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Portugal : une crise politique

Le mois de mars 2025 a été marqué par une crise politique majeure au Portugal. Chute du gouvernement, dissolution de l'Assemblée de la République et futures élections législatives.

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@MJ Sobral
Écrit par Lison Segui
Publié le 7 avril 2025, mis à jour le 8 avril 2025

 

Le 11 mars 2025, le gouvernement portugais de Luís Montenegro tombe à la suite d'un scandale politique, entraînant le pays dans de nouvelles élections législatives. À la suite de cette annonce et d'un vote de confiance qui n'a pas obtenu l'approbation des parlementaires, le Président Marcelo Rebelo de Sousa a dissous l'Assemblée de la République. Que tirer de ce bilan politique agité et que peut-on dire en terme d'avenir ?

 


Chronologie de la crise politique au Portugal (février-  avril 2025)

15 février : Le journal Correio da Manhã révèle que le Premier ministre Luis Montenegro est impliqué dans une affaire de conflits d'intérêts. Les soupçons autour du Premier ministre ont émergé après des révélations sur la société familiale Spinumviva qui percevait des paiements réguliers de la part de Solverde, une entreprise d'exploitation de casinos. Ces liens financiers ont suscité des accusations de favoritisme possible concernant les concessions de casino accordées par le gouvernement. Le Parti socialiste  (PS)  a aussi demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur cette situation le 20 février 2025.

5 mars : Plusieurs partis, dont le parti d'extrême droite Chega et le parti communiste portugais (PCP) appellent à un débat urgent sur la gouvernance du Premier ministre. Face à la pression politique et sociale croissante, le Premier ministre Luis Montenegro a tenté de désamorcer la crise en affirmant que l'entreprise familiale serait désormais uniquement gérée par ses enfants.  Dans une dernière tentative de renforcer sa légitimité, il prend l'initiative de demander un vote de confiance au Parlement.

11 mars : La motion de confiance est rejetée : 142 voix contre, (230 sièges au total). La coalition formée par les députés du Parti socialiste (78 sièges) et les députés de Chega (44 sièges) a été décisive pour le rejet, entraînant automatiquement la démission du gouvernement.

13 mars : le président de la République Marcelo Rebelo de Sousa consulte les partis politiques et convoque un Conseil d'Etat au palais de Bélém pour décider du destin politique du pays.

15 mars : Le Président annonce la dissolution de l'Assemblée de la République et convoque des élections législatives anticipées pour le 18 mai 2025, afin d'éviter une longue période d'instabilité politique.

1er avril : La campagne électorale est en cours, indiquant une lutte serrée entre le Parti Socialiste et le Parti Socialiste Démocrate (PSD) selon les derniers sondages.

 


Les mécanismes institutionnels de la République portugaise : la motion de censure et la dissolution de l'Assemblée

Dans le système parlementaire portugais, le Gouvernement peut demander à l'Assemblée de la République d'approuver un vote de confiance sur une déclaration de politique générale ou sur toute autre question d'intérêt national. Conformément à la Constitution portugaise, le vote débute le troisième jour parlementaire (exclut les week-ends, jours fériés et moments où la session parlementaire est en pause) suivant la présentation de la demande du vote de confiance au Président de l'Assemblée de la République. Pour qu'une motion soit approuvée, celle-ci doit obtenir la majorité des voix. Selon l'article 195 de la Constitution de la République portugaise, la non-approbation d'une motion de censure implique automatiquement la démission du gouvernement.

L'Assemblée de la République au Portugal, composée de 230 députés élus pour un mandat de quatre ans, siège au palais de São Bento à Lisbonne et existe depuis le 25 avril 1974. Ces députés exercent le pouvoir législatif, votent le budget et contrôlent l'action du gouvernement. En vertu de l'article 172 de la Constitution du Portugal, le président de la République peut dissoudre l'Assemblée de la République en cas de crise politique grave, après consultation du Conseil d'Etat. Il s'agit de la dixième dissolution du Parlement depuis le 25 avril 1974. Après la dissolution, de nouvelles élections doivent être convoquées dans un délai maximal de 60 jours.

 


Situation politique actuelle et conséquences futures (avril-mai 2025)

Le 18 mai 2025 auront lieu les élections législatives anticipées qui détermineront le nouvel équilibre du Parlement portugais. Conformément à la Constitution et avant les nouvelles élections, il existe une Commission permanente du Parlement qui reste en fonction afin de gérer les « affaires courantes » en lien avec le gouvernement démissionnaire et qui a donc un périmètre d'action très limité.

Si le PSD de Luís Montenegro espère obtenir une majorité plus claire lors des futures élections, son image a été ternie par les affaires de corruption. L'extrême droite menée par Chega semble tirer parti de cette crise en exploitant le scandale pour rallier des votes d'électeurs mécontents des partis traditionnels même si les sondages donnent une stagnation sinon une baisse de nombre de députés qui pourrait être élu sur les listes de Chega.

Cette crise politique a également un impact sur le volet social et économique du pays : elle ralentit les réformes économiques et sociales en cours.

Cette crise politique révèle une instabilité croissante au Portugal. Les citoyens expriment une certaine fatigue face aux scandales et à l'absence de majorité stable. Les élections du 18 mai 2025 semblent cruciales pour l'avenir du pays mais incertaines quant aux résultats, car il peut toujours y avoir des surprises qui dépassent le cadre des sondages. Rendez-vous le 18 au soir pour en savoir plus !

 

 

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