Les objectifs de la Chine pour 2050 sont de se hisser au plus haut niveau du football mondial. Cela passe par la construction d'équipements mais surtout par la formation, Alors, une victoire en coupe du monde en 2050 est-elle possible ? Tour d'horizon de ce sport qui connait actuellement une vraie mutation.


Les ambitions du football chinois
4 juin 2010, l’équipe nationale de football masculine chinoise signe une victoire de prestige en amical face à l’équipe de France de Raymond Domenech. Coup franc de Deng Zhuoxiang, 1-0 pour la Chine, score final. Victoire prémonitoire des déboires que connaîtra l’équipe de France lors du mondial en Afrique du Sud. Depuis, la France a de nouveau gagné la coupe du monde et a joué une finale. L’équipe nationale masculine de football chinoise, quant à elle, n’a jamais passé les qualifications de la zone Asie depuis 2002, date de sa dernière participation en coupe du monde. La Chine vient juste de subir une défaite contre l’Australie en qualifications du mondial 2026. Ses chances de se qualifier pour le prochain mondial au Mexique et aux États-Unis semblent compromises. Comment expliquer un si maigre bilan ? La Chine possède pourtant des atouts et des motifs d’espérer devenir un pays qui compte dans le football mondial. Cette ambition est soutenue sur le plan politique avec un plan sur quinze ans, lancé par le gouvernement en 2021. Il a pour ambition de faire de la Chine une grande nation du football.

La Chinese Super League et les stars européennes
Didier Drogba, Nicolas Anelka, Oscar, Hulk, Carlos Tevez, Ezequiel Lavezzi, Javier Mascherano. Connaissez-vous ces joueurs et qu’ont-ils en commun ? Ce sont tous des grands noms des championnats européens des années 2010, tous venus s’offrir une retraite dorée en Chinese Super League, la première division masculine de football. Shanghai Shenhua, Shanghai Port (ex SIPG), Beijing Guoan, Guangzhou FC (ex Evergrande). Presque chaque club de la Chinese Super League pouvait se targuer d’avoir sa tête de gondole. Certains joueurs ont déçu les fans, mais d’autres ont été très prolifiques, à l’image d’Oscar, le meneur brésilien arrivé au Shanghai SIPG en 2017 en provenance de Chelsea. Il vient de quitter la Chine après 8 ans de bons et loyaux services. Aujourd’hui, bien que la Chinese Super League compte encore de nombreux joueurs de talent, les années fastes sont révolues et les grands noms du football choisissent plutôt de signer dans les clubs saoudiens ou bien aux États-Unis. Les victoires en Ligue des champions d’Asie du Guangzhou Evergrande, aujourd’hui Guangzhou FC, en 2013 et 2015 doivent permettre d’espérer un renouveau de la première division chinoise.

Formation et investissements chinois
L’ambition chinoise s’est aussi manifestée à la même période par le rachat de plusieurs clubs majeurs en Europe. Ces rachats n’ont pas tous été des succès et d’autres laissent entrevoir un potentiel de développement important. En 2016, l’Inter de Milan est racheté par le groupe Suning. En Angleterre, ce sont les clubs de West Bromwich Albion et d’Aston Villa qui sont rachetés, en Espagne l’Espanyol Barcelone. La France n’échappe pas à ces investissements, puisque l’AJ Auxerre et le FC Sochaux sont rachetés par des Chinois pour la somme de 7 millions d’euros. Des parts sont également acquises dans d’autres clubs comme l’Olympique Lyonnais et l’OGC Nice. Pour l’AJ Auxerre, le rachat par le milliardaire James Zhu est une belle réussite, puisque le club a retrouvé l’élite et obtient de bons résultats cette saison. Cela fait désormais 8 ans que le milliardaire est à la tête du club qu’il souhaite pérenniser dans l’élite. Ces investissements permettent de créer des ponts entre l’Europe et la Chine et de faire venir des jeunes Chinois pouvant bénéficier de l’expertise de ces clubs en matière de formation. Pour le moment, aucune jeune pousse chinoise n’a percé en Europe au plus haut niveau, mais avec la multiplication des partenariats, notamment à l’AJ Auxerre, cela pourrait arriver dans les prochaines années, et pourquoi pas en Ligue 1.

La coupe des villages du Guizhou
La France reste compétitive au niveau international car elle possède une formation de haut niveau bien implantée sur le territoire et un vivier de jeunes talents presque inépuisable. Et si l’avenir du foot en Chine était loin des grandes métropoles ? Le développement des infrastructures partout dans le pays pourrait bénéficier au football et permettre aux jeunes ruraux de pratiquer ce sport dès le plus jeune âge. Démocratiser ce sport partout en Chine est peut-être la solution. La coupe des villages du Guizhou, une des provinces les plus rurales et reculées de Chine, met en lumière ce sport. L’événement est devenu très populaire en Chine. Il est retransmis en direct à la télévision. Les joueurs sont des passionnés, amateurs, ils ont souvent une autre profession à côté. Cette compétition est une véritable aubaine pour l’économie locale et un sacré coup de projecteur sur une région historiquement en retard économiquement. Cette initiative pourrait se multiplier à travers la Chine pour développer un championnat amateur et semi-professionnel à même de pouvoir alimenter les clubs professionnels et la sélection nationale en bons joueurs. Les meilleurs pourraient également parfaire leur formation dans les grands clubs étrangers.

Une sélection féminine compétitive
Et si l’exemple à suivre se trouvait du côté de l’équipe féminine ? Les Chinoises sont régulières en compétition internationale. L’équipe compte déjà 9 victoires en coupe d’Asie, a atteint la finale de la coupe du monde 1999 et est médaillée d’argent des JO 1996. La Chine a également organisé la première coupe du monde de football féminin de l’histoire en 1991. Le championnat possède aujourd’hui d’importants moyens financiers et des joueuses de talent. L’équipe rivalise avec les autres grandes équipes, même si les résultats des dernières compétitions internationales ne sont pas encore à la hauteur des espérances et du potentiel du football féminin chinois. Les joueuses des deux premières ligues chinoises sont toutes des professionnelles. Les gouvernements des provinces ont investi massivement dans le développement de ce sport. Le football féminin a pleinement bénéficié de la politique du gouvernement chinois pour développer ce sport, notamment dans le monde professionnel et l’accès au football dans les écoles. La formation des jeunes reste encore un axe de développement majeur. À l’image de leurs homologues masculins, former les jeunes localement permettra de développer le vivier des jeunes talents dans lequel les clubs professionnels et les sélections pourront puiser.
Avec une politique si ambitieuse et un réajustement des politiques gouvernementales vers la formation locale dès le plus jeune âge, nous aurons peut-être le plaisir de voir évoluer dans un avenir proche des joueurs chinois dans notre Ligue 1 et voir la Chine participer régulièrement à la coupe du monde de football.
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