Le podcast Marcher entre les lignes est un voyage poétique et sonore dans Singapour à travers des extraits d’œuvres et des rencontres avec des écrivains locaux. Création : Julie Moulin. Montage et habillage sonore : Vincent Cateigne.
Après avoir collaboré avec Vincent Cateigne sur plusieurs projets, notamment les pastilles sonores, et en ayant moi-même essayé de découvrir et comprendre Singapour en utilisant la photographie comme prétexte pour arpenter les rues de la cité-état, j’ai été particulièrement touchée par ce podcast riche en informations et empreint de beaucoup de poésie. Julie Moulin a choisi de plonger ses lecteurs dans l’histoire de la cité-État à travers un prisme littéraire unique mêlant fiction et réalité. En utilisant des œuvres classiques et des écrits moins connus, elle crée un fil narratif qui nous transporte à différentes époques, révélant ainsi les enjeux sociaux, politiques et culturels qui ont façonné la cité-état. La littérature devient alors un moyen puissant d’explorer le passé et de mieux comprendre notre présent.
C’est la vision d’une “Ang mo”, comme on appelle ici une Caucasienne qui vit à Singapour, un podcast rythmé par la lecture d’extraits en anglais, repris en français par Julie, le tout enveloppé de l’habillage sonore délicat de Vincent. Ce projet qui explore les coutumes et les interrogations des Singapouriens d’aujourd’hui aide à saisir la diversité des perspectives de cette société multiculturelle, sans porter de jugements.
Après l'écoute de ce podcast j’ai eu envie d’aller à la rencontre de Julie et Vincent…
Julie, depuis quand es-tu à Singapour ? Où étais-tu avant?
Je suis arrivée à Singapour avec ma famille en août 2020, en pleine pandémie de Covid. Nous vivions auparavant près de Genève, côté français. Nous avons également habité quelque temps à New-York et à Londres avant d’avoir nos enfants. J’ai aussi beaucoup voyagé et séjourné en Russie.
Quel est ton cursus?
Je suis diplômée de Sciences-Po Paris (promo 2000), de l’IFP-ENSPM (2002) et je détiens une licence de russe obtenue à l’INALCO (2020).
Quelles sont tes expériences professionnelles passées?
Assez variées ! J’ai d’abord travaillé à Paris comme journaliste dans une revue spécialisée dans les questions énergétiques puis à BNP Paribas, à Genève, dans le financement des hydrocarbures russes. En 2006, j’ai rejoint un fonds de microfinance basé à Genève, BlueOrchard Finance. Pendant 6 ans, je me suis occupée du financement d’institutions de microfinance en Europe de l’Est, Russie, Asie Centrale et Caucase.
Encore un virage, cette fois à 360 degrés en 2012. Je quitte le monde de l’entreprise pour me consacrer à l’écriture. Je publie deux romans chez Alma Editeur : Jupe et pantalon (2016) et Domovoï (2019). Je participe à plusieurs ouvrages collectifs et à des performances avec des écrivains suisses romands. J’anime des ateliers d’écriture à destination de tous publics.
Pourquoi as-tu eu envie de parler d’auteurs singapouriens ?
La lecture a toujours été un moyen pour moi de comprendre la culture de l’autre. J’ai une connaissance fine de la Russie grâce à la langue, à mes séjours sur place mais aussi grâce à la littérature. Dès mon arrivée à Singapour, j’ai eu envie de comprendre ce pays et cette région par les livres. Les choses se sont un peu précipitées quand en mars 2021 j’ai été atteinte de plusieurs lésions nerveuses à la colonne vertébrale. Je ne pouvais plus marcher que sur de courtes distances. J’ai passé beaucoup de temps allongée chez moi dans l’incapacité de travailler et d’écrire. Lire des auteurs singapouriens contemporains a été une manière pour moi de continuer à explorer et à déambuler dans Singapour, et encore mieux, d’entrer grâce à la fiction dans l’intimité des Singapouriens, ce que je n’aurais sans doute pas fait, valide. Je me suis dit que je pouvais en faire profiter les autres.
Comment as-tu connu Vincent ? Qu’est-ce qui te plaît dans son univers musical ?
Vincent proposait une formation à la création de podcast et moi je voulais apprendre à poser ma voix et à utiliser un logiciel de montage pour enregistrer des livres à voix haute à destination de personnes alitées ou handicapées comme moi. Seulement il fallait un thème, quelque chose sur quoi travailler. C’est là que l’idée m’est venue de lancer un podcast sur Singapour à travers les livres que j’avais lus et de tester ainsi une nouvelle forme d’écriture. J’ai écrit le premier épisode que j’ai enregistré avec Vincent. J’avais eu l’occasion d’écouter ses créations musicales quand sont parues les pastilles sonores. J'ai aussi écouté ses albums sur Spotify. J’aime son univers à la fois rythmé et onirique avec des influences ethniques. Nous avons rapidement décidé de poursuivre notre collaboration pour toute une saison !
Vincent, depuis quand es-tu à Singapour ? Où étais-tu avant ?
Nous sommes arrivés à Singapour avec mon épouse en 2013, après un tour du monde dans le cadre d’un projet autour de l’enseignement musical. Avant cela, j’ai vécu à Paris de 2000 à 2012.
Parle-nous de ton cursus.
J’ai appris la guitare et le chant à Beauvais, avec mon père et mon frère dès l’âge de 7 ans. Puis, je me suis formé au gré des rencontres à d’autres instruments : la basse, les percussions, le piano, le didjeridoo, etc. Je suis parti vivre à Paris en 2000 où j’ai monté de nombreux projets artistiques, dont Fabulari, une performance live mêlant compos, guitare voix, percussion corporelle et langue des signes. Enfin, j’ai suivi une formation à l’ATLA où j’ai appris à maîtriser l’art du beatmaking et du mix.
Quelles sont tes expériences professionnelles passées ?
À Paris, j’ai travaillé comme professeur de guitare, coach vocal, compositeur, arrangeur et musicien de studio. À Singapour, j’ai eu la chance d'être Head Of Music de Apollo Learning pendant 4 ans, avant de monter ma propre structure dédiée à l’enseignement de la musique. Depuis presque 5 ans, je me suis orienté avec succès dans le design sonore et le podcast de marque.
Qu’est-ce qui te plaît dans ce podcast ?
La collaboration avec Julie, en qui j’ai trouvé une partenaire et complice. Enfin, le contenu ! J’aime l’idée de faire découvrir Singapour par le prisme de ses auteurs. C’est comme offrir un voyage littéraire et immobile à nos auditeurs.
Tu as d’autres projets ?
Je travaille sur plusieurs identités sonores en ce moment même, ainsi que sur un podcast de marque sur 9 épisodes qui verra le jour fin octobre. Au-delà de tout ça, je propose des concerts privés à domicile avec le Trio Nomade.
Finalement je suis certaine que ce podcast transformera la façon dont vous envisagez Singapour, que vous soyez un touriste, un expatrié ou simplement curieux de découvrir ce que l’on nomme la “Suisse de l’Asie”. À travers des récits authentiques, des interviews inspirantes et des découvertes fascinantes, vous plongerez au cœur de la vie singapourienne, en explorant ses coutumes, ses questions contemporaines et ses trésors cachés par le biais de la littérature locale.
Chaque épisode vous offrira une nouvelle perspective, vous permettant de mieux comprendre cette ville unique, de vous préparer à votre séjour ou votre installation, et de vous immerger pleinement dans la culture locale.
Et ce podcast vous plaît, pensez à vous abonner sur votre plateforme d’écoute préférée et à le partager. Disponible sur Apple podcast, Spotify, Deezer, Podcast Addict, etc. Le prochain épisode est sorti le 22 octobre.