Ce samedi, Valencia a été le théâtre d’une vaste manifestation dénonçant la hausse des prix de l'immobilier et l'impact croissant du tourisme sur la ville. Sous le slogan “València s’ofega” (Valencia se noie), des milliers de personnes ont défilé dans les rues, exprimant leur inquiétude face à une ville saturée par les logements touristiques. Certains campent encore dans des tentes ce lundi devant la mairie.
« Valencia se noie ! » . Ce cri de colère a résonné dans toute la ville ce samedi, alors que des milliers de personnes ont pris la rue pour protester contre l’asphyxie immobilière et touristique qui menace de vider Valencia de ses habitants. Dans les cortèges, un même sentiment de trahison : la capitale du Turia a été vendue.
Entre logements touristiques et spéculation, les Valenciens réclament des solutions
Nous sommes samedi après-midi. La manifestation, organisée par des collectifs de quartiers, bat son plein. Selon les estimations, entre 15.000 et 50.000 personnes se sont réunies dans les rues de Valencia. Elles dénoncent une flambée des prix du logement et la prolifération des appartements touristiques et projets immobiliers. La foule avance, portée par un slogan : « València s’ofega » (Valencia se noie). Ce cri résonne comme un écho à la grande inondation du 14 octobre 1957. Cette fois-ci, la menace est différente : Valencia apparaît submergée par la pression touristique et la spéculation immobilière.
Les manifestants exigent des actions concrètes : la régulation des loyers, l'arrêt des expulsions, la création de logements sociaux, et la fin de la vente de biens immobiliers à des investisseurs étrangers.
À la fin du rassemblement, un petit groupe de personnes ne veut pas en rester là. Déterminées à se faire entendre, elles installent un campement devant la mairie. Une vingtaine de tentes sont dressées en cercle autour des pancartes de la marche, sur lesquelles le slogan est encore bien visible. Ces campeurs passent la nuit sur place. Ils sont encore là ce lundi. Leur message est clair : la crise du logement à Valencia ne peut plus être ignorée.
Tourisme ou habitants ? Valencia à la croisée des chemins
Avec plus de 800.000 habitants, la troisième ville d'Espagne se transforme rapidement. Le nombre d'appartements touristiques a bondi en l’espace d’un an : de 6.000 fin 2023 à plus de 10.000 début 2024. Conséquence : des loyers plus chers et moins de logements pour les résidents permanents.
Les biens neufs sont peu nombreux, avec seulement 150 unités à vendre, tandis que les loyers ont atteint des niveaux record, plaçant Valencia parmi les trois villes où les prix ont le plus augmenté en Espagne ces dernières années. En réaction, la mairie a instauré un moratoire d’un an sur l'octroi de nouvelles licences pour les logements touristiques. Une mesure insuffisante aux yeux des manifestants.
L'une de leurs revendications porte sur la régulation stricte du tourisme. Les manifestants réclament que la ville soit classée “zone tendue”, ce qui permettrait de contrôler son marché locatif. Ils exigent aussi l'interdiction des appartements touristiques et la limitation des projets d'expansion du port et de l'aéroport. Pour eux, il est urgent de “cesser de promouvoir la ville comme destination touristique”. Le message est simple : à force de vendre des souvenirs, Valencia risque de perdre son âme… et ses habitants avec.