Dans cette série, Lepetitjournal.com vous invite à dessiner un portrait de Singapour à travers un objet emblématique qui raconte l’histoire de la cité-état autant que le quotidien de ses habitants. A l’approche des 60 ans des relations diplomatiques entre Singapour et la France, laissez-vous surprendre par ces objets qui ont tant à nous dire sur Singapour…


Lepetitjournal.com vous emmène à la découverte de ce véhicule inventé à … Paris !
Rappelez-vous des couvertures de vos manuels d’anglais au collège. Il était là, avec sa carrosserie rouge flamboyant inimitable, symbole londonien par excellence. Vous ne vous attendiez pas à le retrouver ici à Singapour? Et pourtant, des centaines de bus à deux étages sillonnent quotidiennement les rues de la cité-état. Lepetitjournal.com vous emmène à la découverte de ce véhicule inventé à … Paris !

Vous avez dit “impériale”?
Pour être précis, un bus à deux étages s’appelle un bus “à impériale”. “Impériale”, signifiant “l’étage supérieur d’un véhicule de transport en commun”. Son histoire débute en 1855, quand la Compagnie Générale des Omnibus (CGO) voit le jour à Paris. Un an plus tard, elle gère 25 lignes d’omnibus à impériale et pas moins de 6.700 chevaux! Ces omnibus ont l’avantage de pouvoir transporter un grand nombre de voyageurs pour l’époque (40 personnes) mais l’accès à l’étage supérieur se fait par un escalier hélicoïdal plutôt périlleux. Autre problème, comme les voitures sont très lourdes, il faut trois chevaux pour espérer les déplacer. C’est un coût important et, sans surprise, dans les années 1900, des autobus motorisés commencent à sillonner les rues de Paris en remplacement de ces omnibus. La CGO disparaît en 1921.

Le bus à deux étages a-t-il un lien (ou pas) avec l’époque coloniale…?
Le bus rouge londonien est une telle icône britannique qu’il serait logique d’imaginer que les bus à impériale de Singapour soient un reliquat de la présence coloniale. Rappelons que Singapour a été sous domination britannique de 1819 à 1963. Et bien, ce n’est pas du tout le cas et la preuve la plus évidente est la date de mise en service du premier bus à impériale de Singapour: 13 juin 1977. Inauguré en grande pompe par le ministre de la communication Mr Ong Teng Cheong, ce premier bus de la ligne 86 reliait Tampines Way à Shenton Way. Sur le site des Archives Nationales de Singapour, vous trouverez quelques images de cette inauguration et vous pourrez découvrir les visages des tout premiers passagers. Ils ne se doutaient certainement pas que 40 ans plus tard, monter à bord d’un bus à impériale serait devenu un geste banal pour tant d’habitants de Singapour…
En octobre 2020, les premiers bus à impériale électriques ont commencé à sillonner les rues.

Les omnibus à impériale étaient jadis trop gourmands en chevaux, ils sont aujourd’hui trop gourmands en carburant… Sur ces questions écologiques, Singapour fait encore une fois figure d’exemple en investissant pour un avenir plus vert. En octobre 2020, les premiers bus à impériale électriques ont commencé à sillonner les rues. Bien qu’ils soient plus chers que des bus roulant au diesel, le ministre des transports Ong Ye Kung justifie cet investissement au motif de l’urgence écologique. Sans être une solution miracle, les 60 bus roulant à l’électrique achetés par Land Transport Authority en 2018 doivent réduire les émissions de dioxyde de carbone de près de 8.000 tonnes par an, soit l’équivalent de 1.700 voitures. Quand on sait que Singapour s’est fixé un objectif d’une flotte de bus 100% électrique à l’horizon 2040 et que la réduction du nombre de voitures est aussi une priorité, il apparaît clairement que la cité-état souhaite relever les défis écologiques avec ambition et détermination.
Pour tout savoir sur les derniers bus à impériale singapouriens, c’est ici.
A la découverte de Singapour, en bus!
En février 2022, Land Transport Authority publie ses 10 plus belles balades en bus. Voici nos trois préférées. Evidemment, les meilleures places sont au premier rang de l’impériale!
Ligne 30 : ambiance psychédélique grâce aux lumières du tunnel de Marina Coastal Expressway. Vous circulez à 20 mètres sous la mer avant de déboucher face à la skyline. Magique! (durée totale 130 min)
Ligne 200: La plus insolite. Parcourez le quartier de Pasir Panjang et South Buona Vista Road sur le tracé de ce qui était l’un des circuits de course les plus connus (et dangereux) de la ville dans les années 50. Le Gap Hill Climb, aussi appelé “99 bends”, était le terrain de jeu des passionnés de moteurs de l’époque qui se livraient à toutes sortes de courses, officielles ou pas… (durée totale 60 min)
Ligne 857: voyager sur cette ligne à la nuit tombée est toujours un spectacle. A faire au moment du superbe festival indien de Deepavali au cœur de Little India ou pendant le Singapore Night Festival, vers Bencoolen et Bras Basah. (durée totale 120 min)
Ce sont 3,5 millions de trajets qui sont réalisés chaque jour. Les bus sont rarement bondés et généralement ponctuels.

Le bus, moyen de transport idéal à Singapour
Si vous venez d’arriver, vous serez peut-être étonnés d’entendre que les bus de Singapour sont tout aussi efficaces que le métro (voire plus efficaces…). C’est pourtant la vérité! 397 lignes et 5.800 bus quadrillent la Cité-État avec une bonne fréquence de passage. Ce sont 3,5 millions de trajets qui sont réalisés chaque jour. Les bus sont rarement bondés et généralement ponctuels. Pour les nouveaux arrivants: pensez à votre “petite laine” car l’effet frigo est inclus dans le prix du ticket. Pensez à bien vous tenir à la barre car les freinages sont parfois musclés. Pour finir, ne pas oublier de “biper” à la montée (logique) ET à la descente car le montant des trajets dépend de la distance parcourue.
Que vous soyez novice ou utilisateur régulier, bonne nouvelle: les autorités s’apprêtent à investir 900 millions de dollars singapouriens sur huit ans pour améliorer encore ce réseau déjà très performant. Le bus à impériale a de beaux jours devant lui à Singapour !
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