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Rencontre d'Emmanuel Macron et Donald Tusk : le "Welcome back" qui en dit long

Le 12 février 2024 a eu lieu la rencontre entre le premier ministre polonais Donald Tusk et le président français Emmanuel Macron à Paris. « Welcome back » : ces mots prononcés par le Président français pour accueillir le Premier ministre polonais en disent long… Rôle de l'UE, nucléaire, agriculture européenne, Triangle de Weimar : décryptage de cette journée qui marque un nouveau tournant dans la relation franco-polonaise.

Capture Macron Tusk Paris 12 févrierCapture Macron Tusk Paris 12 février
Capture Youtube Présidence de la République - Emmanuel Macron Donald Tusk
Écrit par Marcelina Cymańska
Publié le 13 février 2024, mis à jour le 9 juillet 2024

Sécurité, unité, militarisation et énergie 

Retour sur les thèmes abordés lors de leur discours conjoints. Tout d’abord, il a été question d’unité et de la sécurité de l’Union Européenne : « Un pour tous, tous pour un » „Jeden za wszystkich, wszyscy za jednego ” - qui n’est pas sans rappeler les mots déclarés par l’ancien ministre polonais, Mateusz Morawiecki, en visite à l’Elysée, le 29 août 2022.

 

Rencontre de Mateusz Morawiecki avec Emmanuel Macron : "Tous pour un, un pour tous" 

 

Donald Tusk s’est attardé sur la sécurité, avec la guerre en Ukraine, la reconstruction de la puissance militaire de l’Europe et les objectifs communs en matière d’énergie et d’alimentation.

« L’Union Européenne est 8 fois plus grande que l’économie de la Russie. Nous avons 6 fois plus de population que la Russie. Il n’y a aucune raison pour que nous soyons militairement plus faibles que la Russie ». Donald Tusk

Unia Europejska jest 8 razy większą gospodarką niż gospodarka rosyjska. Mamy 6 razy większą populację niż Rosja. Nie ma żadnego powodu żebyśmy byli słabsi militarnie niż Rosja” - a déclaré le Premier ministre polonais. 

Il a annoncé sa volonté de renforcer la coopération en matière de défense aérienne et de munitions. 

Le président français, a également appuyé son discours sur le renforcement militaire qui est également essentiel : « C’est ce qui permettra aussi de faire l’Europe une puissance de sécurité et de défense complémentaire de l’OTAN, pilier européen de l’Alliance atlantique ». Emmanuel Macron a mis l’accent sur les questions relatives à l’énergie nucléaire :

« Nos deux pays sont de ceux qui développent les plus importants programmes de construction de centrales nucléaires dans notre continent. ». Emmanuel Macron

Pour le président français, il s’agit d’un élément important pour renforcer la sécurité énergétique et atteindre la neutralité carbone en 2050.   

 

 

Faut-il élargir l’OTAN à l’Est ? 

L’agriculture européenne

Le premier ministre polonais a souligné l’importance de l’unité de l’Union Européenne, y compris dans le domaine de l’agriculture : « Nous trouverons une solution qui, tout en respectant les intérêts de l’Ukraine et nos ambitions en matière de protection du climat, protégera également et efficacement les agriculteurs européens » „Znajdziemy rozwiązanie, które respektując interesy Ukrainy i nasze ambicje dotyczące ochrony klimatu, będą równocześnie skutecznie chroniły europejskich rolników”. 

 

Triangle de Weimar

Un autre objectif de la réunion était de discuter du renforcement de la coopération au sein du Triangle de Weimar. L'un des points est de signer le nouveau traité bilatéral « pour remplacer celui de 1991 ». Donald Tusk souhaite « revitaliser » les relations polonaises avec ses partenaires européens les plus importants, ainsi que les relations franco-polonaises. Il a visité Bruxelles, puis Paris, ensuite Berlin ; il s'est également rendu à Kiev.

 

Welcome back.... retour sur la rencontre de 2018

Un Welcome back qui a clairement sonné comme un ravi de te retrouver ! Donald Tusk, alors président du Conseil européen, et Emmanuel Macron, président élu pour un premier quinquennat, se sont rencontrés à Paris en 2018. À l’époque, les principaux sujets traités étaient le Brexit, la migration et la sécurité avant le sommet de l’Union européenne à Salzbourg. Les questions soulevées portaient essentiellement sur des sujets d’actualité. 

Pour replacer la rencontre de 2018 dans le contexte politique de l’époque, rappelons que le Président Andrzej Duda (PiS) avait été élu en 2015 et qu’en 2018, le chef du gouvernement était déjà Mateusz Morawiecki, également membre du Pis, le parti Droit et Justice, dont l’idéologie se définit officiellement comme : « une combinaison de conservatisme social et national, de solidarité, d’interventionnisme, de démocratie chrétienne ». En Pologne, des voix anti-européennes commençaient à se faire entendre, certains parlaient même d’un potentiel Polexit, quant aux gouvernement polonais, il s’était alors attaqué à une série de réformes de son système judiciaire, entrainant plusieurs procédures de la part de l’Union européenne contre le pays. Le dénominateur commun entre la rencontre de 2018 et celle de 2024 est la sécurité et la place ainsi que le rôle de l’Union européenne. Toutefois, le 12 février 2024, l’accent a été mis davantage sur l’unité européenne en matière de défense, car depuis, la guerre en Ukraine a rebattu les cartes.
 

Pendant ce temps-là :  l'autre Donald... Trump et les ministres des Affaires étrangères français, allemand et polonais

Les ministres des Affaires étrangères français (Stéphane Séjourné), allemand (Annalena Baerbock) et polonais (Radosław Sikorski) se sont rencontrés le 12 février 2024 au château de La Celle-Saint-Cloud (près de Paris). 

Cette réunion était avant tout une démonstration d’unité entre la France, l’Allemagne et la Pologne, contrastant avec les propos de l’ancien président américain Donald Trump, de nouveau candidat à la présidence américaine, lors d’un meeting de campagne, ce dimanche aux Etats-Unis. 

L’ancien président américain a déclaré dimanche, qu’il ne garantirait pas la défense des pays de l’OTAN contre la Russie, s’ils ne paient pas leur part, allant même jusqu’à encourager la Russie à faire « tout ce qu’elle veut » à tout pays membre de l’OTAN qui ne respecterait pas les directives de dépenses de défense, et qu’il ne respecterait pas la clause de défense collective au cœur de l’alliance, s’il était réélu.

Lors de la réunion du 12 février 2024, Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères a déclaré :

« Tous les quatre ans, l’Europe ne peut pas se payer le luxe de réfléchir à sa propre sécurité et d’être dépendant d’une élection extérieure ». Stéphane Séjourné

Selon lui, les élections américaines, qui ont lieu tous les quatre ans donc, ne peuvent pas décider du sort de l’Europe.

De plus, les ministres ont évoqué la situation en Ukraine et en Israël. Les ministres ont rappelé qu’il existait un réseau de désinformation en provenance de Russie dont le but est de désinformer l’Europe et les États-Unis. Les politiques coopèrent sur cette question. 

 

 

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