Laure de Rivières, une Française installée à Los Angeles depuis sept ans, signe son premier roman « La belle famille » paru chez Flammarion, ce 4 mai. Dans ce livre admirablement bien construit, l’auteure aborde le sujet de l’emprise et de la violence conjugale. Elle écrit et décrit cette violence silencieuse et aveugle que Manon — le personnage central de La belle famille — subit. Un livre bouleversant dont l’histoire peut arriver à n’importe quelle femme.
Laure de Rivières
La belle famille
Laure de Rivières est une ancienne journaliste qui a évolué pendant quinze ans dans la presse féminine où elle a essentiellement traité de sujets de société concernant les femmes. Ces femmes qui lui tiennent tant à coeur. Dans La belle famille, c’est le sujet dramatique de la violence conjugale qui est abordé, de l’emprise et de la manipulation. Un sujet de société dont est victime Manon, le personnage central de La belle famille. Si l’histoire est romancée par l’auteure, elle est toutefois inspirée d’une histoire vraie. D’une vraie Manon. « J’ai voulu raconter une histoire avant de faire passer un message » explique Laure de Rivières.
« Je pensais qu’une fille de cette génération-là était prémunie face aux violences domestiques, je pensais que nos mères et que les femmes de ma génération avions balisé le chemin afin que cela n’arrive plus. C’est incroyable de voir qu’une femme de sa génération, aussi affranchie, indépendante et libérée tombe dans une coquille de violence dont elle n’a presque pas conscience. Qu’elle soit enfermée et manipulée sans avoir conscience qu’elle peut en sortir, » explique Laure de Rivières.
La belle famille est l’histoire de Manon, une jeune étudiante de 20 ans, libre, vivante, entière, honnête et confiante. En elle et dans les autres. Sa rencontre avec un homme catholique intégriste et père de cinq enfants va bouleverser sa vie. Par amour, elle s’engage sur un chemin dont personne ne sort indemne. L’auteure nous entraîne dans la vie de Manon, victime du mécanisme de l’emprise amoureuse, sociale et religieuse, enfermée dans une violence domestique qu’elle occulte complètement par amour. Sans que personne autour ne s’en rende compte. Laure de Rivières a l’art de décrire la solitude dans laquelle est enfermée une victime de violence domestique. Son épuisement. Son abnégation. Dans la construction de son roman, l’auteure donne tour à tour la parole aux personnages. Ceux de deux familles que tout sépare. Deux familles aux antipodes sociales, marquées par des différences de valeurs, de croyance voire de non-croyance. Au fil des pages, dont on ne peut se défaire, on partage la souffrance de Manon. Un livre qui tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. Jusqu’à la dernière lignée.
« Je pense qu’on est éminemment seule quand on est victime de violence domestique, c’est très difficile pour l’entourage de le mesurer, d’en prendre conscience et pire, c’est aussi difficile pour celle qui en est la victime » explique Laure de Rivières. Est-ce qu’une femme est libre de ses choix ou est-elle tenue par des contraintes morales, sociales, domestiques, conjugales ? Une question qui taraude Laure de Rivières. « Je suis fascinée par les femmes, je les trouve incroyablement fortes, résilientes, courageuses, ce sont elles qui portent le monde et pour autant, j’ai un amour infini pour les hommes. Je n’ai eu que des relations amicales, professionnelles ou amoureuses très saines avec les hommes qui m’entourent. Je fais partie des femmes qui disent que nous ne sommes rien sans les hommes et qu’ils ne sont rien sans nous, c’est un juste équilibre des choses. La force des femmes et leur générosité me subjugueront toujours » explique Laure de Rivières.
De par sa vie américaine, Laure de Rivières façonne une partie de l’histoire. Un personnage clé, le père de Manon, est Afro-américain. « Aux États-Unis, il y a une espèce de résilience et de rebond permanent, et c’est dans cet état d’esprit que Manon est élevée » explique l’auteure. Et de rajouter, « quand je suis arrivée aux États-Unis, j’ai été frappée par l’optimisme des gens et j’ai voulu que mon personnage central ait cette confiance en l’humanité. Pour moi, cette filiation américaine est symbolique et se rattache à mon histoire ».
À travers cette histoire, Laure de Rivières raconte la force des femmes, leur jusqu’au-boutisme féministe. « Manon est une héroïne féministe. C’est curieux de dire ça d’une femme qui a tout abandonné, sa famille, ses études pour se plonger dans un moule familial qui n’est pas le sien et en être une victime. Je pense que le choix d’amour absolu qu’elle fait est le féminisme ultime. On n’est pas féministe parce qu’on envoie tout balader — la famille, les codes, le mari — on est féministe parce qu’on fait un choix de vie auquel on se tient et, c’est un choix d’amour que Manon fait et qu’un homme n’aurait pas été capable de faire. C’est ce qui montre toute la force des femmes et qui me fait dire que les femmes portent le monde parce que nous sommes capables de faire le don de soi, la preuve de courage la plus forte qu’il soit » détaille Laure de Rivières. Un soldat qui meurt pour sa patrie.
« Manon a le sentiment de construire une belle famille, une jolie famille, parce qu’elle-même vient d’une incroyablement jolie famille et, peu à peu, on passe d’une belle famille à LA belle famille » conclut Laure de Rivières.
Du rêve au cauchemard. Ce qui peut arriver à n’importe quelle femme. Un livre à lire absolument parce qu’il est admirablement écrit, parce qu’il raconte une histoire vraie et sincère. Et peut-être aussi parce qu’il décrit cette descente aux enfers que connaissent certaines femmes et que leur entourage ne peut comprendre.
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