À travers l'aide d'urgence, l'insertion professionnelle et le soutien social, l'Entraide cherche à redonner autonomie et dignité à ceux qui en ont le plus besoin. Catherine Janot, nouvelle présidente de l'Entraide française à Madrid, nous expose les missions de cette association presque bicentenaire - elle a fêté ses 175 ans - dédiée à l'accompagnement des personnes en difficulté. Entretien.
Aider, c’est aussi apporter un soutien émotionnel.
Pouvez-vous nous rappeler les grands axes de la mission de l’Entraide ?
L'Entraide est une association qui a une longue histoire. Elle a été fondée il y a un siècle par Ferdinand de Lesseps. Nous avons la responsabilité de faire perdurer cet héritage de solidarité. Notre mission consiste à accompagner et aider nos compatriotes, ou des personnes ayant un lien avec la France, et qui se trouvent en situation difficile. Cette action prend plusieurs formes. Cela peut être une aide d'urgence ou un soutien plus durable, permettant à des individus, des familles, et souvent des femmes en situation de vulnérabilité, de surmonter des obstacles ou de reconstruire un projet. Nous aidons également les jeunes à préparer leur avenir. Notre but est d'aider les personnes en difficulté à retrouver autonomie et dignité.
Quelles sont les types d’aide que cette association apporte au quotidien ?
L’an dernier, nous avons accompagné 83 familles ou personnes seules. Nous les avons aidées dans le paiement de leur loyer ou dans la prise en charge de leurs factures de gaz et d'électricité. Pour lutter contre la précarité énergétique, nous bénéficions du soutien de Leroy Merlin. Nous intervenons également sur des sujets liés à la santé et aux handicaps, par exemple pour aider des enfants handicapés à accéder à des services de scolarité ou à des soins qui sont peu ou mal remboursés par la sécurité sociale espagnole. Un autre volet très important de notre action est consacré à l'aide alimentaire. Certaines personnes viennent directement dans nos locaux pour recevoir des produits alimentaires, tandis que d'autres bénéficient de paniers distribués aux familles. Nous proposons également des colis spéciaux à Noël.
Donc, au-delà de l’aide d’urgence, vous développez un accompagnement pour préparer les jeunes à l’avenir ou reconstruire des trajectoires professionnelles, c’est bien cela ?
Oui, tout-à-fait. C’est un point essentiel. Nous avons mis en place un dispositif pour accompagner des personnes qui ont, pour des raisons diverses et variées, souvent liées à la précarité, quitter le monde du travail. Avec Mazette, on organise une opération qui s'appelle "La Jupe solidaire”. Elle propose des ateliers de retour à l'emploi pour les femmes. Nous accompagnons aussi certains de nos bénéficiaires dans leur recherche d'emploi, soit en les mettant en relation avec des groupes ou des entreprises, soit en les aidant à refaire leur CV et en leur partageant des contacts.
En parallèle, nos bénévoles proposent du soutien scolaire, ainsi que des cours de français pour rapprocher de la France les personnes qu'on aide. Ce qu’il est important de dire, c'est qu'une partie significative de notre activité repose sur des aides qui sont immatérielles. Celles-ci ne se traduisent pas forcément par des transferts de fonds ou de biens, mais elles permettent d'apporter un soutien émotionnel plus que nécessaire dans certaines situations.
Notre assistante sociale, salariée de l'association, passe beaucoup de temps à guider les personnes dans leurs démarches administratives, qu'il s'agisse de services publics français ou espagnols, ou encore d'accès aux services bancaires. C'est le sujet de la fracture numérique. Préparer, constituer des dossiers pour obtenir à nouveau des papiers d'identité français ou espagnol en règle, est une étape indispensable pour accéder à d'autres aides. Tout cela nécessite un suivi minutieux et un accompagnement de longue durée. C’est ce que nous faisons.
L'Entraide vit en grande partie grâce aux dons que nous font des entreprises, qu’il s’agisse de dons en nature pour les tombolas ou de soutiens financiers permettant de mener à bien nos actions.
En tant que présidente, quelles vont être vos priorités pour cette année ?
J’ai pris la présidence de l’Entraide après neuf ans de travail remarquable de Jean-François Favard, qui a veillé à ce que l’association soit gérée de manière rigoureuse et transparente, tout en collaborant étroitement avec ses partenaires. Je m’inscris donc dans la continuité de son travail. Je pense qu'il y a quelques axes de réflexion à mener, notamment sur la façon de mieux faire connaître l’Entraide, non seulement auprès des Français, mais aussi des Espagnols, car nous organisons des événements qui peuvent aussi les intéresser.
L'Entraide vit en grande partie grâce aux dons que nous font des entreprises, qu’il s’agisse de dons en nature pour les tombolas ou de soutiens financiers permettant de mener à bien nos actions. Je crois qu’il est important qu’on réfléchisse à la dimension sociale dans la responsabilité sociale des entreprises. Aujourd’hui, on parle beaucoup des critères ESG — environnementaux, sociaux et de gouvernance — et si l’axe environnemental est souvent mis en avant, je crois que la dimension sociale mérite aussi une attention particulière.
Une de mes priorités sera donc de réfléchir à la manière dont l’Entraide peut accompagner les entreprises qui souhaitent s’engager davantage dans le domaine social, en aidant celles qui ont cette vocation à soutenir les personnes en difficulté. Cela fait partie de notre réflexion sur l’offre de valeur que nous pouvons proposer aux entreprises désireuses d’avoir un impact social concret. C’est fondamental.
Aider l'Entraide, c'est aider les membres de notre communauté qui en ont le plus besoin.
Comment prévoyez-vous de rendre l'Entraide plus visible au sein de la communauté francophone et auprès des autorités espagnoles ?
Aujourd'hui, l'Entraide est surtout connue des personnes qui sont depuis longtemps en Espagne. Notre association collabore énormément avec l'équipe du consulat, et notamment avec l'équipe chargée des affaires sociales. Le consulat nous oriente vers des personnes qu'ils ne peuvent pas directement aider, et de notre côté, nous aidons certaines personnes à accéder aux aides auxquelles elles ont droit auprès de l'administration française.
Je crois en effet qu'on doit renforcer nos actions de communication et être plus présents sur les réseaux sociaux. Ce qui est important, et Lepetitjournal.com le fait de manière récurrente, c'est de donner de la visibilité à nos événements. L'événement phare de la fin de l'année, c’est la vente de Noël, qui a lieu le 15 décembre à Madrid. Il y a aussi une boutique en ligne, permettant à ceux qui ne peuvent pas se rendre sur place ou qui ne sont pas disponibles, de commander des produits gastronomiques français. Notre message est clair : aider l'Entraide, c'est aider les membres de notre communauté qui en ont le plus besoin.
D’ailleurs, nous avons besoin de bénévoles pour nous aider à étendre et améliorer notre communication, et nous comptons également sur nos amis de l’Entraide pour relayer nos messages. On envoie une newsletter tous les deux mois. Il est très simple de s’y inscrire via notre site et de la partager pour que nos actions puissent toucher un public encore plus large. Ensemble, nous pouvons faire la différence et renforcer le lien solidaire qui unit notre communauté.
Devenir membre de l'Entraide :
- Vous apportez un soutien régulier à l’Entraide dans l’ensemble de ses missions auprès des familles en difficulté. C’est pour l’association l’assurance de pouvoir répondre à des demandes urgentes à tout moment.
- Vous êtes invités à l’Assemblée Générale et détenez un droit de vote.
- Vous bénéficiez d’une déduction fiscale de 80% du montant des versements (plafonnée à 150€ par an) sur l’IRPP. Par exemple : Cotisation de 100€ → Déduction fiscale 80€ → Coût réel pour le cotisant 20€.
Plus d'informations sur le site officiel de l'Entraide.
Les coordonnées bancaires de l'Entraide pour vos virements :
ABANCA – ES17 2080 3867 7430 4000 7247 – CAGLESMMXXX
CAIXABANK – ES71 2100 4991 6722 0009 1556 – CAIXESBBXXX