Isabelle Huppert est l’une des actrices françaises les plus reconnues à l’international. Elle a travaillé avec les plus grands réalisateurs et a remporté à deux reprises le prestigieux Prix d’interprétation féminine à Cannes, pour ses rôles dans Violette Nozière et La Pianiste. Parallèlement à sa carrière au cinéma, Isabelle Huppert est également une grande comédienne de théâtre. Elle est en Chine pour une tournée de La Cerisaie, une pièce d’Anton Tchekhov mise en scène par Tiago Rodrigues. Elle a répondu aux questions de l'Institut Français de Chine à l'occasion du Festival Croisements.


La culture française est bien accueillie en Chine
Vous avez eu l’occasion de venir en Chine à plusieurs reprises au cours de votre carrière. Qu’est-ce qui vous frappe le plus dans la manière dont la culture française est reçue et vécue par le public chinois ?
J’ai déjà pu constater à quel point la culture française est bien accueillie en Chine, notamment il y a quelques années lors d’une lecture de L’Amant de Marguerite Duras qui m’a conduite à Pékin, Shanghai et Canton, ma première expérience de scène en Chine. J’avais été frappée et enthousiasmée par la ferveur du public. Ce même sentiment s’est renouvelé lors de ma venue en décembre 2024 avec La Ménagerie de Verre. Bien que cette œuvre soit américaine, montée et interprétée par une compagnie française, là encore, j’ai été touchée par la chaleur de l’accueil qui nous a été réservé.
Je suis convaincue que La Cerisaie sera bien reçue
En tant qu’actrice, comment naviguez-vous entre différentes sensibilités culturelles tout en restant fidèle à votre style ?
Je voyage beaucoup avec mes spectacles. Actuellement, j’ai quatre pièces en tournée à travers le monde, dont La Cerisaie, qui sera présentée en Chine. Plus récemment, j’ai joué La Ménagerie de Verre et Bérénice dans une mise en scène de Roméo Castellucci, dont j’espère qu’elle pourra être produite en Chine après notre tournée européenne. Tout comme Mary Said What She Said, ce monologue sur la vie de Mary Stuart, mis en scène par Robert Wilson, que je me réjouis de reprendre bientôt à New York. C’est une coïncidence que ces quatre spectacles se jouent en même temps ; cela impose une véritable gymnastique de la mémoire. Quels que soient les lieux où ces pièces sont jouées, le public les accueille toujours avec curiosité et enthousiasme : il se montre attentif aux choix des metteurs en scène, même lorsqu’il s’agit de propositions esthétiques audacieuses. Je suis convaincue que La Cerisaie, dans l’approche originale et inattendue de Tiago Rodrigues, sera tout aussi bien reçue en Chine.
J'aimerais travailler avec des réalisateurs chinois
Pouvez-vous parler de votre relation avec la Chine et la culture chinoise ? Avez-vous un souvenir marquant ?
Oui, quand je suis venue pour l'exposition de photographie qui m’était consacrée au centre artistique UCCA, dans le quartier 798 de Pékin, ou encore ma présidence du jury du festival de cinéma de Hainan, dont la programmation était passionnante. Ma première venue en Chine remonte à il y a quelques temps déjà. J’avais répondu à l’invitation de l’ambassadeur de France de l’époque, Claude Martin, pour présenter plusieurs de mes films, notamment Une Affaire de Femmes. Je garde un souvenir marquant de la master class autour de ce film à l’université de cinéma de Pékin. J’avais été frappée par la manière dont les étudiants comprenaient immédiatement les enjeux du film. Plus tard, j’ai eu l’occasion de donner une autre master class avec le réalisateur Jia Zhangke, un moment tout aussi passionnant. Même si je n’ai encore jamais tourné en Chine, il y a plusieurs cinéastes chinois avec lesquels j’aimerais beaucoup travailler.
Nous sommes impatients de jouer en Chine
Quels sont vos envies de cinéma ? Y a-t-il un rôle en particulier que vous souhaiteriez jouer ?
Je n’ai jamais eu l’envie de jouer un rôle en particulier, mais plutôt celle de travailler avec des cinéastes. En Chine, de nombreux réalisateurs ont émergé ces dernières années, tels que Bi Gan et Diao Yinan, dont je suis le travail et que j’ai eu la chance de rencontrer, sans oublier les figures majeures du cinéma comme Chen Kaige, Zhang Yimou et Jia Zhangke pour ne citer qu’eux.
Auriez-vous un message à transmettre au public chinois du festival Croisements ?
Toute la compagnie de La Cerisaie, Tiago Rodrigues et moi-même, sommes impatients de venir jouer en Chine. Je suis certaine que le public chinois y retrouvera toute la profondeur de l’humour et du génie de Tchekhov.
Isabelle Huppert est à Shanghai dès ce vendredi soir et continuera sa tournée par Nankin et Pékin.
📍 Shanghai Culture Square – 11 au 13 avril
📍 Nankin – 18-19 avril
📍 Pékin – 25 au 27 avril
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