leiria, Setubal, Beja et São Bartolomeu de Messines) jusqu'au 30 novembre, date à laquelle elle se terminera à Lisbonne avec une rétrospective du cinéaste Chris Marker.

Patrick MillePatrick Mille
@MJ. Sobral
Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 24 octobre 2024, mis à jour le 31 octobre 2024

 

Dans le cadre de la 25ème édition de la Festa do Cinema Francês, rendez-vous incontournable célébrant chaque année la diversité et la vitalité du cinéma français, nous avons rencontré Patrick Mille, l'un des acteurs principaux de la nouvelle adaptation du célèbre roman d'Alexandre Dumas, Le Comte de Monte Cristo. Présent à Lisbonne pour la projection du film, l'acteur nous livre ses réflexions sur ce rôle mythique et sur les liens profonds qui unissent son parcours entre la France et le Portugal alors que lui-même appartient aux deux cultures en tant que franco-portugais.

 


Lepetitjournal : Dans Le Comte de Monte-Cristo, vous incarnez Danglars, l'un des principaux antagonistes d'Edmond Dantès, aux côtés de Bastien Bouillon (le comte de Morcerf) et Laurent Lafitte (le procureur Villefort), également ennemis de Dantès. Votre personnage est un salopard, sombre et détestable. Parvient-on malgré tout à trouver une part d'humanité en l'interprétant ?

Patrick Mille : Quand j'ai lu le roman pour la première fois, il y a très longtemps, je détestais Danglars. J'avais vraiment envie que Dantès se venge de lui. Je me souviens même m'être dit : "Quand même, il s'en sort bien, finalement, lui, contrairement aux autres ! " Certains personnages ont subi des punitions bien plus dures. Mais pour Danglars, il y a comme une histoire de rédemption, une vraie punition là où il a péché, presque d'ordre biblique.

Puis, quand j'ai relu le roman pour préparer le rôle, pour me réimprégner de l'histoire et voir ce que je pouvais apporter au personnage, mon approche a changé. En tant qu'acteur, on devient un peu l'avocat de son personnage, on cherche à comprendre ses motivations, à trouver des circonstances atténuantes. Et là, j'ai pris beaucoup de plaisir à interpréter Danglars, parce que, bien souvent, ce sont les "salauds magnifiques" qui sont les personnages les plus intéressants à jouer.

J'ai donc cherché une raison à sa méchanceté, à sa violence. J'ai imaginé une enfance difficile, orpheline, marquée par la dureté de la vie en mer. J'ai visualisé Danglars comme un enfant orphelin, qui devient mousse sur un navire, comme c'était souvent le cas à l'époque pour les orphelins vivant près des ports. Ces enfants étaient exposés à la violence et aux abus fréquents sur les bateaux.

Pour m'aider, la lecture du Loup des mers de Jack London m'a beaucoup inspiré, notamment le personnage de Loup Larsen, qui est d'une cruauté absolue. Et puis pour certaines séquences liées à l'argent, j'ai aussi revu Wall Street avec Michael Douglas. Le personnage de Gordon Gekko m'a inspiré dans la scène du vol du bateau de Danglars, notamment avec son obsession pour l'argent.


Vous avez joué dans plusieurs adaptations d'Alexandre Dumas, notamment  aussi dans D'Artagnan et Milady, deux films récents inspirés des Trois Mousquetaires. Que représente pour vous le fait de participer à ces différentes œuvres de cet auteur ?

C'est incroyable, c'est un peu comme si on disait à un acteur anglais qu'il allait jouer dans Richard III ou Henry V. Dumas est un monument de la littérature française, au même titre que Victor Hugo. Participer à des adaptations de ses œuvres, que j'avais lues enfant, est une immense fierté. C'est une chance de pouvoir incarner des personnages qui font partie de l'histoire culturelle de la France. Je suis très heureux d'avoir pu participer à ces films.


Avez-vous rencontré des défis particuliers lors du tournage du film ?

Non, le tournage s'est déroulé dans des conditions très favorables. Nous disposions de grands moyens, ce qui rend tout plus simple. Cependant, certaines scènes ont été plus difficiles à tourner que d'autres. Je pense notamment à la scène de tempête, qui a été tournée à quai, et non en mer. On nous balançait de l'eau froide à travers des hélices d'avion pour simuler le vent, et cela se passait à trois heures du matin, en plein mois de novembre à Malte. On portait des vêtements sur mesure qu'on ne pouvait pas changer, et il fallait jouer tout en criant, en imitant le mouvement du bateau qui n'était pas réellement en mouvement. C'était éprouvant, mais le résultat à l'écran en valait la peine.
 

Ayant passé une partie de votre enfance au Portugal, vous êtes de retour aujourd'hui pour présenter un film dans lequel vous incarnez l'un des premiers rôles. Que ressentez-vous dans ce contexte ?

C'est très émouvant. Malheureusement, ma famille n'est plus là pour partager ce moment, mais mes amis d'enfance étaient présents. Revenir au Portugal, dans ce magnifique cinéma São Jorge à Lisbonne, pour un film de cette envergure, c'était très symbolique pour moi. Les réactions du public étaient similaires à celles de Cannes, ce qui m'a vraiment touché. C'était la première fois que je voyais le film de manière détendue, sans la pression de la première.


Vous revenez souvent à Lisbonne. Si vous deviez recommander quelques lieux à visiter, lesquels choisiriez-vous ?

Il y a tellement de lieux que j'aime à Lisbonne. J'adore le quartier de Santos, ainsi que le restaurant Pica Pau sur l'Avenida da Liberdade. Il y a aussi un bar à vin que j'aime beaucoup à Graça, appelé Graça do Vinho.


En savoir plus sur la Festa do cinema francês ici : https://www.festadocinemafrances.com/

Propos recueillis par Marion Guellec

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