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Suhaimi Yusof, star du petit écran à Singapour

Suhaimi YusofSuhaimi Yusof
(c) Joel Low. Suhaimi Yusof - FLY entertainment
Écrit par Cécile Brosolo
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 25 mars 2018

Nous l'avons découvert grâce au brillant "Forever Young" de Sing'theatre l'année dernière, mais Suhaimi Yusof est une vraie star de la radio et du petit écran à Singapour. Réalisateur, scénariste et producteur, Suhaimi est aussi polyvalent et talentueux que drôle et sympathique. Rencontre avec un gai luron !

 

Vous vous êtes produit dans des centaines de programmes radio et télévision notamment. Comment tout a commencé ?

Suhaimi Yusof - C'est assez étrange ce qui m’est arrivé en fait : enfant, j’étais quelqu’un de très timide, extrêmement réservé et je n’avais pas beaucoup d’amis à l’école. Un jour, au lycée, un de mes professeurs m’a demandé d’être responsable du spectacle annuel des élèves pour la célébration de la « journée des professeurs » (Teachers’ Day). J’aurais préféré me jeter d’un pont !

Bref, on avait préparé un sketch avec deux élèves ... mais une fois sur scène, j’avais oublié les répliques, et j’ai dû improviser. Et à ma grande surprise, il m’est venu spontanément une blague sur Michael Jackson et tout le monde a éclaté de rire. C'est ainsi que j'ai découvert que je pouvais faire rire les gens ... et tout est parti de là. Mais pour être tout à fait honnête, je n'avais aucune idée de ce que je faisais !

 

Suhaimi Yusuf (c) Joel Low
Suhaimi Yusuf (c) Joel Low

Vous vous êtes alors tourné vers une carrière artistique ?

Dans les années 60-70, la scène était essentiellement consacrée à des représentations culturelles et communautaires. C’est-à-dire par exemple l’opéra chinois ou pour nous, malais, l’opéra « Bangsawan » ... et ce n’était pas du tout ce que j’avais envie de faire ! Je n’avais aucune intention d’être habillé en monstre sur scène !

Dès que j’ai fini l’école, j’ai voulu me marier et trouver un travail. J'ai commencé en tant qu’animateur radio, dans une émission pour les adolescents Majalah Remaja, et je suis tombé amoureux de la radio. C'était très excitant tous ces gadgets techniques ! J’étais encore très timide, et c'était pour moi une grande évasion et une façon de m'exprimer, car il n' y avait personne devant moi. Un an après la radio, je me suis tourné vers la télévision.

 

Pas de formation artistique spécifique alors ?

Oh non, quand j’étais jeune, non seulement les écoles d’art n’existaient pas mais personne ne pensait en établir un jour à Singapour ! La seule façon d'obtenir une formation était d’aller étudier à l’étranger. Comme j’ai tout de suite commencé à travailler dans les médias, je n'ai pas eu le luxe de pouvoir suivre une longue formation. Mais j'ai suivi des formations courtes entre deux emplois, pour améliorer certaines techniques comme par exemple comment placer sa voix.

 

Avoir un métier de scène à cette époque à Singapour n’était pas commun. Comment votre famille a-t-elle réagi ?

À cette époque en effet, on ne peut pas dire qu’il y avait beaucoup d’encouragement pour l’art ... Singapour était axée sur la croissance économique ; on venait de sortir de cette expérience douloureuse que fut l’indépendance en 1965 et l’ambiance générale était plutôt : « on va tous mourir ! »

Alors tous les parents de l'époque voulaient que leurs enfants prennent les choses très au sérieux, et l'interprétation d'un « emploi stable » était de devenir enseignant, policier, soldat, etc. donc être quelqu'un de la scène artistique était plutôt vu comme une malédiction pour la famille !

Ma mère me soutient dans tout ce que je fais, mais mon père voulait que je fasse quelque chose de plus sérieux, que j'obtienne un vrai job et m’a dit: « le moins que tu puisses faire, c'est de t’engager dans l'armée ! » Hors de question pour moi !

 

Où en est la scène artistique à Singapour aujourd’hui ?

Je dirais qu’elle est adolescente, mais pas encore adulte. Le gouvernement a commencé à se rendre compte qu’il faut soutenir la scène artistique, mais la réelle compréhension de l’art n’est pas encore là. Comme je le disais, nous émergeons d’une génération pour laquelle la priorité était de devenir médecin, avocat ou ingénieur. Les choses vont un peu mieux mais la pression de réussir, d'avoir un « vrai job » et de gagner sa vie est toujours là. Les gens ont tendance à considérer l'art comme un grand passe-temps : « si tu as le temps et que tu ne collectionnes pas les timbres, alors tu peux le faire! ». C'est la mentalité. Mais c'est un phénomène qui prend de l'ampleur, et il faudra du temps pour le développer encore.

​  Suhaimi Yusuf
Suhaimi Yusuf - Forever Young (c) Anne Valluy

 

Et le public ?

Le public a besoin de comprendre ce qu'est l'art. Il doit comprendre que c'est la meilleure façon de s’évader de la vie quotidienne, du métro-boulot-dodo, et de profiter de l’instant présent et du spectacle. Aujourd'hui, la majorité des spectateurs considèrent que le théâtre fait partie du divertissement. Lentement, la nouvelle génération commence à comprendre que ce n’est pas seulement cela.

Il faut éduquer le public, et pour cela les artistes doivent aussi faire leur part. Ils doivent être plus créatifs et plus expérimentaux dans leur approche, tandis que le public a besoin d'apprécier davantage, non seulement de rire, mais aussi de réfléchir, de se questionner, de s’ouvrir.

 

Suhaimi Yusuf Forever Young
Suhaimi Yusuf Forever Young (c) Anne Valluy

Vous participez au fameux stand-up comedy show « Happy Ever Laughter » depuis 2016 et on vous a vu en 2017 au théâtre dans « Forever Young ». Le goût de la scène ?

Moi qui suis toujours timide, je ne sais pas pourquoi j'ai dit « oui » pour revenir à la scène, mais je l'ai fait ! C'est comme le saut à l’élastique, si on te demande pourquoi tu veux sauter, tu n’as pas de réponse !

J’adore le théâtre et la performance sur scène. Les interactions en direct avec le public, l’improvisation et l’importance du langage corporel, c’est très excitant pour moi. Il m'a fallu un certain temps pour ajuster mon jeu, mais j'étais vraiment reconnaissant qu’on m’ait proposé ces expériences, parce que je me suis ouvert à quelque chose de nouveau et j’ai beaucoup appris.

 

Quels sont vos projets pour 2018 ?

L’an dernier, j’ai donné la priorité au théâtre, et cette année je vais me concentrer sur mes projets pour la télévision. J’ai 3 programmes en cours de production : un talk-show, un sitcom (« Sekurity ») et un téléfilm.

Et je vais participer à nouveau en Juillet au « Happy Ever Laughter » aux côtés de Koumar, de Selina (Tan), de Hossan (Leong), et tous les autres que j’aime beaucoup.

 

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