Le jeudi 10 avril, la Maison de l’Occitanie à New York a accueilli une cinquantaine de participants pour un afterwork convivial dédié à l’échange interculturel. Autour du thème « Chocs culturels : Naviguer entre les cultures de travail française et américaine », quatre intervenants, venus des deux rives de l’Atlantique, ont partagé leurs expériences et offert des pistes pour mieux appréhender les différences entre les deux pays dans le milieu professionnel.


Franc-parler vs enthousiasme débordant : quand les cultures s’entrechoquent
Les intervenants, tous familiers des enjeux interculturels, ont livré des témoignages riches en enseignements. Parmi les points soulevés, la question du feedback, souvent plus direct en France, est revenue à plusieurs reprises.
Emily Ayoob, avocate américaine accompagnant des entreprises françaises, en a fait l’expérience lors de son premier stage en France dans un grand cabinet : « Je me souviens d’un collaborateur senior qui m’a coupée net : “Je te fais un retour, tais-toi et écoute.” Sur le moment, j’ai trouvé ça choquant, mais j’ai compris ensuite que ce feedback direct venait d’une vraie volonté de m’aider à progresser. Aujourd’hui, j’essaie d’appliquer la même approche auprès de mes collaborateurs français », a-t-elle raconté.
Un constat partagé par Christina Rebuffet-Broadus, Américaine installée à Grenoble qui aide les entrepreneurs européens à mieux appréhender le marché américain : « La question du feedback est une énorme différence culturelle. Un manager français va relever tout ce qui ne va pas, non pas par négativité, mais par respect, pour t’aider à progresser. Alors qu’un Américain, face à ce type de retour, peut se sentir complètement démoralisé, en pensant qu’il va se faire virer ».
Culture, start-ups, vin : l’Occitanie rayonne à New York
De la même façon, l’enthousiasme des Américains, souvent perçu comme excessif ou déroutant pour les Européens, constitue l’un des chocs culturels les plus marquants. « L’Urban Dictionary définit le terme "awesome" comme la réponse des Américains à tout, a plaisanté Christina Rebuffet-Broadus. Leur enthousiasme peut être trompeur : il ne faut pas le confondre avec un véritable engagement. Pour savoir s’il s’agit d’un réel intérêt, il faut creuser, relancer, fixer un rendez-vous. Bref, obtenir une suite concrète ».
En France, on pense, on repense, on anticipe ce qu’il faudra faire dans trois, cinq ou dix ans. Aux États-Unis, on teste, tout simplement.
Conflits et gestion de projet : deux visions, deux cultures
Sur les différences d’approche dans la gestion de projet, Matthieu Salvignol, PDG toulousain qui dirige des marques européennes aux États-Unis, a souligné : « Ici, quand on a un objectif, qu’on veut développer une marque ou un produit, on ne passe pas des heures à intellectualiser le processus. Alors qu’en France, on pense, on repense, on anticipe ce qu’il faudra faire dans trois, cinq ou dix ans. Aux États-Unis, on teste, tout simplement ».
Autre point sensible : la gestion des conflits, qui reflète des approches très différentes. Emily Ayoob a tenu à rappeler : « Il faut avoir conscience du fait que les Américains sont très réfractaires au conflit, ce qui peut dérouter les clients français ». Là où un Français ira droit au but, quitte à être perçu comme abrupt, l’Américain privilégiera souvent une approche plus diplomate, évitant les confrontations directes. Une manière de faire qu’Octave Berry, ingénieur Toulousain chez Amazon installé à New York, a appris à intégrer : « Je dis très rarement non. Quand quelqu’un propose une idée, je ne vais pas lui dire quoi faire, mais plutôt : “As-tu pensé à cette approche ?”. J’essaie de vraiment d’“empower“ la personne, et j’ai remarqué que ça fonctionnait bien. En tant que Français, on a plutôt tendance à relever les erreurs et passer à autre chose. J’essaie de m’en défaire ».
Mona Azzam reçoit les auteurs occitans à New York
Un afterwork convivial pour rassembler malgré les différences
Les invités ont eu l’occasion de savourer du vin d’Occitanie, des hot dogs et des tartelettes à la fraise, une manière chaleureuse de célébrer la rencontre entre les cultures et de favoriser les échanges sur nos différences : « Le choc des cultures est un sujet qui nous fait beaucoup débattre, nous, les Français de New York, et souvent rire de nos incompréhensions ou de comportements complètement opposés », nous a confié Stéphanie Liot, Project Manager à la Maison de l’Occitanie. Un constat partagé par Paul Cousin, directeur exécutif depuis 2021 : « Je pense que beaucoup n'ont pas conscience des différences culturelles avec les Américains. Moi le premier, quand je suis arrivé, je n'ai pas mesuré nos différences culturelles, je pensais que les Américains étaient culturellement plus proches des Européens que ce qu'ils ne sont en réalité ».

Chaque trimestre, la Maison de l’Occitanie organise des afterworks autour de thématiques fédératrices. « L'objectif est double, rassembler la diaspora occitane new-yorkaise pour des évènements conviviaux, et surtout augmenter notre réseau pour aider les entreprises régionales à développer leurs activités aux États-Unis », a conclu Paul Cousin.
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